S’il existe un bâtiment dont l’architecture fait débat actuellement, il s’agit bien de la fondation Jérôme Seydoux-Pathé. Monument édifié par Renzo Piano (co-auteur du non moins sulfureux Centre Pompidou) derrière une façade en pierre sculptée par Rodin, on l’assimile facilement à « un étron brillant », une « énorme chenille métallique » ou une « grosse limace » dans les commentaires de la page Louvre Pour Tous.
Il est vrai que les photographies aériennes de l’édifice n’attirent pas particulièrement le quidam ; malheureusement pour les riverains, ils sont bien les seuls à bénéficier de ce point de vue peu gracieux.
En effet, le visiteur se trouve lui confronté à une toute autre perception du bâtiment : une forme organique, lisse et ondulante, que Renzo Piano lui-même compare volontiers à une montgolfière. « Là, ça respire » explique-t-il allègrement. Difficile pour nous de le contredire, tant les volumes se font aériens, courbes, et transforment les espaces intérieurs en larges cocons à la mode science-fiction.
Faire du contemporain à Paris, « c’est difficile mais non impossible » déclare l’architecte, qui confie ne pas aimer la demi-mesure. Depuis son intervention, l’ancien Théâtre des Gobelins, édifié en 1869, s’est transformé en un lieu de vie pour les passionnés de cinéma – 2200 m² dédiés presque entièrement au public.
La fondation, qui sera accessible à tous à partir du 10 septembre, se divise en plusieurs espaces : au sous-sol, une salle noire projette des films muets accompagnés en direct par un pianiste ; au premier étage, un espace d’exposition regroupe projecteurs, caméras, « Pathéorama » et autres délicats et incongrus mécanismes du début du siècle.
Les étages suivant sont dédiés aux archives, véritable Eden pour toute personne un tant soit peu intriguée par le monde du cinéma : photographies, livres de comptes, dessins, magazines, affiches, correspondances et même carnets d’inventeurs sont disponibles à la consultation au dernier étage du bâtiment.
Et c’est bien là l’apothéose de l’édifice : une bibliothèque lovée sous une coque métallique reptilienne, dont les tables de travail surplombent une superbe salle de réunion rayonnant de fauteuils rouge sang.
Foncièrement moderne, la fondation Jérôme Seydoux-Pathé ne fait pas fi du passé : elle le fait revivre avec force, et apporte au public les moyens de découvrir une toute autre facette du monde du cinéma. Un acte de philanthropie bien louable, il faut l’avouer.
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Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins, Paris 13e
Ouverture le 10 septembre 2014
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