On peut être rassuré, la finance mondiale est entrain d'être touchée par une sorte de bonté divine, un altruisme soudain, une prise de conscience tardive mais irradiée par la grâce divine : trop de pauvres, c'est pas bon pour le business…Paradoxalement, le message n'a pas été délivré par le bien intentionné Pape François, mais plutôt par un des suppôts de l'autre monde : l'agence de notation américaine Standard & Poor's !!Cette dernière vient en effet de "publier une étude intitulée « Comment la hausse des inégalités de revenus pèse sur la croissance américaine et les pistes pour changer la tendance ». (…) Le titre a le mérite d'annoncer la couleur – on pourrait même le prendre pour celui d'un article de Joseph Stiglitz, le prix Nobel d'économie à la sensibilité de gauche. Ou encore du frenchy Thomas Piketty, dont l'ouvrage portant sur le sujet, Le capital au XXIe siècle, est un best-seller outre-Atlantique. L'étude de Standard & Poor's le cite d'ailleurs à plusieurs reprises. (…) Les auteurs, dont Beth Ann Bovino, chef économiste à l'agence, dressent le constat suivant : « Notre analyse des données, ainsi que l'abondante recherche en la matière, nous conduisent à conclure que le niveau actuel d'inégalité de revenus aux Etats-Unis freine la croissance du produit intérieur brut, au moment où la première économie mondiale lutte pour se remettre de la grande récession, et où le gouvernement a besoin de financement pour supporter le vieillissement de la population. » (…) En vérité, le tableau dressé par Standard & Poor's, aussi inquiétant soit-il, n'a rien de très surprenant. On l'a dit : Stiglitz, Piketty et des dizaines d'autres pointent la hausse des inégalités de revenus depuis longtemps. (…) Ce qui est nouveau, c'est qu'une agence de notation, dont les études visent à éclairer les investisseurs sur les stratégies à adopter et les risques à éviter, se penche sur le sujet. Le débat sur les inégalités de revenus est en train de sortir du cénacle des universitaires, économistes et militants de gauche. (…)"
"Partager plus pour gagner plus"… Je ne sais pas si ça va marcher fort… Lire l'article du Monde.
Rappelons ici que Piketty, membre du cercle des Economistes Atterrés, milite actuellement en faveur d'un certainement très instructif audit de la dette publique en France.
Extrait de leurs travaux :
" Dans ce rapport nous montrons que l’augmentation de la dette de l’Etat – qui représente l’essentiel, soit 79 %, de la dette publique, ne peut s’expliquer par l’augmentation des dépenses puisque leur part dans le PIB a chuté de 2 points en trente ans. Si la dette a augmenté c’est d’abord parce que tout au long de ces années l’Etat s’est systématiquement privé de recettes en exonérant les ménages aisés et les grandes entreprises : du fait de la multiplication des cadeaux fiscaux et des niches, la part des recettes de l’Etat dans le PIB a chuté de 5 points en 30 ans."
On ne peut pas être plus clair.
Pour conclure sur une note réaliste, l'OCDE nous apprend que la tendance n'est pas prête de s'inverser dans les 50 années à venir… youpi…
Illustration : Shepard Fairey