Son Epouse // De Michel Spinosa. Avec Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg.
Michel Spinosa (Anna M., Emmène moi) revient ici avec un drame beau et terrible à la fois. Dès le début on est émerveillé par la mise en scène et les images que l’on voit à l’écran mais rapidement l’histoire vient à nous comme une gifle en pleine figure. Cependant, j’ai tout de même quelques réticences vis-à-vis de Son Epouse et c’est la manière dont il a été construit. C’est un bon film mais qui n’a pas été fait dans le bon sens. Il manque peut-être un peu de simplicité. A vouloir trop en faire, Michel Spinosa semble se perdre et pourtant, c’est un film avec des sujets puissants et construit sur des séquences assez fortes. Le but est de nous bercer mais pas de nous endormir dans un dialogue de sourd. Non, Son Epouse cherche clairement à nous surprendre et à nous offrir quelque chose de brillant où tout semble de plus en plus sombre. L’erreur du réalisateur aura certainement été d’appuyer un peu sur la pompe à artifice ce qui forcément, bloque à un moment le spectateur dans son élan. On a envie d’être émerveillé, touché mais le film nous bloque un peu parfois ce qui laisse forcément le spectateur un peu sur sa faim.
Gracie, jeune Tamoule vivant près de Madras, est victime de troubles du comportement depuis le jour de ses noces : le souvenir de son amie Catherine, disparue dans des circonstances mal élucidées, semble hanter la jeune fille. Joseph, le veuf, époux inconsolé de Catherine, décide de se rendre en Inde pour rencontrer Gracie et, peut-être, au cours de ce voyage, réparer ses erreurs. Car Joseph a beaucoup à se faire pardonner…
Le film cherche avant tout à parler de partage entre deux mondes qui finalement n’étaient pas forcément fait pour cohabiter ensemble. Mais la confrontation des deux mondes se fait sur l’apprentissage de qui est l’autre. D’un côté l’occidental qui tente plus ou moins de faire une quête. La foi est très présente dans Son Epouse. Peut-être un peu trop. Le propos a beau être intéressant, je me demande si la construction du film ne nuit pas justement à ce propos. Ensuite nous avons d’un autre côté les orientaux qui nous parlent de leur culture, de leurs traditions, et qui nous plongent dans leur quotidien qui est clairement très différent du notre. Ils n’ont pas la même vision du morne et des choses. Le spectateur en profite car la confrontation des deux donne quelque chose d’assez singulier (bien que pas totalement réussi à mon humble avis). Les films aux destins croisés c’est souvent risqué. Notamment car l’on peut rapidement tomber dans les clichés du genre et donc ne pas parvenir à remonter la pente. L’aspect « culture clash » n’est pas le seul aspect de Son Epouse.
Bien au contraire, le film cherche aussi à parler de relations de couple. C’est peut-être ce qu’il y a de plus décevant dans ce film d’ailleurs dans le sens où ce qu’il explore est fait de façon un peu trop sporadique à mon goût. Il y avait tellement de choses à raconter que forcément, le côté culturel est bien plus intéressant pour le spectacle qui ne vient finalement presque que pour ça. Yvan Attal (Anthony Zimmer) est plutôt bon dans le registre de l’homme perdu et de l’autre Charlotte Gainsbourg (Nymphomaniac) est assez étrange pour ne pas dire décevante. J’en attendais peut-être un peu trop de sa part, surtout après sa prestation sans faille chez Lars von Trier. Mais peu importe, les acteurs locaux sont clairement les plus surprenants et les plus sincères. Ce sont eux qui donnent à Son Epouse son âme et son intérêt (même si encore une fois Michel Spinosa veut trop en faire et du coup son film s’égare un peu trop à mon goût). Alors que le reste devient un peu plus insignifiant plus le film avance, finalement on va tout de même de bonnes surprises en bonnes surprises.
Note : 5/10. En bref, un très joli film, ambitieux mais parfois un peu trop artificiel dans sa construction. Dommage.
Date de sortie : 12 mars 2014