Nous parlerons évidemment de Ray Rice dans les réflexions, mais d’abord, résumé rapide du programme double pour lancer la saison du Monday Night Football
Giants 14 Lions 35
Unanimement perçu comme le meilleur receveur de la NFL, Mégatron n’a pas tardé à se donner en spectacle. Deux beaux ajustements dans ses tracés sur des jeux improvisés de Stafford lui permettent d’inscrire deux majeures dès les premières séquences offensives de la saison. Les G-Men n’ont pas eu le temps de comprendre ce qui passait que les félins étaient déjà en avance 14-0. Toutefois, qui dit Détroit dit pénalités couteuses et ce n’est pas parce qu’ils ont un nouveau coach que les Lions vont changer leurs habitudes. Trois pénalités méritées prolongent la possession suivante des bleus et Eli Manning a besoin de tous ces mulligans et d’un 4e et les buts pour rejoindre son TE format géant Larry Donnell pour réduire l’écart à une possession. Ce sera le score à la demie.
Le 3e quart illustre à quel point l’offensive du Gotham patauge encore à l’étape du rodage. Clairement, Eli Manning et son personnel ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Ceci mène à deux revirements rapides loin en zone New Yorkaise. La défensive tient le coup à 2 reprises en limitant les dommages à un placement, mais lorsque Matthew Stafford prend les choses en main et franchit lui-même la zone de buts, le massacre peut officiellement commencer. 27-7 pour les locaux. Les 2 formations s’échangeront un TD par la suite, incluant une provocation inutile du Détroit qui essaie (et réussi) le converti de 2 points en avance par 20 avec 4 minutes à jouer… Tout cela n’est pas très sportif, mais c’est le moindre des soucis des Giants qui ont bien d’autres chats à fouetter, notamment en attaque. La synchro n’y est pas du tout et l’automne s’annonce très, très long à Manhattan. En contrepartie, malgré l’abondance de pénalités, les Lions ont bien paru des 2 côtés du ballon. Calvin Johnson et Matthew Stafford affichaient notamment leur forme des beaux jours. Sauf qu’on va attendre que l’opposition soit plus élaborée avant de tirer des conclusions dithyrambiques.
Chargers 17 Cardinals 18
Le duel de fin de soirée constitue le vrai MNF, nettement plus prometteur et digne des lumières du lundi soir que le précédent. San Diego forme une équipe intrigante que plusieurs voient retourner en éliminatoires tandis que les Cards, qui accueilleront le Super Bowl dans leur bijou de stade à la fin de la saison, sont solides tant en attaque qu’en défensive et leur route pour se qualifier dans les séries au sein de la division la plus difficile du circuit promet déjà d’être passionnante à suivre. D’autant plus, on s’en rend compte rapidement, qu’ils possèdent une attaque constamment à la recherche du gros jeu. Carson Palmer en orchestre un les 2 pieds dans sa zone de buts lorsqu’il rejoint Michael Floyd sur 63 bornes en milieu du premier quart, mais un échappé d’Ellington annule tous ces efforts. C’est d’ailleurs l’histoire de cette première demie; du mouvement de ballon intéressant à suivre, mais entrecoupé d’erreurs qui équivalent à autant d’opportunités ratées. C’est 3-3 en fin de demie et les Chargers semblent en voie de prendre les devants, mais Rivers décoche une interception et sur le dernier jeu du quart, c’est plutôt le botteur des Cards qui permet aux siens de retraiter au vestiaire en avance 6-3.
San Diego débute la deuxième demie sur les chapeaux de roues en inscrivant 2 majeurs consécutifs, donc un suite à une échappée de Carson Palmer recouvrée par les visiteurs qui prennent les devants par 11, 17-6. Sauf que l’Arizone n’a pas dit son dernier mot. Palmer rejoint d’abord Stefan Taylor qui réduit l’écart à 17-12. San Diego a ensuite la chance d’augmenter son avance avec un placement, mais une mauvaise remise gâche tout cela. Rivers récupère, mais il est sorti du rayon de son botteur Novak. L’impact est majeur, car dans les derniers instants de la partie, Palmer une irrisistible poussée de 91 verges qu’il conclut dans la zone payante grâce à une passe à sa rapide recrue John Brown. Le converti de 2 points échoue de nouveau, mais c’est 18-17 Cards. Les Chargers auront une dernière chance, mais la défensive rouge ferme les livres. Grosse remontée des Cards qui montrent qu’ils seront à prendre au sérieux. Par contre, la défaite fera mal à San Diego qui a laissé filer une avance de 11 points dans la dernière période et qui doit affronter Seattle dimanche prochain.
