Genre : Thriller Psychologique (interdit aux - 12 ans)
Année : 1986
Durée : 1h54
L'histoire : Will Graham est un des expert-légiste les plus habiles du FBI. Mais ses talents lui ont valu de frôler plusieurs fois la mort, raison pour laquelle il s'est retiré du circuit. Pourtant, trois ans après sa retraite anticipée, un double meurtre à un mois d'intervalle va pousser un de ses anciens collègues à venir le trouver. Mais pour espérer résoudre cette affaire, Will Graham va devoir se confronter à ses démons intérieurs.
La Critique De Titi70 :
Ceux qui pensent que Le Silence Des Agneaux est le premier roman de Thomas Harris à avoir été adapté au cinéma commettent une grosse erreur, car ce serait oublier Manhunter, titré chez nous Le Sixième Sens (rien à voir avec le long métrage de M. Night Shyamalan, mais l'appellation Française portera souvent à confusion) qui précède de quatre ans le long métrage de Jonathan Demme.
Produit par Dino De Laurentiis, cette première adaptation du livre Dragon Rouge par Michael Mann ne rencontrera pas le succès à sa sortie, mais a gagné en réputation au cours des années. Malgré tout, en dehors du monde cinéphilique, le film reste très méconnu.
A noter qu'une seconde adaptation du même bouquin sera réalisé bien des années plus tard par Brett Ratner.
Au niveau du casting de cette première tentative, on trouve William Petersen, futur pilier de la série Les Experts, Tom Noonan, Joan Allen dans un petit rôle de femme aveugle, Brian Cox qui revêt les habits du docteur Hannibal Lecter (rebaptisé ici Lector) et Stephen Lang incarne une victime uniquement visible dans des vidéos familiales.
L'histoire se déroule avant Le Silence Des Agneaux et se concentre sur Will Graham, un ancien Profiler du FBI, retiré des affaires après avoir plusieurs fois frôlé la mort. Car à trop vouloir se mettre dans la tête des psychopathes, on risque d'y perdre sa santé mentale.
Will Graham vit donc paisiblement au bord d'une plage avec sa femme et son fils. C'est là que Jack Crawford, un de ses anciens collègues, vient le trouver pour lui demander de l'aide dans une affaire pour le moins sordide : Deux meurtres de familles, à un mois d'intervalle, à Birningham et Atlanta.
Les policiers sont persuadés que le tueur agit selon le cycle de la pleine lune. Or, un nouveau cycle approche bientôt et Jack Crawford compte sur Will Graham pour aider à arrêter le psychopathe avant qu'il ne recommence.
Celui ci, d'abord réticent, finit par accepter, au risque de replonger définitivement cette fois. Le Profiler se rend dans un asile où croupit la dernière personne qu'il a arrêtée et qui en sait plus sur lui que n'importe qui : Le Docteur Hannibal Lector. Graham compte sur lui dans cette enquête, mais va rapidement se rendre compte que les deux psychopathe échangent depuis un certain temps une correspondance où chacun avoue à l'autre son admiration. Alors que Will Graham tente de résoudre cette affaire, le tueur s'apprête à commettre de nouveau méfaits.
Autant prévenir tout de suite : Manhunter est d'abord un film marqué par son époque, c'est à dire les années 80 dont il reprend la plupart des codes esthétiques : Lumière au néon, couleurs vives et musiques au synthétiseur ou rythmées par des tubes pop très présents.
Des éléments qui pourront donner l'impression que le film à considérablement vieilli, mais qui participe finalement à créer une sorte de malaise qui s'accentue au fil du long métrage. Car Michael Mann se rapproprie totalement le roman de Thomas Harris en utilisant une mise en scène froide, mais qu'on sent pourtant totalement maîtrisée (il cadre ses plans comme des tableaux). Il suffit de prendre comme exemple la scène d'assaut final où le réalisateur multiplie les ruptures de ton et les ralentis.
Orchestrant un jeu du chat et de la souris entre Will Graham et le psychopathe qu'il traque, avec le docteur Hanibal Lector en arrière plan, Michael Mann en profite pour tracer le portrait d'un homme sur le point de basculer à tout moment du côté de ceux qu'il traque (Lector lui lance : "Si tu as pu m'attraper, c'est parce que tu es comme moi") et développant, malgré lui, une fascination pour les meurtriers.
Dans le rôle principal, William Petersen est tout bonnement impressionnant. On n'en dira pas autant de Brian Cox qui n'est guère convaincant, surtout si on le compare à Anthony Hopkins qui incarnera le tueur cannibal quelques années plus tard. Heureusement, le personnage est assez en retrait, car la vraie révélation vient de Tom Noonan, qui joue le tueur Francis Dolarhyde dont la première apparition, alors qu'il vient de kidnapper un journaliste un peu trop zélé, donne le frisson. Acteur sous employé et abonné aux seconds rôles, il est ici absolument parfait dans la peau de ce serial killer à la sexualité ambivalente et amateur de musique rock.
Respectant au maximum le bouquin dont il s'inspire (le gore en moins), Michael Mann signe un film totalement à part, dont l'apparente lenteur et l'esthetique peuvent rebuter, mais qui s'avère beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. Beaucoup considèrent cette version comme la meilleure. N'étant pas particulièrement un fan du réalisateur et n'ayant pas vu le film de Brett Ratner, je n'irai pas jusqu'a crier au chez d'oeuvre, mais force est d'admettre que Manhunter constitue une oeuvre bourrée de qualités.
Note : 14/20