Magazine Côté Femmes

Je suis ainsi

Par Gentlemanw

Première semaine, premiers retours de vacances, et déjà les premières brimades du destin instestinale, avec les collègues qui refusent de venir au traditionnel restaurant du vendredi midi, réunion officieuse entre détente et rumeurs, ragots et rigolades assurées, les régimes sont là, avec leurs portions sous forme de soupes insipides, de boîtes de granulés et autres yaourts au goût de courgettes.

Et puis cette remarque, celle que j'adore, car elle me met alors en colère, juste intérieure, car il ne sert à rien de se justifier. 

"Ah oui, et puis toi, effectivement tu as toujours une taille de guêpe, quelle chance !"

Oui probablement, face aux critères des magazines pathétiques qui tracent notre mode féminine avec des mannequins trop jeunes, trop androgynes, trop sans formes, trop filiformes, trop avec beaucoup de rien.

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Mais je suis ainsi, j'ai toujours été ainsi, comme ma mère, mes soeurs, mes cousines, mes tantes. Une famille d'affamées qui dévorent des plats de gratins, de cannelonis avec double fromages, des hamburgers partys, des soirées avec des bons plats. Oui, chez nous, on mange, parfois même on dévore, malgré nos silhouettes de brindilles.

Nous avons une morphologie qui reste ainsi, un défaut ou une qualité génétique qui fait que nos hanches sont arrondies mais nos tailles sont fines, nos ventres plats et sans avoir de salle de sport cachée dans nos caves. Certes je cours, je trottine, je marche, parfois je fais un peu de badminton, mais rien de trop, sauf de penser à mes prochains repas, car la cuisine est un plaisir. Je partage cela avec mon homme, lui, une grand baraqué, gourmand et gourmet. Et quand nos assiettes se ressemblent, il rit quand il se demande où je mets tout cela. C'est ainsi.

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Brindille je suis, brindille ou herbe folle et trop fine, je fus. Car rien ne m'a été épargné dans mon adolescence, sans poitrine, sans forme, sans accroche féminine, sans vêtement à ma taille, grande mais sans rondeur aucune. Je flottais dans tes tee-shirts trop courts en longueur, trop larges autour de mon ventre, ma taille en plein vent. Je devais chercher des jupes au rayon enfant, plus élastiques que celles des petites tailles femme, et moi, je souffrais de cette inégalité, de ce manque.

Heureusement, les hormones se mirent en action enfin, en fin de troisième pour me donner des seins, un bonnet entre b et c, une divine présence accompagnée de la naissance de fesses, d'un premier arrondi arrière. Mais rien de plus, jamais plus.

Je suis ainsi, née fine, fluette, maigrichonne, petite et même transparente, je suis restée la même, sans avoir d'obsession ni de jalousie, juste un manque quand mes copines elles cherchaient déjà à perdre l'excédent , enfin à leurs yeux.

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Le temps passe, les idées restent, plus encore mon corps s'exprime avec ses atouts. Alors si maintenant je rêve d'une pizza quatre fromages, de quelques tranches de pain grillée avec huile d'olive et de l'ail, et surtout du délicieux dessert à la crème, je vais le faire avec discrétion. En rigolant, car si mon ventre est plat, il est vide malgré tout.

Nylonement


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