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La rentrée littéraire a ces grands noms. La rentrée du disque aussi ! Trois univers, trois tessitures, trois propositions avec Patricia Petibon et les mélodies françaises, Jonas Kaufmann et le cabaret allemand et Cecilia Bartoli et la musique à la cour de Russie. On démarre avec Patricia Petibon. La flamboyante soprano française nous propose un album original, "La belle excentrique", en référence à Erik Sate et se promène dans le répertoire de la chanson française de Poulenc à Léo Ferré. Ambiance cabaret début du siècle, Patricia Petibon prend même parfois des allures d’Edith Piaf. "La belle excentrique, une sorte de retour à ce que je suis" déclare-t-elle dans la vidéo promotionnelle. Certes. La chanteuse s’amuse, nous fait partager ses coups de cœur et nous invite à jouer avec elle. L’album est assez inclassable et offre à Patricia Petibon une belle tribune à son talent, qui bénéficie des participations d’Olivier Py et Nemanja Radulovic. Mais l’enregistrement est plus un produit culturel qu’une curiosité artistique. On reste un peu dans le même concept avec un des poids lourds de la rentrée. "You mean the world to me" est le nouvel opus du ténorissime Jonas Kaufmann. Il s’agit d’un album hommage au Berlin des années 1930 et à l’opérette de cette période si particulière. Le ténor s’amuse, dans sa langue maternelle et nous offre cet enregistrement, ambiance "Cabaret" ou rôde l’ombre de Marlene Dietrich. Après l’album "Wintereise" Jonas Kaufmann change complètement de registre. On est séduit par ces mélodies entraînantes et la voix exceptionnelle du ténor qui donne à ces airs une simplicité d’accès déconcertante et prouve l’immense étendue de son talent. Mais l’événement incontournable de cette rentrée c’est la sortie du prochain album de Cecilia Bartoli. Intitulé "St Petersbourg" il retrace l’histoire de la musique de cour de la Russie tsariste du XVIIIème siècle à travers les figures de trois tsarines qui permirent notamment à la musique italienne de se développer dans l’empire russe. On entend donc beaucoup d’italien dans l’enregistrement mais aussi du russe et c’est une première pour Cecilia Bartoli. La célèbre mezzo-soprano, comme pour ces précédents disques, a beaucoup joué avec son image et se montre en dame de la haute noblesse (voir en impératrice) ambiance hermine, diadème et gants blancs. Mais cela nous plaît, nous estimons que Cecilia Bartoli a suffisamment prouvé son sens de l’humour et son goût pour l’incarnation de personnages parfois fantasques. Musicalement, forcément, c’est impeccable mais peu original. Dans le reste des grosses sorties citons également un album Vivaldi par Philippe Jaroussky et l’ensemble Artaserse et une très belle compilation d’Elina Garanca intitulé "Meditation" avec une très belle sélection d’œuvres dont des airs du trop rarement joué Peteris Vasks. Quant à l’album de Joyce DiDonato il fera l’objet d’un article à part. Les sorties ne se limitent pas à ces grands noms! Nous reviendrons plus tard sur des sorties plus "coups de cœur" avec Adam Laloum, Vivica Genaux et Jean-Christophe Spinosi, entre autres. L’album Wintereise de Jonas Kaufmann, on vous en avait parlé.