Dernier live du Baleapop (report), Moï Moï Band est un projet tout jeune et inédit du collectif Moï Moï ; il réunit quasiment l’ensemble des projets du label en un groupe. On était assez intrigué par cette proposition, et puis dès les premières notes du live, on a vite compris que c’était plus qu’une histoire de famille. Au synthé sous les arbres, on retrouvait un des deux Red Axes, et pas très loin, les rescapés du dernier jour du collectif Iceberg. Je dois dire que c’était vraiment furieusement beau de terminer le festival comme ça, sur des nappes synthétiques, des rythmiques percussives et une sorte de joie collective hyper touchante. Du coup on a eu envie de leur poser quelques questions sur ce projet, histoire de faire durer un peu ce moment de grâce toujours un peu triste, de la fin d’une des plus jolies utopies de festival qu’on peut voir et vivre depuis maintenant cinq étés.
Pour commencer, je crois que vous avez tous des projets solo ou collectifs au sein de Moï Moï Records, est-ce que vous pourriez nous les présenter rapidement ?
Pour les groupes, il y Odei (trio électro improvisée machines/vibra/drum) et Polygorn (quartet rock/électro). Concernant les formations solo : Panda Valium, Elorn, Van Off Martt et Matthys. Ce sont des lives électro de sensibilités et de set-up différents bien que partageant des influences communes.
Comment est née l’envie de vous réunir pour jouer ensemble au sein de Moï Moï Band ?
On a toujours joué ensemble dans différentes formations mais jamais tous au sein du même groupe. L’outil informatique utilisé dans Odei nous a permis de monter ce live assez naturellement.
Dans le choix du nom Moï Moï Band, il y a, j’ai l’impression, une sorte de question d’identité de votre label qui se joue. Dans votre live de Baleapop, on retrouvait les sonorités très singulières que vous pouvez produire dans vos projets. Qu’est-ce que ça serait, cette identité sonore de Moï Moï Band ?
Bien que nous ayons des influences communes, chaque formation développe son image propre. L’identité du label serait la synthèse de l’ensemble. C’est un peu la même chose au sein de Moï Moï Band : chacun vient avec un instrument et son feeling propre. L’improvisation rend possible la fusion de ces sensibilités en live sans avoir à imposer de ligne éditoriale.
Vous m’arrêtez si je fantasme un peu, mais j’ai l’impression que dans votre appréhension du son, on sent bien sûr les influences de Border Community (qu’on a souvent vu à Baleapop), mais il y aussi quelque chose qui me semble faire référence au pays basque. Une sorte de rythmique que vous réinterprétez, peut-être ?
Etant tous originaires du pays basque, on a tous été imprégnés par la culture basque comme par d’autres influences incluant Border Community, mais pas seulement. Nous avons chacun des parcours musicaux propres, il n’y a dans Moï Moï Band aucune volonté de s’apparenter à telle ou telle chapelle.
Dans le même esprit, quel sens ça a pour vous de vous réunir autour d’un projet musical commun sur un territoire aussi singulier que celui du pays basque ?
La majorité des musiciens du Moï Moï Band habitent au pays basque, et notre festival s’y déroule. Il était donc tout naturel que nous jouions notre premier live ici. Si nous étions kazakhs nous aurions certainement choisi Astana, mais nous sommes basques.
Dans votre live à Baleapop, on avait aussi l’impression que vous aviez travaillé sur un format de « nappes ». On avait en tout cas l’impression qu’il y avait une assez grande part d’improvisation et de crescendo. Chaque moment du live étant composé et joué sur l’idée d’une montée collective. Comment avez-vous travaillé ce live ?
Grâce à Antescofo, logiciel développé à l’IRCAM, il assez aisé de tout improviser, y compris les phrases midi envoyées aux machines. Du coup, quelques répètes on suffit a mettre au point une structure approximative du live, définissant un cadre dans lequel chacun pouvait s’exprimer librement. Les crescendo et autres « nappes » découlent d’une entente/mésentente spontanée. Ce sont les avantages et inconvénients de l’impro, les imprévus pouvant sonner à l’arrache, mais souvent ils permettent de créer une communion entre les musiciens.
Quel est la suite de ce projet Moï Moï Band ?
Il semble que le rendez-vous soit déjà pris pour l’édition suivante. En attendant, nous adorerions reproduire l’expérience. Nous sommes ouverts à tous types de propositions : bar mitzvah, foire au jambon, amicale naturiste, exécution publique, cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.
Interview : Aurèle NOURISSON