Le président en visite à Val-de-Reuil. (photo JCH)
Manuel Valls n’y va pas par quatre chemins. En s’adressant aux socialistes français depuis Rome et en Italien (bravissimo !) le premier ministre de notre gouvernement abat ses cartes et fait tapis : où vous adoptez sans broncher notre politique et vous la soutenez ou vous aurez Marine Le Pen et le Front national au pouvoir. C’est un peu court jeune homme, on pourrait dire bien des choses en somme… D’abord que ce chantage à l’élection du FN n’est pas acceptable. Après deux ans et demi de pouvoir, il est intolérable, pour un militant socialiste qui a voté Hollande sur un projet et un programme, de s’entendre dire que la nouvelle donne économique et financière est la seule valable et que la contester c’est tourner le dos à la seule politique possible proposée par un Président de la république dont je doute des brevets de socialisme. Je peux comprendre, ensuite, eu égard à la personnalité et aux engagements anciens de Manuel Valls que le nouveau premier ministre veuille appliquer la ligne politique qu’il a fait sienne depuis des années. Je peux comprendre que face à l’échec des actions conduites depuis mai 2012, il faille recourir à d’autres propositions. Je ne comprends pas que, sans vote, sans congrès, sans démocratie interne ou externe, le président et son premier ministre se sentent investis de la légitimité permettant de changer d’orientations en cours de mandat. François Hollande avait théorisé, dans un livre écrit avec Edwy Plenel, la nécessité de vérifier par une consultation populaire l’adéquation entre le pouvoir et les citoyens. Face à l’avalanche de mauvaises nouvelles, publiques et privées, face à un chômage qui croît sans cesse et une croissance atone, face à la grogne d’un nombre significatif de députés de la majorité, François Hollande devrait songer sérieusement à l’avenir. Si, comme les sondages l’indiquent, le Front national est en situation de peser sur les choix futurs de la politique française et européenne, alors il est temps que le président réfléchisse au cadre institutionnel de cette république en bout de course. On ne manque ni de beaux esprits ni de fins conseillers pour travailler sur une réforme de la constitution mettant fin à l’homme providentiel et garantissant tout de même une majorité de gouvernement. J’imagine qu’un scrutin majoritaire et proportionnel permettrait de sauver l’efficacité de la gestion du pays et la représentation de l’ensemble de ses courants politiques. Le compte à rebours est entamé.