Parler de la perte d’un être cher à un enfant

Publié le 07 septembre 2014 par Daniel Leprecheur

Il est souvent délicat de trouver les bons mots pour parler de la mort d’un proche à son enfant : il n’en reste pas moins que ce moment reste hélas, inévitable.
Voici une rapide mise en abime des enjeux psychiques que cette nouvelle pourrait susciter chez l’enfant. Nous aborderons les points à aborder ou non avec lui, la manière de lui annoncer et de communiquer autour de la mort afin qu’il puisse faire son deuil sereinement.

Ce qu’il faut éviter

Ce qu’il faut éviter en priorité c’est de cacher la vérité à son enfant. Bien sûr le sujet est très délicat à aborder, mais lui cacher la vérité n’empêchera pas cette vérité et il faudra bien finir par lui annoncer la triste nouvelle à un moment ou à un autre.


Et puis l’enfant va sentir qu’on lui cache quelque chose. Il va se demander pourquoi on lui cache. Il peut même penser qu’il a fait des bêtises en voyant notre émoi. Et puis surtout, il va bien sûr se rendre compte rapidement que le défunt n’est plus là.
Il va donc par son absence, logiquement nous questionner :

  • Où est-il ?
  • Pourquoi tu pleures ?
  • Qu’est-ce qu’il y’a ?

Éviter les métaphores

Donc, le premier conseil est de lui annoncer la vérité, le plus tôt possible et cela en évitant les formules trop métaphoriques comme par exemple :

  • « Il est parti » : À éviter tout simplement parce que l’enfant pourrait penser que le défunt l’a abandonné, mais aussi parce qu’il va passer son temps à attendre son retour.
  • « Il dort » : Là encore, cette formulation n’est pas bonne. Elle peut engendrer chez l’enfant la peur de dormir, imaginant que la mort et le sommeil, c’est finalement la même chose.

Certaines formules à l’emporte-pièce sont aussi à proscrire, comme :

  • « Il est au ciel » : Beaucoup de cas ont montré que la réponse d’un enfant à ce genre de phrase était de vouloir le « rejoindre au ciel ». Parfois même l’enfant à peur de tout ce qui vient du ciel, de la pluie par exemple, pensant que cela représente finalement tous les morts venant du ciel.

Utiliser des mots simples

Pourquoi ne pas lui dire tout simplement : « Il est mort parce que sa vie s’est arrêtée ». Dans ce genre de circonstances, les phrases les plus simples et claires sont finalement les plus adaptées pour l’enfant.
Privilégiez un moment calme, un moment où vous serez en mesure de lui faire comprendre simplement les choses tout en restant vous-même.

Durant ces instants, il faudra lui expliquer les conséquences : comme le fait qu’il ne pourra plus lui parler ou l’entendre etc. En revanche, bien lui expliquer que nous pourrons continuer à parler de lui, penser à lui, voir, conserver certains objets qui lui appartenaient etc. Expliquez-lui aussi que c’est normal d’avoir de la peine, de pleurer.

À vous de trouver les bons mots pour votre enfant. Mais restez clair, non évasif en évitant certains détails qu’il ne saurait comprendre vraiment.

Les réactions de l’enfant devant l’annonce

Il est impératif de rappeler qu’il n’est pas du tout anormal que l’enfant n’est presque aucune réaction à l’annonce du décès. En effet, il est tout à fait possible qu’une annonce telle que celle-ci ne provoque aucune réaction chez lui, qu’il ne réagisse pas (l’enfant continu de jouer par exemple).

Il faut comprendre que les enfants ne sont pas des «mini adultes ». Leur fonctionnement psychique est bien différent de celui de l’adulte et, même si la peine est bien présente chez l’enfant, elle reste malgré tout au second plan chez nos petits. C’est tout à fait normal, il lui faudra un peu de temps pour bien comprendre ce qu’est la mort. Chez l’enfant, elle représente en premier lieu, une séparation, une absence.

Alors comment s’y prendre ?

Si vous êtes trop émotif au moment de l’annonce vous enverrez un message négatif à l’enfant. N’oubliez pas que vos émotions sont de vrais repères pour eux. De cette manière, au moment de l’annonce l’enfant va se fier (en plus des mots que vous choisirez) à vos affects. Les enfants ressentent tout, vous le savez déjà. Et c’est à la condition que vous puissiez vivre le deuil de manière sereine que lui aussi pourra le digérer plus facilement.

Il est important de préciser qu’il n’y a aucune honte à déléguer cette délicate mission à quelqu’un d’autre. En effet, dans le cas où la tâche s’avère trop difficile pour vous, il est préférable pour tout le monde de choisir quelqu’un qui saura peut-être mieux contrôler ses émotions ou qui est moins touché par l’évènement.

Doit-on amener l’enfant à l’enterrement, au cimetière ?

Souvent les parents se demandent si c’est une bonne idée que d’amener l’enfant au cimetière.

S’il est d’accord, c’est en fait plutôt une bonne chose, pour la simple et bonne raison que les enfants ont eux aussi besoins d’avoir une vision concrète des choses. Le fait de voir où se trouve le mort, dans une tombe, c’est, -contrairement aux idées reçues-, plutôt rassurant. Cela aussi lui permet de se sentir moins seul avec ce qu’il s’est passé. De cette manière, il partage sa douleur aussi avec les autres.

Et après la mort ?

Suite au décès d’un proche, il est possible que votre enfant demande ce qu’il se passe après la mort et pose des questions sur la mort. Parlez simplement de vos croyances, donnez-lui les réponses que vous pensez avoir à ce sujet. Invitez votre enfant à demander l’avis de plusieurs personnes.

Dites-lui que c’est une question intéressante même si vous êtes mal à l’aise pour y répondre.