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Comment Sarkozy va récupérer la présidence de l'UMP.

Publié le 08 septembre 2014 par Juan

Comment Sarkozy va récupérer la présidence de l'UMP. C'est le scenario qu'on nous vend depuis le 7 mai 2012 au matin. Nicolas Sarkozy comme de Gaulle, l'homme providentiel incompris qui revient quelques années plus tard pour sauver la France.

Sans blague...

Les amnésiques
Il faudrait oublier les 5 "premières" années, considérer que le Bling-Bling, les scandales, l'argent-roi, les 10 mois de "débat" islamophobes et xénophobes sur l'identité nationale, les 600 milliards d'euros de dette publique supplémentaires, l'affaiblissement international du pays et bien d'autres choses encore, n'étaient finalement pas grand chose.
La semaine dernière, après quelques journées hallucinantes qui ont foudroyé François Hollande à l'Elysée et abimé encore davantage son quinquennat, Nicolas Sarkozy a rejoué à l'exercice ce weekend tandis que les Jeunes de l'UMP se réunissaient à Nice pour leur "Campus UMP".
On pouvait entendre Franck Louvrier, son ancien directeur de communication nous rassurer: "Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir rassembler le pays face à la montée des extrêmes". Dimanche, ce fut Christian Estrosi, député-maire de Nice qui se mit à l'ouvrage:

"J'appelle ici, à Nice, Nicolas Sarkozy pour qu'il reprenne la direction de notre mouvement. Je serai à ses côtés."

Dimanche soir, il y eut le Figaro, encore, pour qualifier Sarkozy de "tigre" quand on pensait au loup, prédateur, ou à la hyène, rapace. Sarkozy se montre sur tous ses lieux de vacances.
Les amateurs
Ces appels sont coordonnés. Nicolas Sarkozy cherche le bon moment. Finalement, il devrait concourir à la présidence de l'UMP. C'est habile, très habile, et inévitable. Habile, car ses deux plus vigoureux rivaux pour la présidentielle de 2017, Alain Juppé et François Fillon, ont renoncé à cette présidence pour se consacrer à l'autre. Fillon a expliquer que la tête de l'UMP devait être neutre pendant les primaires. Quelle grave erreur ! En matière de combat politique, Juppé et Fillon se révèlent piètres stratèges.
Car face à lui, Sarkozy n'a donc qu'un Bruno Le Maire trop calme et centriste pour l'emporter, et l'inconnu Hervé Mariton, ancien villepiniste sarko-compatible. Bref, Sarkozy va gagner la présidence de l'UMP avec un score nord-coréen. Ensuite, en pleine possession d'un parti qu'il a déjà réussi à mettre à son service en 2004 pour la conquête de 2007 - à l'époque, contre l'avis même de Jacques Chirac - Nicolas Sarkozy éteindra les candidatures de Juppé et de Fillon.
Dimanche, Sarkozy dévoile son angle d'attaque contre le maire de Bordeaux. Ce sera l'âge, ni plus ni moins.
"Juppé a beaucoup de qualités, mais il aura 72 ans en 2017"

L'homme providentiel
Sarkozy se voudrait de Gaulle
1. De Gaulle avait un grand bilan, rassembleur et libérateur, Sarkozy en a autre, clivant et ravageur. De Gaulle revint après une crise nationale sans précédent, Sarkozy est l'une des causes de notre crise nationale sans précédent.
2. De Gaulle n'avait pas de casseroles, Sarkozy trimballe un service.  Le récent ouvrage de Pierre Péan et Vanessa Ratignier, "la France sous influence", est la dernière étape effarante sur le chemin de la vérité, 3 millions d'euros auraient été versés par l'émir du Qatar pour régler le divorce de Nicolas avec Cécilia en octobre 2007.
Qu'un président de la République soit ainsi acheté en plein exercice par un émir ne surprend ni ne gêne visiblement personne parmi ses anciens supporteurs.  Quand on appelle un homme providentiel au sommet de l'Etat, on s'assure qu'il n'a pas un goût trop prononcé pour l'argent et les dorures.
3. L'appel à l'homme providentiel, sans programme autre que lui même, est non seulement anti-démocratique, mais surtout voué à l'échec dans la période sur-informée et multi-polaire du moment. A l'exception de quelques autocraties puissantes (la Russie) ou arriérées (les émirats), on cherche les preuves d'une formule qui à défaut d'être démocratique serait gagnante.
4. L'appel à l'homme providentiel est le signal d'un rétrécissement de la pensée politique, une paresse qui paraît cette fois collective. On ne s'interroge plus sur le programme ni les conditions politiques nécessaires pour l'appliquer (et notamment les alliances, problème crucial et sous-évalué à gauche tant chez Hollande que chez ses opposants de gauche), on se fie aux talents du chef, à son instinct, on se fiche qu'il change d'avis ni qu'il ne respecte sa parole ou ses promesses, puisqu'il "sait ce qu'il fait". 


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