Les dernières réflexions
Cette semaine, « the good, the bad and the ugly », ou plutôt, Knowshon Moreno, RGIII et Ray Rice.
La résurrection de Moreno : Peu de gens ont fait de cas lorsque les Broncos ont choisi de ne pas répondre aux exigences salariales de Knowshon Moreno durant l’entre-saison. Après tout, les succès du porteur de ballon, comme ceux de l’illustre Rob Brown jadis chez les Penguins, étaient dûs au brio de sa vedette de coéquipier bien plus qu’à ses qualités. Moreno a donné des munitions à ses détracteurs en se présentant en piètre forme au camp d’entraînement de sa nouvelle formation, les Dolphins. Plusieurs observateurs s’attendaient même à ce qu’on lui montre la porte de sortie avant même la fin de la période d’entraînement. Mais voilà, le RB est retombé sur ses pieds, a redoublé d’ardeur et dès le 3e match prépartoire, il avait servi un avertissement à tous qu’il était prêt à reprendre sa place dans l’attaque floridienne. Lamar Miller était tout de même le partant ce dimanche, mais après quelques courses sans conviction, coach Philbin s’est tourné vers Moreno et celui-ci a saisi l’occasion. Comme vous le voyez sur ces faits saillants, il a attaqué les ouvertures avec aplomb, brisé des plaqués notamment sur son touché et accumulé les verges après le contact grâce à des courses inspirées. Le football demeure un jeu d’équipe, mais une large partie de la victoire face aux Pats revient au nouveau porteur des Fins. Moreno a probablement dépassé Miller dans l’organigramme des poissons, mais sa production sera bénéfique à l’équipe, car même Miller a démontré beaucoup plus de conviction dans ses courses les quelques fois qu’il est revenu sur le terrain. On appelle ça de l’orgueil! Oubliez une répétition des chiffres de l’an dernier, mais ceux qui ont sélectionné Knowshon Moreno dans leurs pools ne le regretteront pas.
Laissez RGIII être lui-même : Des fois, on se demande pourquoi certaines franchises accumulent les déceptions. Dans certains cas, la réponse est pourtant évidente. Prenez les Redskins par exemple. Au repêchage 2012, ils ont offert un pactole et demi aux Browns de Cleveland pour avancer de 4 rangs et mettre la main sur le quart-arrière Robert Griffin III. Pivot dynamique et mobile, RGIII a revitalisé la franchise grâce à une spectaculaire année recrue, mais son style de jeu combiné à un manque de maturité (de lui comme de ses entraîneurs) ont résulté en une grave blessure. Depuis, c’est la galère. Revenu trop tôt l’an passé, il s’est querellé avec son coach de qui il a obtenu la tête. Les Skins ont donc engagé Jay Gruden durant la saison morte et ce dernier demande maintenant au prodige de ne pas utiliser sa principale qualité, la mobilité, et de devenir un passeur classique depuis sa pochette de protection. Petit problème, ce n’est pas ça RGIII. Il est plus précis que la plupart des quarts hybrides, mais il n’a rien d’un Andrew Luck ou d’un Tom Brady. Ce qui le rend dangereux, c’est le risque d’improvisation, qui tient la défensive sur ses gardes, qui ralentit le pass rush et qui rend plus hésitante la couverture de passes. Bien sûr qu’il doit être prudent et ne pas attirer inutilement les contacts. Mais le défi avec lui est de trouver est de trouver cette balance, pas de le confiner à la pochette protectrice. Utilisez Kirk Cousins si c’est ce que vous voulez un passeur classique. Présentement, le 3e du nom est tout mêlé et si Washington ne redresse pas la barque, il deviendra un autre draft bust à ajouter au palmarès de l’organisation. Ce serait honteux, car en lui permettant d’exploiter intelligemment ses qualités athlétiques, RGIII peut redevenir le quart qui a viré la conservatrice NFL sur le top en 2012.
