Un film de Pablo Larrain (2013 - Chili, USA) avec Joel Garcia Bernal, Alfredo Castro, Antonia Zegers
Barbant... comme le sont hélas souvent les films politiques.
L'histoire : Chili, 1988. La dictature Pinochet commence à soulever l'indignation internationale et le gouvernement, afin de montrer sa totale transparence, propose au peuple chilien un référendum : OUI il souhaite que le général entame un énième mandat ; NO il veut son départ. Le jeune publicitaire, René Saavendra, est sollicité par les partisans du NO pour réaliser les spots de campagne : 15 minutes tous les jours. Il accepte le challenge.
Mon avis : Ce n'est pas si souvent que nous avons des films concernant les dictactures sud-américaines, dont nous connaissons finalement assez mal - enfin moi en tous cas ! - la chronologie et le pourquoi du comment. J'étais donc fort curieuse de voir celui-là, d'autant plus que les critiques étaient excellentes et que le minois de Joel est toujours particulièrement agréable à regarder...
Mais le réalisateur tombe dans le piège particulièrement retors du genre : c'est bavard, trop bavard, ce n'est que blablabla et blablabla, et je me suis même assoupie de temps à autre, je l'avoue.
J'ai particulièrement été suprise, en outre, du peu de hargne manifesté par les partisans du Si, donc de Pinochet. Nos petits amis défenseurs de la démocratie préparent leurs spots sans beaucoup d'intimidation de la partie adverse (à la limite c'est presque plus violent chez nous : faut voir ce qu'ils s'envoient dans la figure !). On voit bien quelques emprisonnements, quelques coups de matraque... mais franchement rien de plus qu'ici ! Cela m'a vraiment énormément gênée : la dictature était-elle donc moribonde à ce point, la joie et la bonne humeur régnaient-elles donc sans partage ? Direction Wiki...
Si le référendum a bien été orchestré de cette façon, il faut savoir que René Saavendra est un personnage fictif, probablement une synthèse de plusieurs personnes... Certains des spots que l'on voit dans le film sont authentiques. Ne pas montrer la violence du camp d'en face est un parti pris du réalisateur, Pablo Larrain, qui voulait montrer l'avènement d'une société nouvelle, optimiste et idéaliste. M'ouais. Etrange, comme méthode pour apprendre l'histoire aux gens... Mais justement, il persiste et signe : il ne voulait pas faire un film didactique. Bon. Tant pis.
Les Chiliens, eux, n'ont pas beaucoup apprécié : la défaite de Pinochet au référendum est loin d'être à mettre au seul crédit d'une campagne politique ! Le mouvement de contestation et d'opposition était bel et bien là, depuis un moment, et c'est le peuple qui a décidé du changement, malgré la peur et les menaces. Ils n'ont pas été juste influencés par des images et un ton novateurs ! Ce fut d'ailleurs pas un succès inouï : 44 % de Chiliens ont voté pour garder Pinochet...
La mise en scène est très particulière : vintage ! L'époque est superbement reconstituée, les tonalités adoucies, la caméra hésite, comme dans un reportage sur le vif, comme si l'on voyait un film d'époque. Et pour cause : le cinéaste a volontairement utilisé ce procédé pour donner un côté docu mais surtout pour pouvoir incorporer sans choc des documents d'époque. C'est effectivement très bien fait. Mais cet aspect "téléfilm" des années 80, j'avoue que ça ne me fait pas délirer... Et puis là aussi, je trouve que le procédé est trompeur : ce traitement très réaliste donne à penser qu'on a affaire à l'illustration d'un événement historique, décrit avec la plus parafaite authenticité. Ce qui est faux puisque le film s'avère, on l'a vu, très subjectif...
Les critiques cinéma semblent avoir été prises au piège de l'angélisme du film : film passionnant, dit-on partout. C'est un peu exagéré, le blablabla pour ma part ne m'a jamais passionnée. Il paraît aussi que c'est drôle et sarcastique. Bof, franchement ça ne m'a pas frappée. Et puis cette distorsion de l'histoire, évoquée plus haut, personne n'en parle et je trouve donc que le propos est malhonnête : ceux qui ne connaissent pas l'histoire du Chili ne verront là qu'une très banale bataille électorale, alors qu'il s'agissait de virer un infâme dictateur
Je me sens donc encore une fois à côté de la plaque... mais tant pis j'assume.