Ce n'est pas que la rentrée pour les livres ou les films en salles, mais aussi pour les sorties DVD, particulièrement alléchantes en ce mois de septembre 2014.
Et, parmi le grand nombre de ces sorties, j'ai choisi de retenir 3 DVD de longs métrages que j'ai vu en salles le mois de leur sortie ( avril- mai) et que j'avais particulièrement apprécié. N'ayant pas forcément rencontré le succès qu'il méritait, leur sortie en DVD est une belle occasion de mettre un petit zoom dessus :
1. Pas son genre :
Lors de mon billet autour du film de Lucas Belvaux vu lors d'un de mes séjours à Paris, "Pas son genre" est avant tout une magnifique histoire d’amour, un genre certainement vu et revu au cinéma mais qui possède en l'occurence regard original et singulier sur cette rencontre entre deux êtres qui n'étaient pas forcément destinés.
Un des immenses mérites du scénario de "Pas son genre", c'est qu'il décrit ainsi en prenant son temps et sans jamais prendre de haut ses personnages cette tentative de relation entre ces deux êtres que tout oppose ; condition sociale, niveau culturel, le lieu géographique, l'éducation, les plaisirs de la vie, et dont la relation va peu à peu tenter de se transformer en une relation tendre et amoureuse et où les deux pourraient y trouver leur compte.
Les sentiments y sont explorés dans toutes leurs composantes, culturelles évidemment, mais aussi sexuelles ( à noter les très belles scènes d’amours sans aucune vulgarité ni voyeurisme aucun).
"Pas son genre" nous démontre de très belle façon à quel point l'amour et la passion sont de belles utopies qui, comme toutes les utopies, n'ont d'autre choix que de se briser face à la réalité sociale.
Et ce couple ne serait pas aussi passionnant à suivre sans l''interprétation du couple d'acteurs, à commencer par la sensationnelle Emilie Dequenne, bluffante, éblouissante d'une beauté, autant extérieure qu'intérieure. Le film doit énormément à son actrice principale, mais face à elle, Loïc Corbery plus habitué aux planches qu'au grand écran, se montre également extrêmement convaincant.
Bref, voilà un très beau film d'une sincérité bouleversante qui donne l'impression de pouvoir mieux comprendre le monde qui nous entoure, ce qui est une qualité essentielle du cinéma, et qualité pas si fréquente que cela dans la production courante actuelle. Sa sortie en DVD- depuis mercredi 3 septembre chez Diaphana est donc une très belle occasion de le rattraper pour ceux qui l'ont raté à l'époque.
"Pas son genre": interview de Lucas Belvaux
En bonus des éditions DVD et Blu-ray, Lucas Belvaux et Philippe Vilain reviennent sur l’adaptation du roman au cinéma et l'exercice est vraiment très réussi et passionnant, car rarement , du moins sur un bonus DVD on a touché autant du doigt les difficultés et les enjeux d'un travail d'adaptation. Cet entretien croisé est accompagné de lecture d’extraits du roman par Loic Corbery. En bonus également : un entretien avec Emilie Dequenne et Lucas Belvaux.
2. Dancing In Jaffa
Voici un des rares documentaires que j'ai vu cette année au cinéma et qui m'a de surcroit énormément plu. Dancing in Jaffa En effet Pierre Dulaine, qui vit aux USA depuis 30 ans est l'inventeur de " dancing classrooms" accueillant des élèves issus de tous milieux sociaux. Et devant le grand succès de ses classes, Dulaine a eu un autre projet encore plus fou et utopique, celui de partir à Jaffa, une ville d'Israël, où il est né et y a vécu jusqu'à l'age de 4 ans, pour faire danser ensemble des enfants juifs et palestiniens, et essayer, d’abattre, avec les armes qu'il maitrise le mieux, le mur apparemment indestructible qui sépare Israéliens et Palestiniens, en faisant danser ensemble les enfants de chaque communauté.
