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[Critique] DOLEMITE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DOLEMITE

Présenté à L’Étrange Festival 2014

Titre original : Dolemite

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : D’Urville Martin
Distribution : Rudy Ray Moore, D’Urville Martin, Jerry Jones…
Genre : Action/Comédie/Thriller
Date de sortie : 26 avril 1975 (USA)

Le Pitch :
Accusé à tort de trafic de drogues, le musculeux Dolemite est enfermé depuis deux ans dans une prison d’état. Un beau matin, le directeur lui propose une périlleuse mission en échange de sa liberté…

La Critique :
Comme certains super-héros seront éternellement liés aux acteurs qui les ont interprétés, Dolemite trouve son visage dans la personne de Rudy Ray Moore, acteur, musicien et producteur américain. Né dans l’Arkansas en 1927, cet artiste multicartes a rodé son personnage de Dolemite lors de ses premiers spectacles de stand-up, le bad boy mêlant l’improvisation verbale au kung fu et la science des femmes à un art de la sape tout à fait singulier.
C’est en 1975 que paraitra le premier opus de la saga (le fameux Dolemite dont nous parlons aujourd’hui) et sera suivi de trois autres épisodes, tous plus loufoques les uns que les autres.
Car oui, Dolemite est une sorte de grand n’importe quoi cinématographique où tout se casse la gueule au fur et à mesure que le film progresse. En fait, ce qui sauve Dolemite du naufrage total, c’est cette volonté permanente qu’a l’équipe de vouloir donner au film du style…du vrai, avec un grand S. Peu importe dès lors que le mauvais goût l’emporte parfois sur l’humour : tout est ici pleinement assumé avec une naïveté si assommante qu’elle en devient touchante.
Le scénario est d’une telle simplicité qu’on est vraiment pas loin de la cour de récréation. Les combats de kung-fu sont d’une mollesse si incroyable et les chorégraphies d’une telle nullité qu’on se demande si les acteurs ne se sont pas tous mis aux arts-martiaux la semaine avant le tournage (on voit d’ailleurs que la « Chuck Norris’s Karate School » est remercié dans les crédits…ceci expliquant peut-être cela). Le montage est hasardeux, les faux raccords à tomber à la renverse, la photographie inexistante et le cadrage « à la j’en ai marre de vivre » (on aperçoit le micro son une bonne demi douzaine de fois). Les « Biatches » de Dolemite jouent comme des quiches, les dialogues sont d’une grossièreté ordurière et la violence complétement gratuite qui jalonnent certaines scènes largement dispensables. On pourrait donc rapidement conclure à un nanar complet, mais c’est compter sans ce style qui fait que l’on reste assis jusqu’au bout de la séance.

Quand on voit en effet Dolemite qui retrouve ses biatches à sa sortie de prison en narguant les gardiens, cela vaut son pesant de cacahuètes. Les scènes d’amour du héros sont tellement ahurissantes d’ego trip à la gloire du grand étalon, qu’on finit par toucher au sublime… Dolemite restant, je vous le rappelle, un pimp au grand cœur à l’aura quasi divine sur les ouailles de son quartier.
C’est ainsi qu’il se rend sapé comme un pape dans un dojo et recrute en un clin d’œil toute une colonie de figthteuses permanentées en leur demandant de venir assurer la sécurité à sa soirée le lendemain soir. Et le mieux, c’est que tout le monde le suit sans trop poser de question et se fout ensuite joyeusement sur la gueule avec le gang d’en face… sans trop savoir ni pourquoi ni comment.
Toutes ces scènes improbables n’auraient aucun sens si Rudy Ray Moore n’avait pas un réel talent pour donner du corps à son Dolemite super sonique. Si le gars est charpenté (mais plutôt gras) c’est surtout son talent pour l’improvisation qui le rendait singulier à l’époque (beaucoup le considèrent comme un pionnier du hip-hop). Avec une assurance à la limite de l’outrecuidance, ces habits stylisés, cet argot ordurier et ce flow assez en avance sur son époque, Moore était à la croisée des chemins sur la route de l’humour, du style et du kitsch assumé. En pleine époque blaxploitation, Dolemite popularisait avec d’autres films, un certain style de héros, de musique et de visuels chatoyants…pour le meilleur…mais jamais tout à fait pour le pire non plus.

@ Pamalach

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