En Extrême-Orient, où se trouve André Bellessort au moment de la déclaration de guerre, les informations parviennent non seulement avec retard mais dépendent en grande partie des conditions dans lesquelles on se trouve : rien à certains endroits, puis une avalanche qui résume approximativement plusieurs jours du conflit. Entre le 26 août, où il embarque à Hong-Kong sur le Katori Maru, et le 31, où il arrive à « Singapore », deux communications télégraphiques seulement. Pas très rassurantes d'ailleurs. Arrivé en train le lendemain à Malacca, il y constate l'indifférence.
En Lorraine, la situation est singulière. René Bazin, auteur populaire en son temps – et très oublié aujourd'hui –, crée avec le personnage de Baltus les conditions nécessaires à comprendre comment les choses se sont passées dans cette région découpée, déchirée entre deux pays devenus les belligérants du moment. Le romancier français a, bien entendu, choisi son camp et, du même coup, celui où il range son personnage principal.
Au champ d'honneur, les victimes sont nombreuses. La plupart restent presque anonymes, même si les journaux citent brièvement des noms dont seules les familles garderont souvent la mémoire. Mais il est des morts célèbres pour ce qu'ils avaient accomplis avant la déclaration de guerre. Charles Péguy est l'un des premiers, tombé le samedi 5 septembre près de Meaux, lors de la bataille de l'Ourcq. Il faudra plus de dix jours pour que la presse parisienne reçoive la nouvelle et lui fasse écho. Maurice Barrès est l'un des premiers, et son article est cité par la plupart des autres quotidiens.
Maurice Barrès, Charles Péguy mort au champ d'honneur, in L'Écho de Paris, 17 septembre 1914