Car le suicide n’est pas un phénomène marginal. Il concerne toutes les régions du monde et les tranches d’âge, et particulièrement les jeunes de 15 à 29 ans. L’OMS estime ainsi à 804.000, le nombre de suicides survenus dans le monde en 2012, soit un taux de suicide global de 11,4 pour 100.000. Des chiffres d’ailleurs, très probablement sous-estimés. Dans les pays riches, les hommes se suicident 3 fois plus que les femmes. L’ingestion de pesticides, la pendaison et les armes à feu figurent parmi les méthodes les plus utilisées, le choix de la méthode variant souvent selon le groupe de population concerné.
Les facteurs sont complexes, biologiques, psychologiques, sociaux, environnementaux et culturels, et aucun d’entre eux ne peut expliquer les tentatives de suicide (TS) à lui seul. C’est aussi un acte impulsif. Autant de raison pour rende le suicide ou les pensées suicidaires extrêmement difficilement détectables, non seulement pour les proches mais aussi pour les professionnels de santé. L’épidémiologie permet peu à peu de hiérarchiser ces facteurs de risque et de développer des programmes de prévention mieux ciblés. Cependant ces actions, sur le terrain, nécessitent des professionnels de santé formés, capables de « dépister » et de prendre en charge des comportements suicidaires. Cette formation de professionnels qualifiés passe par les politiques de santé. Enfin, la sensibilisation de tous peut et doit, elle-aussi, contribuer à la prévention.
Notons ici, l’importance du problème en France : Un Français sur 20 a des pensées suicidaires et, en dépit d’une baisse de 25 % en 25 ans, et de 50% chez les jeunes, le taux de suicide en France, reste l’un des plus élevé d’Europe (Source CESE 2013).
Le suicide est évitable. Ce message de l’OMS s’adresse aujourd’hui aux politiques, appelant à la mise en œuvre de stratégies globales de prévention du suicide. Si c’est déjà le cas en France, dans certains pays, le suicide reste considéré comme un acte criminel, les tentatives des suicide sont dissimulées et les décès par suicide sous-déclarés. Les actions qui doivent évidemment inclure la dépénalisation, doivent viser à restreindre l’accès aux moyens du suicide (substances toxiques, armes à feu, médicaments…) mais, plus largement incorporer la prévention du suicide en tant que composante essentielle de la prise en charge des troubles mentaux. Ces actions doivent être mieux ciblées sur les personnes vulnérables et être systématiquement intégrées dans les soins de suivi. Précisément, l’OMS recommande de,
« • renforcer la surveillance et la recherche ;
• identifier et cibler les groupes vulnérables ;
• améliorer l’évaluation et la prise en charge des comportements suicidaires ;
• promouvoir les facteurs de protection individuels et environnementaux ;
• sensibiliser le public en l’éduquant ;
• améliorer les attitudes et les croyances sociétales et éliminer la stigmatisation envers les personnes atteintes de troubles mentaux ou qui manifestent des comportements suicidaires ;
• réduire l’accès aux moyens de suicide ;
• encourager les médias à adopter de meilleures politiques et pratiques pour la couverture du suicide ;
• soutenir les personnes endeuillées suite à un suicide.
Source: OMS Prévention du suicide. L’état d’urgence mondial