Ce soir ou jamais... Vendredi 5 septembre 2014.
C'est vers 23 heures que j’allume mon écran avec trente minutes de retard. Guère plus de dix minutes après… me voilà contraint d’éteindre ce même écran pour fuir l’ennui qui m’assaille ; un ennui insupportable. J’ai pensé un instant : à cette heure-ci, il n'y a sans doute déjà plus personne devant leur écran... sinon quelques chômeurs, quelques retraités, un ou deux universitaires venus écouter d’autres universitaires : "Alors j’étais comment vendredi soir chez Taddéï ?"
Les autres, les salariés, sont, très certainement, déjà dans un état comateux : le travail, les transports, les embouteillages, les enfants, les courses du vendredi ... une maison à 60 kilomètres de paris, là où on peut encore se les offrir dans un environnement à peu près décent... 1h30 de route et de bouchons...
A 23h15 devant son écran il ou elle n'écoute déjà plus personne. C'est sûr.
Les invités ?
Cécile Philippe, une « économiste ». Universitaire, elle n'a besoin de rien ; rémunérée par l'Etat et l'argent des contribuables, précisément ceux qui assument le principe de réalité et que l’on trouve dans les RER dès 6 heures du matin, cette jeune femme donc, paradoxalement, n'aura pas de mots assez durs contre les déçus du Hollandisme (???) et ceux qui attendent tout de l'Etat... une universitaire à qui il n'arrivera jamais rien de fâcheux sur un plan professionnel ; alors, qu'importe la mondialisation, cette guerre contre les salaires - mise en concurrence de tous contre tous -, guerre contre les acquis sociaux et la démocratie ; elle est entrée dans la carrière à 2500 euros, elle en sortira à 4500 ; et si elle est un peu futée et docile à 7500 euros à raison de deux heures de cours par semaine dans une grande école de la République, occupée, mais si peu, à faire la leçon aux enfants des classes supérieures ; justement là où leurs parents ont reçu la leur... de leçon : même banc, même fond de culotte.
Jacques Attali qu'on ne présente plus faute de pouvoir en dire quoi que ce soit d'intéressant. Un Attali qui, depuis quarante ans, vit sur le dos de la République et de l’Etat.
Si on sait ce qu'on doit à un boulanger lorsqu'il prend sa retraite et cède son commerce - il se sera levé tous les matins à 4heures pour faire son pain et nourrir sa rue, son quartier -, en revanche on en est toujours à se demander ce qu'on peut bien tous devoir à un individu tel que Jacques Attali, omniprésent dans les médias depuis un demi siècle et dans tous les lieux de "non-pouvoir" là où on sert sans états d’âme l’oligarchie nationale, européenne et mondiale.
Robert Hue... le laborieux ! Orateur à hue et à dia ! Petit talent, petites capacités, tout désigné pour la trahison mais... malgré lui, qui plus est... insoupçonnable en lui – d’où son aplomb alors qu’il a toutes les raisons du monde de se faire oublier ; Robert Hue est venu nous donner des leçons d'homme de gauche... la bonne blague ! Quand on sait qu'à gauche, il est considéré, avec Mitterrand, comme le fossoyeur du parti communiste, reniement après reniement, compromis tous plus bancals les uns que les autres...
Il a sorti ce qui se voudrait un livre. Il est venu le vendre. Seulement, lui et son éditeur ne savent pas encore que personne ne l'achètera car personne ne peut décemment souhaiter le lire. Ou bien alors... c'est à désespérer de tout.
Autre invité : un philosophe respecté et sans doute respectable, Marcel Gauchet... à qui, lui non plus, il n'est rien arrivé, et qui ne fera jamais rien advenir ; vu son âge, il est sans doute déjà trop tard.
Et puis... deux ou trois autres (je ne sais plus très bien) dont la présence est destinée très certainement à réduire le temps de parole de ceux qui ont la langue un peu trop pendue car, le risque est toujours là, menaçant tel un couperet : les téléspectateurs se lassent vite, et le zapping n’est pas une option chez ceux qui produisent "CSOJ".... d’autant plus que France 2 court après l'audience de TF1, entreprise déficitaire : l'échec aussi ferait donc des envieux ?
Un dernier invité... - ô surprise ! Etienne Chouard (1), star du web et du tirage au sort ! Sauf erreur, il s’agit là de sa première télé… à une heure d’écoute somnolente.
Star du net, on serait vraiment tenté de demander gentiment à Etienne Chouard que nous respectons tous sur la toile, de ne pas perdre son temps et son énergie avec ce qu’on appelle « la télé ». Car, comme il le fera si justement remarquer, si seuls les électeurs non politisés y croient encore lorsqu'ils votent… avec la télé, seuls ceux qui n’attendent rien ou qui n’ont besoin de rien, éprouvent le besoin de se figer deux, voire… quatre heures durant devant un écran, même géant et dernier cri :
« Qu’est-ce que tu as fait hier soir ?
- Rien. J’ai regardé la télé ».
Il y a des confessions qui se passent de commentaire.
***
Au diable cette télé ! Vraiment ! Empressons-nous bien plutôt de retourner sur Internet, là où il est encore possible de construire quelque chose. Les internautes y sont actifs, inter-actifs même, et motivés… ils ont soif : soif de savoir et de comprendre, même et surtout à leurs risques et périls ; et quittes à en sortir atterrés, ils auront toutefois la satisfaction de mourir dans le pire des cas, assis, sinon debout… mais certainement pas vautrés devant un écran qui ne peut plus et qui n’a plus rien à transmettre ni à partager.
Aussi, grande est la tentation de signifier à l'animateur de "Ce soir ou jamais"...
Allez Taddéi ! Laisse tomber, c’est plié !
1 - A noter le fait que… Attali, le parasite, s'est tout de suite senti visé par l'intervention d'Etienne Chouard. D’où le ton disqualifiant de notre usurpateur à l’endroit de Chouard cause d'une culpabilité et d'une honte ingérables chez tous ces individus si mal préparés à une remise en cause pourtant salutaire.
Quant à Chouard, il faut qu’il apprenne à faire face à la contradiction. Sur internet, il serait temps qu’il soumette ses arguments à des contradicteurs. L'intelligence c'est aussi une discipline sportive, il faut être athlétique, et seule la concurrence... - celui qui menace de raisonner plus vite et mieux -, permet de se maintenir à niveau.