« Ils ont enlevé ma sœur, je n’ai plus de nouvelles … », « nous avons dû fuir car nous allions mourir … ». Les témoignages recueillis par les équipes d’Action contre la Faim auprès des déplacés qui ont fui vers le Nord de l’Irak ces derniers mois reflètent l’enfer qu’ils ont vécu.
L’organisation fournit un soutien psychologique pour venir en aide à ces populations en souffrance. Aleksandra Witkowska, responsable des programmes en Santé mentale et pratiques de soins (SMPS) à Dohuk explique: « La première urgence est de réconforter les personnes traumatisées, d’atténuer le stress et l’anxiété, de leur apporter un sentiment de sécurité. A travers le dialogue, c’est aussi l’occasion de déceler d’autres maux, de mieux connaître les familles et la communauté au sein de laquelle l’organisation intervient ».
Par binôme mixte, les équipes d’Action contre la Faim sillonnent les lieux où se sont installés les déplacés, écoutent, conseillent. Souvent un schéma se répète, l’accueil est froid, le début de la conversation difficile: le choc a été tellement fort, il y a tant de choses à dire que ces personnes ont tu. Puis la barrière s’efface et les gens évacuent leurs émotions.
En un mois, Action contre la Faim a ainsi mené des interventions psychosociales d’urgence auprès de plus de 10.000 personnes.
L’importance des liens familiaux et communautaires
Le travail psychosocial d’urgence permet de déceler de nombreux cas nécessitant une prise en charge individuelle qui s’effectue à travers des consultations psychologiques ou des séances de relaxation. Cependant, l’essentiel du travail se déroule en groupes.
« Dans la majorité des cas, c’est au sein de leur communauté que les déplacés trouveront leur principale source de résilience. Nos équipes leur apportent un cadre protecteur s’ils souhaitent exprimer leurs émotions et nous leur apprenons à se contrôler, nous les invitons à rester au contact de leur communauté, de leur famille car l’isolement favorise le développement de pensées négatives qui peuvent impacter l’ensemble du groupe », précise Aleksandra Witkowska.
De nombreuses femmes vivent mal ce déracinement brutal. Privées d’intimité, éprouvant des difficultés pour allaiter dans certains cas, elles ont besoin d’un espace sécurisant que les écoles et bâtiments en construction n’offrent pas. Pour leur part, de nombreux hommes se sentent diminués dans leur fonction de chef de famille. Ils ne travaillent plus, sont dépendants de l’aide humanitaire. Des groupes de discussion sont organisés pour les femmes ou les hommes : allaitement, travail, avenir, c’est l’occasion d’aborder de nombreux sujets, l’occasion de comprendre qu’on n’est pas tout seul, que les autres ressentent la même chose.
Action contre la Faim mène également des activités auprès des enfants. A travers des jeux, c’est le moyen de créer du lien entre les plus jeunes mais également au sein de la communauté. Alors que les enfants jouent, les parents se regroupent, les observent, discutent.
Dynamiser l’activité au sein des cellules familiales et communautaires est un aspect essentiel du travail psychosocial d’Action contre la Faim.
Porte-parole disponible à Paris et au Kurdistan irakien.
Plus d’informations : http://blog.actioncontrelafaim.org/live-blog/live-situation-humanitaire-kurdistan-irakien/
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