"Dark Passage" de David GoodisLe livre me plaît. Il est plein d'invraisemblances. De coïncidences forcées. Comme dans une pièce de théâtre. Un huis-clos dans lequel tourbillonnent les personnages. Ils sont nerveux, anxieux, désespérés, habités par une oppression qui pèse sur eux. Il y a une fébrilité dans le récit. Des fulgurances, une rage lyrique, parfois c'est très violent.J'aime le style très libre de l'écriture.Qui se permet des envolées et des digressions. On est au plus près du ressenti de Vincent Parry, le héros en cavale. On est avec lui, ou plutôt dans sa tête, et on partage à la fois ses peurs, ses espoirs et sa perception des petites choses qui se passent autour de lui. Je comprends parfaitement le choix de la caméra subjective pour l'adaptation par Delmer Daves en 1947.Il y a aussi des situations qui sont tellement tirées sur elles-mêmes qu'elles en confinent, sinon à l'absurde, en tout cas à une certaine forme d'humour noir.Un exemple: Parry est dans un drugstore. Il passe un coup de fil. Dialogue. Il prend rdv avec un autre personnage important, dans 15 minutes, pour une étape cruciale dans le dénouement de l'histoire. Parry raccroche et attend dans le drugstore. La narration pourrait très bien dire de façon elliptique "15 min plus tard", mais, au lieu de cela, elle lézarde sur deux pages et détaille ce qui se passe dans le magasin, les clients qui vont et viennent, les achats, les réactions du vendeur...