Les exemples sur la bonne marche à suivre existent pourtant. Prenez Russell Wilson à Seattle et regardez ce jeu qui a mené au premier touché contre Green Bay ce jeudi. Le jeu de l’option a d’abord pigé une partie de la défensive et le demi de coin restant n’a pas eu le choix de respecter la menace de course que représentait Wilson ce qui a libéré le receveur pour le touché. En excluant la fin de match, Wilson a couru 4 fois pour une trentaine de verges toujours en évitant des contacts trop sévères. Juste assez pour semer le doute dans la défensive adverse et créer de l’espace sur le terrain. Come on Washington, ne gâchez pas un talent spécial comme RGII
Le vidéo qui a coulé Ray Rice … et Roger Goodell? : Je prévoyais finir cette chronique en mentionnant l’importance du match de jeudi pour les Ravens, un second en 5 jours à domicile contre un puissant rival de section. Une défaite creuserait déjà un trou important face à leurs rivaux dans lequel les mauves n’ont pas le goût de s’embourber. Disons que ça a été relégué au second plan.
Je ne m’attarderai pas sur la vidéo qui montre Rice assommant sa conjointe d’une puissante gauche, sauf pour dire que si ça ne vous donne pas envie de vomir, allez vous faire soigner. Largement critiquée pour la mollesse de sa suspension initiale, au point de changer sa politique sur la violence domestique, la NFL n’allait pas rater l’occasion de se reprendre fournie par la vidéo et imposer à Rice la sanction qu’elle aurait du lui accorder dès le début des procédures. Selon toute vraisemblance, sa carrière est terminée.
Sauf que la NFL et son commissaire ne sont pas au bout de leurs peines avec cette histoire. Ils ont affirmé ne pas avoir vu le vidéo avant aujourd’hui. J’ai de gros, gros doutes, mais admettons que ce soit vrai. Après tout, contrairement à la police qui a confirmé avoir reçu l’enregistrement, personne n’a indiqué que la ligue y a eu accès jusqu’ici. Sauf qu’ils ne doivent pas avoir essayé trop fort de mettre la main sur l’incriminante vidéo si un simple site à potins de vedettes a pu les scooper. Plus dérangeant encore est d’apprendre que le témoignage de la victime, Janay Palmer, aux enquêteurs de la ligue a eu lieu en compagnie de Rice… On dirait que quelqu’un n’a pas suivi le cours « interrogatoire 101 » dans les bureaux de la ligue! En bref, la culture de la banalisation de la violence domestique exprimée dans le verdict original de la ligue se confirme au fur et à mesure que les détails de l’enquête de la NFL émergent. Tout cela sent très mauvais et le pire est peut être encore à venir, car TMZ ne semble pas vouloir lâcher le morceau. Inutile de préciser que si une preuve démontrant un « cover-up » de la ligue devait nous être présentée, des têtes dans les plus hauts niveaux de la NFL devront rouler.
J’espère aussi que les services judiciaires du New Jersey devront répondre de leurs décisions. Eux ont assurément eu accès aux images et ils ont choisi de ne pas traîner Rice en Cour. Moyennant le suivi d’un programme de réhabilitation, Rice ne subira pas de procès et fera encore moins de la prison. Le joueur des Ravens a-t-il eu droit à un traitement de faveur ou est-ce les Lois de l’état qui sont à ce point permissives? Je n’ai pas les réponses, mais vivre au New Jersey, je voudrais les obtenir. La NFL a failli à ses devoirs d’employeur et de citoyen corporatif dans cette histoire, mais c’est à l’état que revient d’abord la responsabilité de traiter ce genre de dossiers.
Au moins, et c’est le seul spin positif qu’on peut faire sur tout ce qui s’est passé hier, les réactions senties des amateurs, des médias et surtout des joueurs malgré le silence dérangeant de leur association, constituent un tournant majeur. Au fond, la vidéo ne nous a rien appris de nouveau, mais elle a mis un visage sur la violence domestique. Le sport et les amateurs ont trop longtemps détourné le regard pour ignorer ce triste phénomène trop rependu dans le football, mais la vidéo d’aujourd’hui et les conséquences qu’elle continuera d’avoir marquent la fin de l’indifférence. Il faut au moins se réjouir de cela.