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FCF JUVISY – TURBINE POTSDAM : 0-3 (0-2)
Mercredi 17 mars 2011 - 19h
Evry-Bondoufle (Stade Robert Bobin)
Temps couvert - Terrain en bon état
Spectateurs : 3 500
Arbitres : Kateryna Monzul (UKR) assistée de Natalia Rachynska (UKR) et Adriana Secova (UKR). Quatrième arbitre : Cindy Gosselin (FRA)
Buts : Schmidt (7e), Bajramaj (28e), Soubeyrand (65e,
csc).
Avertissements : Schmidt (16e), Zietz (25e), Mittag (79e).
Juvisy : Malet - Trimoreau, A. Butel, Guilbert, G. Butel - Soubeyrand, Thiney, Mendes, Coquet, Machart (Fernandes, 23e) -
Tonazzi. Entraîneur : Sandrine Mathivet.
Non utilisées : Kadidiatou Diani, Claire Levasseur, Nadia Benmokhtar, Sophie Svaluto, Tanya De Souza
Potsdam : Sarholz - Schmidt, Peter, Henning - Odebrecht, Zietz, Wesely, Kemme - Nagasato (I. Kerschwoski, 76e), Bajramaj, Mittag. Entraîneur : Bernd Schröder.
Non utilisées : Desirée Schumann, Kristin Demann, Monique Kerschowski, Daniela Löwenberg, Marie Louise Bagehorn, Corina Schröder
Pour le premier quart de finale européen de son histoire, le FCF Juvisy a pu contempler l’écart qui le sépare encore des tous meilleurs en s’inclinant lourdement face à la redoutable équipe de Turbine Potsdam (0-3).
Froid réalisme allemand
Il n’y a pas eu de miracle. Comme beaucoup d’observateurs le pressentaient, Juvisy a subi la loi de Potsdam à l’occasion du quart de finale aller de l’UEFA Women's Champions League. Très motivées, les Juvisiennes entamaient pourtant parfaitement la rencontre en se créant une première grosse occasion mais Tonazzi, bien lancée par Thiney, butait sur Sarholz (2e). Mais alors qu’elles semblaient maîtriser le début de rencontre en privant leurs adversaires du ballon, les joueuses de Sandrine Mathivet se faisaient bêtement piéger. Sur un corner tiré par Bajramaj, Schmidt, étonnamment esseulée au premier poteau, reprenait victorieusement le ballon de la tête (0-1, 7e). La première occasion allemande était la bonne. Plutôt convaincantes dans le jeu, les Françaises l’étaient beaucoup moins sur coups de pieds arrêtés. Sur l’un d’entre eux, elles encaissaient un second but mais celui-ci était logiquement refusé pour une position de hors-jeu d’Oderbrecht (13e). Légèrement accrochée par Nagasato, Trimoreau s’écroulait dans la surface mais l’arbitre ukrainienne ne bronchait pas (17e). Impressionnantes physiquement, les Allemandes pêchaient parfois par excès d’engagement et commettaient de nombreuses fautes. Sur l’une d’entre elles, Machart se blessait à la cheville et devait céder sa place à l’internationale U19 Fernandes (23e). Alors que le match s’installait dans un faux rythme, Schmidt combinait avec Mittag avant de servir sur un plateau Bajramaj qui ajustait tranquillement Malet d’une frappe du plat du pied (0-2, 28e). Assommées, les Essonniennes subissaient de plus en plus les assauts adverses. Le bateau juvisien tanguait et était proche de couler quand, sur un débordement de l’excellente Bajramaj, Nagasato voyait sa tête plongeante passer juste à côté du poteau droit de Malet (38e). La gardienne française devait s’employer quelques instants plus tard sur une frappe de Mittag (40e). Le calvaire se poursuivait jusqu’à la pause.
