Peux-tu me vendre l'air qui passe entre tes doigts
et fouette ton visage et même tes cheveux?
Peut-être pourrais-tu me vendre cinq pesos de vent,
ou mieux encore me vendre une tempête?
Tu me vendrais peut-être
la brise légère, la brise
(Oh, non, pas toute!) qui parcourt
dans ton jardin tant de corolles,
dans ton jardin pour les oiseaux,
dix pesos de brise légère?
Le vent tournoie et passe
dans un papillon.
Il n'est à personne,
à personne.
Et le ciel, peux-tu me le vendre?
Le ciel qui est bleu par moments
ou bien gris en d'autres instants
une parcelle de ton ciel
que tu as acheté crois-tu, avec les arbres
de ton jardin, comme on achète le toit avec la maison?
Oui, peux-tu me vendre un dollar
de ciel, deux kilomètres de ciel,
un bout, celui que tu pourras, de ton ciel?
Le ciel est dans les nuages.
Les nuages qui passent là-haut ne sont à personne,
à personne.
Nicolas Guillén