Le 10 octobre 2010, date facile à retenir, au retour du salon Top Resa à Paris, j’ai posté un article invitant les professionnels du tourisme à s’impliquer dans L’Initiative Nationale de Développement Humain ( INDH) par la mise en place d’une dynamique participative calquée sur la « MASSIVEGOOD » lancée en septembre 2009 par les Nations Unies. Rappelons nous, que Vision 2010 a été initiée à l’origine pour créer des emplois, de la richesse et du bien être pour l’ensemble des citoyens.
Hélas, mon appel n’a pas eu d’effet, de même que les suivants, tous à la veille de la signature du contrat programme vision 2020. Aussi, je ne suis point étonné par le constat qui a été fait par notre Illustre Souverain lors de sa dernière allocution à l’occasion du 61eme anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple.
Je ne suis pas non plus étonné que d’autres Stratégies sectorielles telle que Le Plan Maroc Vert, Le Plan Halieutis et le Plan Emergence Industrielle soient citées en exemple comme ayant contribué à clarifier la vision et à repositionner l’économie nationale sur le plan régional et national.
Le tourisme ferait il figure de mauvais élève?
Il est clair que depuis quelques temps déjà, nous peinons à atteindre les objectifs fixés notamment en terme de diversification de produits et de positionnement. Pire, nous avons abandonné un modèle qui fonctionnait au profit d’un modèle qui tarde à se mettre en place.
Certes nous sommes dans le club des destinations de plus de dix millions de touristes, mais en terme de recettes, nous avons régressé par rapport aux chiffres de 2008. Il est vrai que la crise est passée par là, mais devions nous pour autant sacrifier notre produit et baisser nos prix, alors que nous sommes sensé avoir un produit de meilleure qualité qu’en 2008?
Comment cela se fait il que des pays comme la Turquie aient réussi leur stratégie touristique et arrivent aujourd’hui à attirer même les touristes nationaux, que nous nous employons à leur envoyer , sans que nous soyons capable de les attirer chez nous? Le même déficit est constaté avec nos voisins espagnols.
L’open Sky a plus profité aux compagnies low cost qui ont chassé le charter et réduit la durée moyenne de séjour. De plus les TO traditionnels ont été acculé à réduire leurs engagements et revoir leur politique de distribution, face aux Online Travel Agency qui ont gagné du terrain et ne cessent de croitre au détriment des hôteliers qui rognent sur leurs marges pour satisfaire l’appétit de plus en plus grandissant de ces nouveaux distributeurs.
Les premiers a en faire les frais ont été les réceptifs qui étaient tous dépendants de TO à qui ils proposaient des pacquages séjours et circuits. Depuis les circuits se font rares et des destinations comme Ouarzazate, Zagora, Tinghir, El kelaa des Mgouna, Erfoud, Errachidia, Khenifra, Fez et Meknes souffrent et voient leurs hôtels désertés, leurs emplois détruits et leurs ressources s’amenuiser.
Face à ce tableau noir, deux destinations arrivent néanmoins à tirer leur épingle du jeu, mais encore une fois, tout est relatif.
Pour Marrakech, certains établissements et notamment les enseignes internationales qui profitent du marketing de leurs marques, tiennent la barre. Il en est de même pour les Clubs de vacances formule All Inclusive qui s’assurent un bon taux de remplissage adossé en cela aux derniers TO qui continuent à alimenter la destination. Pour les autres établissements, ils n’ont aucune visibilité sur leur avenir et s’en remettent aux OTA pour continuer d’exister en réduisant au maximum leurs charges.
Pour Agadir, ce sont les hôtels en front de mer et nouvelle génération qui se maintiennent, pour les autres, ce sont les pays de l’Est et les nationaux qui assurent aujourd’hui leur quotidien, en lieu est place des Scandinaves, Allemands et Français dont le nombre s’est drastiquement réduit et qui faisaient les beaux jours de cette stations mythique. Un tourisme de masse, all inclusive qui dépense très peu. Il n’y a qu’à voir le nombre de restaurants et boutiques qui ont fermé faute de clients qui sont parqués dans les hôtels et qui n’en ressortent que pour reprendre l’avion.
Aujourd’hui, nous avons de bonnes infrastructures, des autoroutes, des aéroports, une stabilité et une jeunesse qui sont autant d’atout pour faire de notre destination un véritable pôle touristique et pourtant, nous n’arrivons pas à décoller?
Alors, en marge des prochaines Assises du Tourisme, les professionnels devraient se remettre en question et réfléchir à ce qu’il y lieu de faire pour recréer cette dynamique qui nous a permis de relever des chalenges entre 2001 et 2010. A nous de faire notre bilan et de confirmer que notre secteur est bien ce levier économique et social à même de répondre aux aspirations de tous les marocains.
Je terminerai par la citation d’un passage du discours Royal, qui nous interpelle particulièrement:
« Comme tout le monde le sait, la bonne gouvernance est la clé de réussite de toute réforme. Elle est essentielle à la réalisation des objectifs de toute stratégie.
Dans quelle mesure le système de gouvernance actuel dans les secteurs productifs marocains peut-il contribuer à la mise à niveau et au développement de l’économie nationale ? »