Potsdam sans forcer
Loin d’abdiquer, Juvisy revenait des vestiaires avec la ferme intention de refaire une partie de son retard. Mais Potsdam gérait parfaitement l’avantage conquis en première période et profitait de sa supériorité physique pour annihiler toutes les tentatives juvisiennes. Pire, les Allemandes, qui ne semblaient pas forcer leur talent, se montraient dangereuses chaque fois qu’elles accéléraient. Mittag débordait côté droit, dribblait Butel et centrait en retrait pour Oderbrecht mais la défense juvisienne dégageait en catastrophe (54e). Bien lancée en profondeur côté droit, la capitaine Zietz butait à son tour sur Malet (58e). Fernandes (55e) et Thiney (59e) tentaient de sonner la révolte, sans succès. C’est de nouveau sur un coup de pied arrêté que Potsdam allait faire la différence. Tiré par Mittag, un coup franc excentré côté droit était malencontreusement repris de la tête par Soubeyrand dans ses propres filets (0-3, 64e). La quinzaine de supporters allemands qui avait fait le déplacement pouvait exulter. Malgré la lourde défaite et la qualification qui s’éloignait, les supporters du club français continuaient à encourager leurs joueuses. La capitaine du FCFJ voulait se racheter après son but contre son camp, mais son coup franc aux vingt mètres était légèrement dévié par le mur en corner (71e). La fin de match était plus hachée, Potsdam se contentant de gérer son avance conséquente et Juvisy ne trouvant toujours pas de solution face à l’imperméable défense allemande (aucun but encaissé depuis le début de la compétition, ndlr). Très bien marquée tout au long de la rencontre par deux voire trois joueuses, Tonazzi aurait pu bénéficier d’un penalty mais l’arbitre en décidait autrement (83e). Lancée par Coquet, l’internationale française voyait sa tentative s’envoler dans les tribunes (89e) en même temps que les espoirs de qualification. L’addition aurait même pu être plus corsée si Malet n’avait pas remporté son face à face avec Bajramaj (90e+1). Courageuses et volontaires, les Juvisiennes n’ont rien pu faire face à la machine allemande, mais elles pourront tout de même regretter la première occasion de Tonazzi et leur déficience sur les coups de pieds arrêtés défensifs. Ce mercredi, la marche était trop haute.
Article à retrouver sur lemousticproduction.info, le blog de Eric Baledent, photographe professionnel. Sans oublier les réactions que j'ai pu recueillir en conférence de presse à la fin de la rencontre.
L’entraîneur de Potsdam Bernd Schröder, l’entraîneur de Juvisy Sandrine Mathivet et la défenseuse centrale Nelly Guilbert ont livré leur réaction en conférence de presse après la large victoire de Potsdam (0-3).
Mercredi, Potsdam a infligé une petite correction à Juvisy au stade Robert Bobin de Bondoufle (0-3). A l’issue de la rencontre, l’entraîneur allemand Bernd Schröder ne paraissait pourtant pas du tout satisfait du match produit par ses joueuses. Son humeur massacrante a découragé les quelques journalistes présents de lui poser des questions. Le coach de Potsdam a simplement fait remarquer que les trois cartons jaunes récoltés mercredi soir pourraient coûter cher à son équipe pour la suite de la compétition.
Après le passage éclair de Schröder, ce fut au tour de Sandrine Mathivet et de Nelly Guilbert de répondre à nos questions. La coach de Juvisy, mécontente de l’arbitrage, a néanmoins reconnu la supériorité de Potsdam et a tenu a félicité ses joueuses malgré la défaite : « Le but que l’on prend sur un coup de pied arrêté arrive assez rapidement, une action un but, alors qu’on avait fait une entame de match correcte. Ce qui est positif c’est que les filles n’ont pas baissé de régime, elles ont continué à jouer et ça c’est quelque chose auquel je tiens car c’est la seule chose que l’on doit faire, jouer au football, prendre du plaisir. On a su réagir. Vous avez vu comme moi, c’est une grosse équipe, l’impact physique est énorme, techniquement il y a très peu d’erreurs, dans le replacement défensif elles sont toujours bien placées, donc c’est très difficile de jouer contre des équipes comme ça. Maintenant si on arrive à concrétiser les quelques occasions que nous avons eues ça peut changer la donne. Vous allez me dire c’est reparti sur l’arbitrage, mais oui je le redis, il y a au moins un penalty et même s’il est à la dixième minute du match, on le siffle ce penalty. Malgré l’arbitrage, il ne faut pas enlever à Potsdam ses qualités. Je tire mon chapeau à mes joueuses. Même si on perd 3-0 sur ce match, elles n’ont pas mérité, loin de là, et je pense qu’elles ont su produire le jeu qu’elles ont pu par rapport à la qualité de l’adversaire et c’est très important d’être dans cette dynamique. Même si on est très déçues, on a essayé de jouer donc c’est une moins grande désillusion. »
