Comme avec tous les pronostics financiers et économiques, il est bon de faire 3 scénarios : optimiste, réaliste et pessimiste. À mes yeux, le moins plausible est le scénario optimiste. Les données sur l’emploi au Canada combinées à l’endettement des ménages et à la possibilité d’une hausse de taux d’ici 24 mois créent de l’ombre au tableau et empêchent de concevoir que les prix des résidences pourront maintenir leur niveau de croissance de la dernière décennie.
Ceux qui doivent vendre en ce moment ont donc une belle occasion. Surtout, s’ils habitent dans les quartiers qui ont connu les gains les plus importants et désirent acheter une plus petite demeure moins dispendieuse. Je vous rappelle que dans la majorité des cas, les profits de la vente de votre maison ne sont pas imposables. Mais attention, les règles fiscales encadrant le marché immobilier comportent des exceptions.
L’offre excède la demande
Presque partout au pays, le nombre de propriétés en vente excède maintenant la demande. Dans la région de Montréal, cela fait plus de 46 mois consécutifs que le nombre de maisons en vente augmente. Le scénario pessimiste voudrait que le marché immobilier nous éclate au visage et engendre récession, faillites personnelles et chômage endémique. Je ne suis pas de cet avis, pour la simple raison que jusqu’à maintenant il y a eu contraction des prix dans certains marchés sans que le chômage n’augmente. Cela est de très bonne augure. Il y a eu une baisse de prix de plus de 10% dans le marché des copropriétés à Vancouver et Toronto et, dans une moindre mesure, en banlieue de Montréal.
Mais, on remarque aussi que les chalets ont subi des baisses appréciables. Vendredi dernier j’ai discuté avec Robert, un urbaniste qui travaille aux évaluations municipales d’une MRC des Laurentides. On lui rapporte chaque semaine des transactions de ventes de propriétés à 5, 10 et même 20% sous l’évaluation municipale. Un phénomène qui ne s’est pas observé depuis une décennie. Un recul dans le compte de taxes est même envisageable : « Lors du prochain rôle d’évaluation, il faudra en tenir compte car le phénomène s’étend ».
Si je m’attends à un atterrissage en douceur du marché immobilier canadien, c’est principalement parce qu’il recule par segments, ce n’est pas généralisé. Et surtout parce que l’économie américaine se porte de mieux en mieux. Les données économiques de nos voisins du sud sont au beau fixe. Comme la reprise s’installe solidement là-bas, cela aura de l’influence chez nous. N’oublions pas que 70% de l’exportation de nos biens et services sont destinés aux États-Unis. Le contexte américain ne peut être que bénéfique pour nos entreprises et les perspectives d’embauche. Et s’il y a plus d’embauches, il reste plus d’argent dans nos poches pour payer nos dettes, faire de l’épargne, consommer et … acheter des maisons!