Au final, 5 écoles, deux juives, deux palestiniennes et une mixte ont accepté, après pas mal de discussions (qu'on devine plus qu'on ne voit), notamment avec les parents d’élèves, de tenter cette expérience a priori totalement illusoire. Une bonne centaine d'enfants ont ainsi suivi des cours de danse, à raison de deux fois par semaine, pendant plusieurs mois, sous la houlette de Pierre Dulaine, assez vite rejoint par " Madame Yvonne", sa partenaire depuis 35 ans qui lui apportera un soutien non négligeable.
Dancing in Jaffa reste un documentaire enthousiasmant, par la passion, et l'énergie qui émane de ce type exceptionnel comme il y en existe peu dans ce monde. Et autant joué par Banderas, Dulaine semblait fade et peu crédible, autant en " vrai", le type possède un charisme qui imprime terriblement la pellicule.
Et grâce à ce charisme, son élégance, son intelligence et sa force de persuasion hors du commun, il va parvenir, petit à petit, à prouver à ces enfants qu'ils peuvent vivre ensemble, quelque soient leurs cultures et leurs religions et que la merenge, la rumba, ou bien encore le tango sont le meilleur moyen d'exploser et les préjugés entre ces enfants, malgré cette haine et cette méfiance de l'autre qu'ils ont appris dès la naissance israéliens et palestiniens.
Bref, un très joli documentaire, délicat et sensible, sur un personnage exceptionnel et qui nous tendrait à croire qu'un rêve de paix serait possible entre Israéliens et Palestiniens... Il est sorti en DVD le 2 septembre dernier, chez M6 Vidéo, avec notamment en bonus une passionnante itw de Pierre Dulaine qui approfondit sa démarche et les difficultés que l'on peut deviner dans le film pour mettre en place son projet. Bref, un DVD à conseiller à tous ceux qui aiment ce genre de documentaire qui donnent foi en l'être humain.
Bande-annonce : Dancing in Jaffa - VO
3. Marseille, de Guerre Lasse
Enfin, voici sans doute des trois, le film qui a eu une sortie la plus confidentielle, le 7 mai, la semaine juste avant le début du Festival de Cannes et qui méritait bien mieux tant cet excellent polar possède un potentiel pour plaire au grand public.Rebaptisé Marseille de Guerre Lasse ( et non plus seulement de guerre lasse, certainement car un autre film français de Robert Enrico avec Michel Serrault s'appelle ainsi) , le second film du cinéaste Olivier Panchot s'essaie au thriller dans la belle tradition du genre, un genre souvent malmené par le cinéma français.
Cette belle plongée dans le grand banditisme de Marseille surfe aussi allégrement sur la tragédie familiale, avec le retour d'un fils maudit, qui après avoir déserté la légion étrangère, revient dans la cité phocéenne pour retrouver son amour de jeunesse et faire des retrouvailles famililales complexes et chargées de secrets et de menaces.
L'intrigue aborde e énormément de sujets (les effets et les cicatrice mal refermées de la guerre d’Algérie, le tabou de l'inceste, la corruption...), et le film happe le spectateur pour ne plus le lacher, grace à deux atouts indéniables : la grande solidité de son casting et la très belle qualité formelle de sa réalisation.
Jalil Lespert, aussi bon que dans le Petit Lieutenant campe cet ex-légionnaire plongé en plein reglement de compte avec énormément de talent,. Si dans le rôle de son père, Tchéky Karyo n'apparait pas toujours juste, les personnages secondaires en revanche tiennent le haut du panier, que ce soit Sabrina Ouazani ( très belle et très émouvante) mais encore Hiam Abbas mais aussi la révélation Mhamed Arezki ainsi que les trop rares Jean-Marie Winling et Olivier Rabourdin, assez terrifiants dans leurs rôles de mafieux.
Et la mise en scène d'Olivier Panchot, à ma grande surprise, est vraiment d'une grande beauté: Prenant le temps de filmer Marseille ( loin des clichés de Plus Belle la vie) comme un personnage à part entière, il arrive à toujours trouver le cadre juste et poser une athmosphère apre, tendue et desespéré qui sied parfaitement à la tragédie d'ensemble. Une bien belle surprise du cinéma français pour un film qui mérite qu'on s'y attarde un peu plus longuement, et cela sera possible dès mercredi prochain, le 10 septembre gràce à sa sortie chez M6 Vidéo.
Bande-annonce : De Guerre Lasse - VF