Il suffit peut être d'oser. Avoir l’audace de tracer des ponts entre ciel et terre pour réunir les paradoxes, concilier les contraires et faire jaillir l’impossible. Il y a quelques jours, j’ai été touché par l’itinéraire de Rachida Brakni et son rapport mystérieux et ressourçant à ses veines algériennes. Aujourd’hui je veux vous parler de Sébastien Bertrand. Ce jeune artiste de Vendée né à Beyrouth au Liban le 23 janvier 1973. Adopté à l’âge de 9 ans par une famille du marais vendéen breton, le musicien en herbe va grandir dans les parfums des traditions et du folklore local. Il va s’en imprégner et faire de cette sensibilité musicale la matrice de son rayonnement artistique.
A 36 ans, il monte un spectacle : « le Chemin de la Belle Etoile ». Le nom de la rue de ses parents à St Jean de Mont. Mais aussi l’expression qui remonte à la surface pour qualifier le sillon qu’il a petit à petit tracé dans le champ du ciel entre sa terre natale et son pays vital. Entre le pays du cèdre et le marais des genêts. La « Charente Libre » relatait l’an dernier dans ses colonnes : « Sur des textes ciselés par son pote Yannick Jaulin, il raconte la nécessité de dire les retrouvailles, le bonheur d'être à la fois d'ici et de là-bas. Avec des notes de musique, des mots, ses mots, ses émotions. Pas un roman, mais une belle histoire. »
Il ajoute que les textes livrés à son public « portent l’ambiguïté » de son histoire. Son spectacle renvoie au « questionnement sur soi, sur ses racines et même à l’universel ». Cet enfant de France raconte son histoire qui est aussi celle de ses parents, ceux qui l’ont aimé et qui l’ont fait grandir. « C’est un grand partage » conclut-il.
Je suis un gars de Touraine et fier de l’être. Mais mon caractère et les voyages de mon enfance ont enclin mes regards à se tourner vers l’ouest plutôt que vers l’est. Vers l’océan plutôt que vers le continent. Une attirance pour les marins et leur soif d’infini ? Un attrait pour les plus proches de l’Amérique, la terre de conquête des européens ? Il y a sans doute de cela. Ce n'est sans doute pas un hasard si la sainte de Tours que je préfère et que j'admire est aussi cette « folle de Dieu » qui un jour est partie à la conquête des cœurs de la Nouvelle France. Elle n’est jamais revenue. Elle s’appelait « Marie de l’Incarnation ». Elle avait soif de liberté et de grandeur. Tout comme ces vendéens courageux qui ont déposé, avec leurs forces et leurs faiblesses, en pleine période de terreur, cette très belle offrande à la Liberté que notre drapeau a un jour décidé de porter : « combattus souvent, battus parfois, abattus jamais. »
La liberté est un combat qui se joue au fond de l’être, pas dans un affrontement idéologique. La République française devrait remercier les vendéens pour leur génie.