De son côté, Nelly Guilbert a insisté sur les deux penaltys non sifflés. Elle regrette le manque de réalisme de Juvisy et nous a donné rendez-vous la semaine prochaine pour voir un très gros match de son équipe : « Il y a deux matchs. Le premier, on a fait une grosse partie physique. On a pris la température et je vous annonce un gros match à Potsdam. Finir sur 3-0 alors qu’elles ont trois occasions franches et qu’on a deux penaltys non sifflés… Il y aura un autre Juvisy à Potsdam, avec le même engagement physique qu’aujourd’hui voire plus. Si on marque sur notre première action en tout début de match, ça change entièrement la configuration du match. Malheureusement les Allemandes ont trois ou quatre occasions franches et elles en mettent trois au fond. Nous si on avait eu la possibilité de mettre la première au fond, je pense qu’elles auraient douté. Donc oui on est déçues, on a quand même eu pas mal d’occasions dans le match et comme je vous l’ai dit tout à l’heure, deux penaltys non sifflés ça change beaucoup de choses. On sort avec 3-0, ce serait complètement aberrant de ne pas être déçues, mais on a très envie d’aller à Potsdam. On va essayer de faire quelque chose là-bas. »
Malgré l’ampleur du score, Sandrine Mathivet croit encore son équipe capable de se qualifier : « On a intérêt à y croire car autrement moi je ne fais pas trois jours à Potsdam pour passer mon temps, même si Berlin est une belle ville. Maintenant, il ne faut pas se leurrer, 3-0 ce n’est pas facile à rattraper, mais dans le football tout peut arriver. On va là-bas pour essayer de se qualifier, pour continuer l’aventure parce que je peux vous assurer qu’une aventure européenne c’est assez délicieux. » Mais alors, que faire au retour ? « Il faudra être encore plus agressives. Quand je dis agressives, ce n’est jamais pour faire mal. Par contre, si on se fait marcher dessus une fois, il n’y aura pas de deuxième. Ensuite, il va falloir user un peu plus du jeu dans les pieds. Elles ont des grands gabarits donc pour tout ce qui est ballons aériens c’est difficile. Alterner jeu court jeu long, jouer un peu plus dans l’espace, dans leur dos et éventuellement plus de pénétrations balle au pied. »
Si elle veut jouer toutes les compétitions à fond, Sandrine Mathivet s’est insurgée contre le calendrier surchargé de Juvisy : « On peut perdre sur tous les tableaux (Championnat, Ligue des Champions et Coupe de France, ndlr). On rencontre les trois premiers du championnat en trois semaines… C’est une aberration de voir qu’on ne protège pas les clubs qui jouent la Champions League. J’aurais dit la même chose pour Lyon, même si c’est une grosse équipe. Jouer deux équipes qui sont en haut de tableau entre deux matches de Champions League… A un moment il faudrait que les gens qui s’occupent des calendriers réfléchissent à ce qu’ils font. Il aurait été intéressant d’anticiper et de croire les équipes françaises capables d’aller en quart de finale. J’aurais aimé qu’on pense à ça et qu’on ne nous mette pas des matches contre Montpellier et le PSG à la suite. Donc je demande aux gens qui s’occupent des calendriers de réfléchir et de protéger les clubs français parce que je vous rappelle que plus les clubs français brilleront en Champions League, mieux ce sera pour le football féminin français. L’année prochaine j’espère qu’on aura l’intelligence de ne pas faire ça aux deux clubs qui seront qualifiés. »
En grande forme, Sandrine Mathivet a durement critiqué les médias français qui, selon elle, ne s’intéressent pas suffisamment au football féminin et même au sport féminin dans son ensemble : « Je vous remercie d'être là, ça veut dire que vous vous intéressez à nous, ce n'est pas le cas de tout le monde. Qu’eurosport (la chaîne a diffusé le match en direct, ndlr) continue, que d’autres chaînes viennent. Deux équipes ont montré une bonne image du foot féminin. J’aimerais que les grandes chaînes, comme TF1 ou M6, s’intéressent à nous plutôt que de parler du pull de Lizarazu pendant une demi-heure. Téléfoot, Stade 2… Ces émissions deviennent des émissions de commérage ! Elles devraient s’intéresser à la vraie valeur du sport. Chez les garçons, c'est pollué par les affaires d'argent, ça pue, c'est indigne. Cela va au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. Je suis dure mais je ne dois pas être la seule à penser ça. Je sais, aujourd’hui les médias, il faut que ce soit rentable. On a perdu les valeurs du sport à cause de l’argent. On est dégoûtés par le foot business. (…) Les médias sont nuls lorsqu'il s'agit de parler de sport féminin. De toute façon, en France on est nuls pour tout ce qui touche à la femme. On est un pays macho, latin et on a vachement de mal à faire évoluer les mentalités. »