Kurdistan Irakien: ACF multiplie les distributions alimentaires

Publié le 08 septembre 2014 par Cmasson
Le premier camion et les équipes d’Action contre la Faim arrivent sur le site de la distribution. Des travailleurs journaliers commencent à décharger pendant. Près de 5.000 personnes vont bénéficier de l’aide aujourd’hui. Divisées par secteurs, elles viennent au fur et à mesure chercher les rations de 75kg, contenant riz, boulgour, huile et autres aliments aisément conservables. Depuis le dernier passage d’ACF quelques jours plus tôt les lieux n’ont guère changé. De petites guérites ont vu leu jour ça et là et vendent de l’eau, des cigarettes et des paquets de chips. Les immondices s’accumulent aux pieds des immeubles, jetées depuis les étages supérieurs. Même si un certain nombre de latrines ont été installées, l’odeur témoigne des conditions dans lesquelles ces déplacés vivent au quotidien. L’atmosphère aussi a changé. Le manque, la frustration et le désœuvrement créent quelques tensions et les visages sont durs, fermés.   La distribution a commencé. Les familles enregistrées au préalable disposent d’un ticket correspondant au nombre de colis auxquels elles ont droit. Ce sont majoritairement des hommes et de jeunes garçons qui viennent s’en saisir. Ils sont nombreux à peiner sous le poids des sacs mais rien ne transparaît et tous disparaissent rapidement dans les bâtiments dont la construction a repris. Des palettes de briques s’envolent vers les derniers étages par des systèmes de poulie. Une brique tombe et s’écrase à côté d’un petit groupe, l’employé s’excuse, la conversation reprend.   

« Ce n’est pas grave, je n’ai rien d’autre à faire »

Nazim attend son tour à la distribution. Il fait partie du secteur 3, il va falloir encore un peu patienter. « Ce n’est pas très grave, je n’ai rien d’autre à faire ». Il est arrivé à Zakho le 11 août après un long périple. Huit jours plus tôt, il quittait Tall Banat avec ses neuf frères et sœurs, son père et sa mère. Les montagnes du Sinjar, l’interminable marche pour rentrer en Syrie puis remonter vers le poste frontière de Fesh Khabour et au final Zakho. Ils ont reçu un peu d’aide ici, grâce aux « Français » mais les besoins demeurent énormes. De l’argent, pour partir, voilà ce qu’il veut pour sa famille. « Il n’y a plus rien ici pour nous, tout est fini ». Nazim est comme beaucoup de personnes rencontrées à Zakho, il ne veut plus vivre en Irak, ne peut plus faire confiance, se sent menacé. Le tour du secteur 3 approche, il part rejoindre la file.   Un sac jaune, un sac blanc, un carton, les tas de vivres se forment aux pieds des camions et disparaissent dans un va et vient incessant. Il ne reste plus que quelques familles et les équipes d’ACF cherchent l’ombre en déballant les dernières rations. Les véhicules repartent dans un tourbillon de poussière, les bouteilles d’eau passent de main en main, plus de 1.000 rations, soit près de 75 tonnes de nourriture ont été distribuées dans la journée.