Oscar Muñoz, Protographies, exposition au Jeu de Paume, à Paris

Publié le 09 septembre 2014 par Onarretetout

Disparitions, Oscar Muñoz lutte pour que ne s’effacent pas les visages. C’est pourtant la disparition qu’il travaille, au moyen de procédés utilisés dans la photographie. Ainsi, un visage dessiné à la surface de l’eau va-t-il se dissoudre à mesure que l’eau s’écoulera par la bonde. La vidéo, diffusée dans l’autre sens, permettra heureusement de faire réapparaître le visage. Trop de lumière efface les traits, le flash agressif rend méconnaissable le cadavre qu’il prétend éclairer. Oscar Muñoz en rend témoignage par un mélange de plâtre et de charbon. Portraits projetés sur l’eau d’une fontaine pour rappeler aux habitants du quartier ceux qui ont vécu là, photos qu’une main retire de la pile et qu’une main ajoute à une autre pile, photographies qui changent d’aspect jusqu’à l’effacement, papier dont l’image part dans l’eau d’un lavabo et qu’il suffit de replacer dans le lavabo pour que l’image y revienne… Apparitions - disparitions, disparitions - apparitions, ce mouvement qui tente de saisir l’instant de la reconnaissance, ou simplement de la connaissance. La main qui peint les lignes d’un visage sur une surface de béton, au moyen d’un pinceau trempé dans l’eau, et s’acharne à combattre l’effacement de ces traits pour que le visage ne soit pas oublié est sans doute ce qui me bouleverse le plus dans cette exposition. Je pense aux « falsos positivos », mais Oscar Muñoz parle du soleil aveuglant dans son quartier et simplement des disparus, de ceux dont on peine à se remémorer comment ils étaient, vivants.

Merci à Dandylan (lien dans la colonne de droite) qui a attiré mon attention sur cette exposition visible au Jeu de Paume jusqu’au 21 septembre 2014.