383ème semaine de Sarkofrance: l'hallucinante semaine de François Hollande

Publié le 06 septembre 2014 par Juan

Une semaine hallucinante. Hollande et Valls tentent un putsch à gauche avec leur social-libéralisme décomplexé, mais la manoeuvre est divertie par les confessions intimes et malodorantes de Valérie Trierweiler, un livre publié brutalement dont le microcosme politico-médiatique s'empare avec rage et gourmandise. 

Quand à Sarkozy, il est à nouveau sous le coup d'une enquête.

On suffoque.


Le scandale Valtrier
La semaine avait commencé sur fond de polémique réactivée sur les rythmes scolaires. Car c'est la rentrée des classes - 12 millions d'élèves qui retrouvent le chemin de l'école.
Les hebdomadaires Minute et Valeurs Actuelles lancent une campagne concertée contre la nouvelle ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem. Tout y est: mysoginie, racisme, et théorie du genre. Cet assaut d'extrême droite est honteusement relayé par quelques ambitieux de la "droite propre" qui espèrent surfer sur la vague.
Les "monstres" sont de sortie.
Mais dès le lendemain, coup de tonnerre dans les rédactions.
On découvre que l'ancienne compagne de Hollande s'est vengé avec un livre rageur écrit et publié dans le plus grand secret. L'Elysée n'était pas au courant. Car l'Elysée s'en fout. L'ancien monarque ne cessait de travailler son image publique en contrôlant coulisses et journalistes. On se souvient des pressions, faramineuses, contre Cécilia ex-Sarkozy après le divorce d'octobre 2007. Ou de la mobilisation des services secrets français pour débusquer la source d'une rumeur d'adultère de Carla Bruni.
Hollande n'est pas Sarkozy. Il avait choisi de laisser faire, de cacher sa vie privée. Elle lui explose pourtant en pleine figure.
Il s'est trouvé des titulaires d'une carte de presse pour penser que cette irruption supplémentaire et involontaire, non maîtrisée et immaîtrisable de la vie privée de notre président dans l'actualité avait une quelconque signification politique.

Ce spectacle de Guignols est impressionnant.
Quand l'ancien monarque surjouait l'exhibition de sa vie personnelle - remariage, vacances filmées, etc - , commenter les retours en boomerangs avait quelque chose de nécessaire. L'actuelle débauche est au contraire nauséabonde. C'est une autre illustration de la déchéance de nos institutions. On personnalise à tout crin, on s'attarde sur les petites confidences, le ressenti intime de la plus proche et la moins objective des récents témoins de François Hollande, Valérie Trierweiler. Une citation parmi d'autres enflamme les réseaux sociaux. Trierweiler accuse Hollande d'avoir moqué les plus pauvres qualifiés de "sans-dents".  Une poignée de furibards s'est même précipité à quelques mètres de l'Elysée pour crier "Hollande démission".
François Hollande s'est dit "atterré", car le livre et son retentissement est d'abord atterrant pour la vie politique française et nos médias. Vendredi, il s'exprime brièvement sur le scandale. Quelques mots, la voix cassée. Il rappelle son engagement politique, réfute les accusations de son ex-compagne. En France, médias et politiques sombrent ensemble. Le "people" enterre la politique, et les commérages toute lucidité.
La cote présidentielle tombe à 13%, Hollande entraine Valls dans sa chute. Et cela réactive les commérages sur une éventuelle démission parmi quelques néo-réac en fureur.
Amen.
Il y avait plus grave encore.

