Éditions de l’Olivier (2006)
Traduit de l’anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
Lu dans l’édition poche Points Folio.
Oskar Schell a neuf ans, il vit à New York avec sa mère et a une relation très proche avec sa grand-mère, rescapée des bombardements de Dresde durant la deuxième guerre mondiale. Son père, Thomas, a disparu lors des attentats au World Trade Center, le 11 septembre 2001. Oskar est un enfant hyper sensible, surdoué, qui n’arrive pas à surmonter la mort de son père. Il découvre par hasard dans un vase une enveloppe contenant une clé. Sur l’enveloppe est inscrit le mot Black. Oskar se met en tête de retrouver la serrure correspondant à la clé et se persuade qu’un dénommé Black pourra l’aider dans cette quête. Qu’importe si cela doit lui prendre des années.
C’est un livre très étrange, et le début de ma lecture a été un peu difficile. Plusieurs récits s’entremêlent dans ce roman, celui d’Oskar bien sûr, qu’il s’agisse de ses souvenirs de son père, du ressassement des évènements du 11 septembre ou de sa quête folle de tous les dénommés Black dans New York.
Une autre voix importante s’élève dans ce roman, c’est celle de la grand-mère dont l’existence est une succession de drames. Après avoir perdu toute sa famille pendant les bombardements de Dresde, elle s’est mariée avec l’ancien fiancé de sa sœur. Ensemble, ils ont émigré aux États-Unis, ont travaillé pour établir leur entreprise de bijouterie. Un jour, son mari a disparu, la laissant enceinte de Thomas, qu’il n’a jamais connu.
Et puis, il a les mots d’un homme, dont on met un moment à comprendre qui il est, qui complètent cette histoire complexe et terrible, un homme que le lecteur identifie au fur et à mesure, lorsque l’auteur veut bien en dire suffisamment pour éclairer sa lanterne, un homme qui lui aussi a vécu des drames et qui va reprendre sa place dans l’histoire familiale.
Impossible d’en dire trop sur ce roman au risque de dévoiler des éléments clés de l’histoire. Il faut s’y plonger, découvrir les indices semés par l’auteur et se tromper sur leur signification, comme il l’a manigancé. Et il faut accepter de revivre cette sidération qui nous a saisis ce mardi de septembre 2001 quand nous avons découvert ce qui se passait là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, et que nous regardions en boucle sur les écrans de télévision, incapables de détacher nos yeux de ces images terribles. C’est d’ailleurs le récit que la grand-mère fait de ces évènements qui m’a le plus touchée car ce qu’elle raconte, c’est vraiment ce qui dépeint ce que j’en ai perçu à l’époque. Et puis, les mots et les souvenirs des anciens, que ce soit la grand-mère ou bien l’homme que l’on découvre au fur et à mesure, remettent la tragédie du 11 septembre à sa place dans l’histoire. Pour ceux qui ont vécu les conflits du XXème siècle et qui en ont été les victimes, c’est un drame de plus, qu’il faut surmonter. Pour nous qui n’avons pas connu de guerre et qui avons vu et revu les images du 11 septembre, l’impact de l’évènement est bien sûr beaucoup plus percutant, même si nous n’en n’avons pas été les victimes directes.
Si je peux exprimer un regret par rapport à cette lecture, c’est à propos du personnage de la mère d’Oskar. Elle est très peu présente dans le livre, on découvre en même temps qu’Oskar la part qu’elle a tenue dans les dernières pages. Personnellement, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur elle. Mais cela n’était sans doute pas l’objectif de l’auteur.
En lisant ce livre, je me suis rappelé L’histoire de l’amour de Nicole Krauss. Comme ici, plusieurs récits s’entremêlaient, entre présent et passé. Ce n’est peut-être pas un hasard, Nicole Krauss partage la vie de Jonathan Safran Foer et la dédicace du roman « Pour NICOLE, mon idée du beau » lui est sans doute adressée.
Avec cette lecture, je continue mon challenge Objectif Pal 2014, initié par Antigone
et je peux également participer au Mois Américain organisé par Titine.