Titre original : The Longest Week
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Peter Glanz
Distribution : Jason Bateman, Olivia Wilde, Billy Crudup, Jenny Slate, Barbara Schulz…
Genre : Comédie/Drame/Romance
Date de sortie : 4 novembre 2014 (DTV)
Le Pitch :
Conrad Valmont est un authentique fils à papa. À presque 40 ans, il n’a jamais travaillé un seul jour de sa vie et profite de l’oisiveté que lui offre sa condition de riche héritier, entre parties fines dans sa luxueuse suite, repas hors de prix et distractions futiles. Néanmoins, tout change lorsque ses parents, absents, décident de lui couper les vivres. Du jour au lendemain Conrad se retrouve à la rue, sans liquidité et sans son précieux chauffeur. Décidé à ne rien laisser transparaitre, il décide de se faire héberger chez son meilleur ami, qui lui présente dans la foulée sa dernière conquête, Béatrice, un sublime mannequin qui le fait instantanément chavirer…
La Critique :
Il était une fois un type qui avait tout. Il avait la bonne tronche (celle de Jason Bateman), la bonne coiffure et le bon code génétique. Cet homme vivait dans l’hôtel de ses parents et profitait depuis sa naissance de tout ce que son illustre patronyme pouvait lui offrir. Il était une fois un type qui avait tout… avant de tout perdre.
Inédit en France, Une Semaine ordinaire raconte la descente en flèche d’un nanti privé de ses privilèges et de son patrimoine. Un gars plutôt antipathique donc, qui cherche une solution à des problèmes réclamant des ressources humaines qu’il n’a jamais eu. Cynique, jouisseur, égocentrique, dissimulateur et charmeur, Conrad Valmont n’est pas un héros de cinéma facile. À vrai dire, il est quasi-impossible de le prendre en pitié quand le sort s’acharne sur lui. Un peu comme le protagoniste principal du Bucher des Vanités, dont l’existence basculait à la suite d’un accident, Valmont passe d’un monde à l’autre, en un claquement de doigt, et se retrouve à mendier auprès de ses riches amis. L’amour s’en mêle et change tout… ou du moins quelques détails.
Jamais Peter Glanz, qui signe son premier long-métrage, ne semble vouloir cacher son désir de livrer un fable moderne gentiment désuette sur la rédemption. Il ne dissimule pas ses intentions, ni le caractère prévisible de son film. Ce qu’il préfère faire, c’est tenter d’imposer une tonalité et faire naître petit à petit l’empathie chez le spectateur, logiquement très loin des considérations futiles d’un personnage antipathique sur pas mal de points. D’où l’amour. L’amour change tout c’est bien connu. Il transforme l’égoïste en philanthrope et fait naître les vocations. Ici comme ailleurs, Cupidon ne se contente pas de rapprocher un homme et une femme, même si dans le cas de cette Semaine ordinaire, le dénouement reste plutôt surprenant. Il utilise surtout les dommages collatéraux du coup de foudre pour faire naître l’embryon d’un changement. Bien vu mais maladroit tant le film ne réserve à proprement parler aucune flamboyance. Ni dans la réalisation, certes propre, ni dans l’écriture, trop plate, bien que parfois relevée par des échanges plutôt drôles et inspirés. Seule la photographie pastel et très sophistiquée, confère à l’ensemble un charme vintage, qui trouve une résonance dans une bande-originale très classe, que l’on croirait extraite d’une chronique new-yorkaise signée Woody Allen.
Ceci dit, Une Semaine ordinaire est très court. À peine plus d’1h20. Du coup, les petits défauts qui émaillent le film n’entachent pas trop le tableau. On suit avec un plaisir plus ou moins constant les mésaventures de ces trois citadins différents mais complémentaires. Un trio incarné avec une belle justesse par trois comédiens parfaitement à l’aise. Jason Bateman trouve d’ailleurs l’un de ses meilleurs rôles, tandis que Billy Crudup, un poil effacé, livre également une prestation tout à fait convaincante. Olivia Wilde est quant à elle aussi parfaite dans la peau du fantasme masculin ultime. Avec une grâce qui lui donne l’air de flotter légèrement au-dessus du sol, elle habite un long-métrage plus drôle que dramatique, gentiment anecdotique, mais pour autant recommandable.
Une sorte de déclinaison moderne de Gatsby le Magnifique, habitée d’ailleurs par le fantôme de F. Scott Fitzgerald, auquel Glanz fait régulièrement référence à travers son gosse de riche confronté aux aléas d’une vie privée de ses acquis.
@ Gilles Rolland