J'ai beau avoir déjà commencé à chroniquer ( aidé par quelques précieux comparses comme vous avez pu le constater hier soir) certains livres de la rentrée littéraires, il me reste quelques livres plus anciens à vous chroniquer, issus de mes lectures estivales, plus particulièrement des livres de poche puisque c'est souvent eux qu'on amène dans les valises, faute de place.
Et parmi ces lectures qui furent assez nombreuses ( 8 exactement), j'en ai retenu particulièrement 4 qui sont des romans dont on pas mal parlé, pour une raison our pour un autre...et vous allez voir que mon avis diverge radicalement d'un livre à l'autre :
1. Les gens heureux lisent et boivent du café; Agnès Martin- Lugand
Auto-édité sur le web fin 2012, Les Gens heureux lisent et boivent du café s'est d'abord vendu en téléchargement payant à 10 000 exemplaires sur la plateforme e-books d'Amazon avant de devenir un énorme best-seller, à la fois en Grand Format chez Michel Lafon puis cet été en poche chez Pocket et j'étais très curieux de savoir si j'allais me prendre à cette comédie romantique entre cette jeune femme qui a perdu sa fille et son mari dans un accident de voiture et l'homme qui occupe la maison mitoyenne de la sienne dans la campagne irlandaise où elle s'est réfugiée.
Hélas, très vite on déchante tant ce roman n'est autre qu'un ramassis de clichés les plus éculés les uns que les autres, des personnages stéréotypés comme on en voit peu ou plutot trop souvent et qui sont vraiment dessinés à très gros traits ( l’ami homo, le voisin bourru au coeur gros comme ca, et surtout l’ex du voisin, cette Megan méchante comme c’est pas permis) ,un sentimentalisme facile vraiment génant, et un style littéraire qui passe du creux au vide…
On n'est parfois pas très loin des romans de la collection Harlequin, du moins je le devine puisque évidemment je n'ai pas du lire des romans de cette collection et j'ai vraiment eu beaucoup de mal à comprendre le succès phénoménal de ce livre qui n'a pas été loin de me tomber les mains...Heureusement que l'été, mex esixgences littéraires sont un peu moindres que d'habitude!!
2. Arrive un vagabond, Robert Goodrick
Toujours chez Pocket, un autre roman lu juste après celui de Martin Lugand, mais qui n'a vraiment rien à voir à tous les niveaux.Il est l'oeuvre de l'américain Robert Godrick est un romancier américain précédé d'une belle réputation, mais je n'avais encore rien lui.
Ici, arrive un vagabond, auréolé du prix du meilleur roman des lectrices de Elle de 2012 (un prix souvent gage de grande qualités), nous emmène dans les traces d' une Amériquedes années d'après guerre, en 1948, dans un petit village de Virginie, lorsque l'arrivée d'un étranger, vaguement marginal et qui a pas mal bourlingué, va bouleverser, de par sa relation avec un jeune enfant et surtout une jeune femme ( mal) mariée et transformer la petite bourgade jusqu'à la tragédie inévitable contournable.
Voilà un magnifique roman, comme seuls les auteurs américains ou presque savent faire. Entre lyrisme et style épuré, Robert Goolrick nous parle de ces êtres poursuivis par des idéaux, mais dont la vie ne fait pas de cadeaux. Une sublime tragédie où grande et petite histoire se rejoignent, dans cet état fortement sclérosé par le racisme, et la place infime accordée à la femme.
Un très beau moment de lecture à conseiller pour tous ceux qui adorent la grande littérature américaine.
