Il se passe de drôles de choses sur l’île de Kvalaya, à l’extrême
nord de la Norvège. En mai 2001, Mats Sigfridsson s’est noyé dans le détroit de
Malagen. Dix jours plus tard, ce fut au tour de son frère de disparaître dans
les mêmes conditions. Liv les connaissait plus ou moins tous les deux. Cette
jeune fille, vivant avec sa mère artiste peintre dans une maison grise offrant
un vue imprenable sur les prairies et la grève, aime la solitude que ce « bout
du monde » lui procure. Son seul ami est Kyrre, un vieil homme qui depuis
son enfance lui raconte des histoires de trolls et de sirènes. Lui est persuadé
que les noyades sont l’œuvre de la « huldra », une femme à l’irrésistible
beauté et aux pouvoirs maléfiques qui séduit les jeunes hommes avant de les
faire disparaître. Liv est plus terre à terre, elle pense que les racontars de
Kyrre ne sont pas crédibles. Pourtant, les faits qui vont s’enchaîner au fil
des nuits blanches de l’été arctique feront vaciller ses certitudes…
Un roman étonnant. Un roman d’atmosphère. Un roman
psychologique. Très psychologique même. Beaucoup trop pour moi en fait. Le
paysage boréal a ce petit quelque chose de fantasmagorique qui dégage une inquiétante
étrangeté. Liv est la narratrice unique du récit. Et elle a
parfois un comportement assez flippant ! On en vient à se demander si les
disparitions on vraiment eu lieu ou si elle nous mène en bateau. On referme le
livre en se disant que Burnside, quelque part, nous encourage à ne pas choisir,
nous laisse volontairement démunis et en pleine perplexité. C’est du moins ce
que j’ai ressenti et c’est une impression que je n’aime pas du tout !
Finalement, les noyades ne sont que des péripéties
secondaires. La quête d’identité de Liv, son passage vers l’âge adulte, la
relation particulière avec sa mère et l’absence d’une figure paternelle sont
les véritables thématiques du texte.
Il y a quelque chose de David Lynch dans ce roman que
beaucoup pourraient qualifier de fascinant. Le problème, c’est que l’univers de
Lynch m’a toujours laissé de marbre. Personnellement, j’ai trouvé cet été des
noyés plus nébuleux qu’envoutant. Il n’empêche, la partition offerte par John
Burnside, au-delà de réticences qui me sont propres, a tout pour plaire. Son
écriture, à la musicalité particulière, est parfois proche du baroque et
possède une tonalité à l’incontestable originalité. Énormément de qualités
donc, mais je dois bien reconnaître qu’en ce qui me concerne, le charme n’a pas
opéré. Dommage.
L’été des noyés de John Burnside. Métailié, 2014. 320 pages.
20,00 euros.
Une fois de plus, je partage cette lecture commune avec Noukette.
L'avis enthousiaste de Cryssilda