La fausse boulette de Rebsamen

François Rebsamen, qui a tenu à rester ministre du travail dans le nouveau gouvernement Valls, a lâché qu'il allait "renforcer le contrôle des chômeurs". C'était même la seule annonce sur le front de l'emploi à tel point que la chose fit la une de tous les journaux. Rebsamen avait même répété sa formule sur Twitter pour faire moderne. Il se pris une volée de bois vert jusque dans les rangs même du PS. L'ex-strausskahnien Cambadélis s'est fendu d'un communiqué rageur.
Cette décomplexion-là, Manuel Valls et quelques-uns de son équipe, l'assume avec une gourmandise qui ferait presque oublier ses 5% de suffrages aux primaires socialistes de novembre 2011.
Brailler contre "le chômeur fumiste" est une antienne habituelle du discours libéral, des oukazes contre la fraude forcément sociale - dossier du FigMag en support argumentaire - aux hurlements contre le travail qualifié de coût.
Ce "social-libéralisme décomplexé" n'a jamais convaincu personne dans les urnes, mais le voici au sommet de l'Etat, brillant sans retenue sur les estrades médiatiques.
Hollande et Valls tentent un putsch à gauche comme Schröder il y a 15 ans en Allemagne. Le modèle allemand donne pourtant le tournis: une compétitivité acquise en parasitant le reste de l'UE; un niveau record de pauvres (16% du pays) et de travailleurs pauvres, des inégalités de salaires hommes/femmes hallucinantes, le tout sur fond de démographie vieillissante. Politiquement, la gauche fut durablement fracassée en deux, et incapable de gagner une quelconque élection nationale depuis une décennie.
Cette saillie soc-lib s'ajoutait à la prochaine nouvelle loi pour réguler par ordonnances jusqu'au marché du travail ou au détricotage de la loi Duflot. En début de semaine, Valls avait dû lâcher du leste, et autoriser l'agglomération lilloise à recourir à l'encadrement des loyers voté l'an passé et qu'il veut désormais mettre à bas.
Sur tous les plateaux, toutes les tribunes, toutes les ondes, les représentants les éminents du social-libéralisme gouvernemental décomplexé ne cessent de répéter combien ils sont de gauche. Cette envie pressante de surjouer avec des étiquettes a quelque chose de futile, le piège est grossier, la mayonnaise ne prend pas. Etre socialiste, ou se dire socialiste, telle est la question à laquelle ils ne répondent plus que par des formules creuses.
Sous 10 jours, promet Valls, il demandera la confiance à l'Assemblée nationale. On décompte les frondeurs, les contestataires et les soutiens pour évaluer si le gouvernement Valls 2 aura bien les suffrages nécessaires. Il y a fort à parier que oui, puisque pèse la menace de dissolution.  Mêmes les écologistes n'osent encore assumer une franche opposition.
Les vols de Sarkozy
Sarkozy consulte. Une enquête a été ouverte, une nouvelle, une de plus. Depuis qu'il s'est recyclé en consultant pour grosses fortunes, Sarkozy s'est fait offrir nombre de voyages en jet privé payés par un homme d'affaires par ailleurs heureux bénéficiaires de quelques largesses quand Sarkozy était à l'Elysée. L'ex-président des riches sait profiter des riches qui le lui rendent. On découvre au passage ses destinations - le Qatar (encore !). Les enquêteurs sont tombés sur ces déplacements par une autre instruction: le jet privé prêté à Sarkozy aurait aussi servi à transporter ... quelques centaines de kilos de cocaïne lors d'autres vols...
On l'a surprit cette semaine recevoir Laurent Wauquiez, Christian Jacob, et même Alain Juppé. On attend qu'il sorte du bois. L'UMP est en vrac, mais elle n'a pas besoin d'être en ordre de bataille. Le gouvernement socialiste implose de l'intérieur. 
Un malheur n'arrive jamais seul. Mercredi, un secrétaire d'Etat au commerce extérieur, chantre de la lutte contre la fraude fiscale et même vice-président de la commission d'enquête sur l'affaire Cahuzac est débarqué du gouvernement. Dominique Thevenoud, avait oublié de payer ses impôts pendant 3 ans. D'après Mediapart, le fisc est allé prélever sur le compte du député à l'Assemblée nationale.

On hallucine.


Une impression de désastre nous saisit.
L'effroi.
Ami(e) citoyen(ne), où es-tu ?
Crédit illustration: DoZone Parody
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