3. Une fille qui danse, Julian Barnes
Bien que Julian Barnes soit un des écrivains anglais les plus reconnus- encore bien plus célèbre que Robert Goodrick- et qu'il a la particularité d'être le seul auteur étranger à avoir été primé à la fois par le Médicis (en 1986 pour Le Perroquet de Flaubert) et le Femina (en 1992 pour Love, etc.), je connaissais mal son univers, n'ayant lu que Love Ect justement ( et je pense avoir préféré la version ciné que Marion Vernoux en a tiré avec le couple Gainsbourg- Attal).Son dernier roman publié à ce jour en France, une fille, qui danse- qui a eu le Man Boker Price, l'équivalent du Goncourt birtannique en 2011- est donc une belle occasion de me familiariser avec son ouevre, mais je dois dire qu'au final, j'ai été assez mitigé quant à mon impression finale alors même que je pensais que j'allais adorer au vu des excellentes critiques que j'allais vraiment être enthousiasmé par ma lecture.
Le narrateur du roman , Tony y raconte son adolescence et le début de sa vie adulte. Ils étaient quatre amis dont l'un, Adrien particulièrement brillant l'a marqué. Quand Tony rencontre Veronica, il n'arrive pas à s'engager dans une relation durable, son orgueil et sa peur de l'échec le feront renoncer à ce premier amour. Mais la vie est pleine de surprises et de coups bas, les amitiés adolescentes n'y résistent pas, et ce n'est que 40 ans après que le narrateur va voir cette histoire lui revenir comme un boomerang de bien surprenante façon.
A la lecture de ce pitch, on pouvait s'attendre à une bien belle saga et aussi une très brillante réflexion sur le temps qui passe, la perte des illusions et la complexité des sentiments amoureux et amicaux.
Sauf que le style très littéraire et parfois un peu pompeux de l'auteur et la trop grande distance du narrateur nuit considérablement à la portée émotionnelle du récit qu'on suit du coup avec un intérêt tout juste poil. Si le dénouement, assez touchant nous réveille quelque peu, cette fille qui danse reste largement déceptive par rapport à la renommée
4. Mapuche, Caryl Férey
Encore un roman dont on a beaucoup parlé, et en bien uniquement, mais un polar ce coup ci d'un auteur de polars qui est certainement selon beaucoup d'observateurs, un des plus doués du moment.
Son livre le plus connu, Zulu est d'ailleurs sans doute un des meilleurs polars de ces 10 dernières années, et auréolé de plusieurs prix, dont le prix des Quais du Polar 2009 fort et original, ne serait ce que par le décor dans lequel il nous plonge, celui des ghettos du Cap et nous livre le tableau, récent, d'une Afrique du Sud qui éprouve les plus grandes difficultés à se débarrasser de ses vieux démons.
Caryl Ferey a visiblement une prédilection pour les polars se passant dans des pays éloignés et gangrénés par la violence, et ce Mapuche, sorti en poche chez Folio Policier il y a quelques mois nous plonge maintenant dans dans l'Argentine d'aujourd'hui, que se déroule cette double enquête qui plongera les deux protagonistes principaux, le détective intègre et la fière indienne, dans l'Argentine de Videla, celle de la dictature militaire, celle de "la guerre sale".
J'avais déjà entendu parler évidemment de ces folles de mai, ces grands mère qui cherchent les enfants des milliers d'opposants au régime assassinés et enlevés et confiés à d'autres familles, mais pas par le biais d'une fiction...
Si l'auteur est toujours à l'aise pour peindre un contexte politico-social passionnant et s'appuie comme toujours sue une documentation très solide et nous apprend plein de choses sur cette Argentine qui aimerait pourtant taire ses démons du passé, l'enquête policière m'a moyennement passionné. Un manque de densité parfois grève un peu l'intéret pour l'histoire, des dialogues parfois un peu convenus et surtout un peu trop de stéréotype dans les personnages (les méchants qui poursuivent le gentil couple, ca lasse un peu) font de ce Mapuche pourtant salué ici et là comme - là encore une petite déception.
Bref, un seul excellent livre sur 4, c'est pas bezef, je le reconnais aisément..heureusement, j'ai -volontairement- fait l'impasse sur une dernière lecture estivale d'un livre de poche, mais celui ci mérite largement un article entier dessus, et cet article arrivera dès la semaine prochaine!!