Je suis bien d'accord avec vous, même si vous ne l'avez pas encore dit. Valérie Trierweiler ne joue pas, avec son livre à paraître demain, dans la même catégorie qu'Amélie Nothomb. Sinon sur un plan qui laisse rarement les éditeurs indifférents: 200.000 exemplaires de Merci pour ce moment ont été imprimés, soit le même chiffre, selon ce qu'on raconte, que Pétronille.A ce niveau, il devient nécessaire de se débarrasser d'urgence des stocks, il ne reste plus qu'à envahir les librairies, et personne ne se pose la question de savoir s'il faut chercher le dernier Nothomb au rayon littérature ou le dernier Trierweiler au rayon ragots, s'il en existe un à côté du dernier numéro de Closer. Les deux livres seront à portée de main au moment de passer à la caisse.Et puis, Valérie Trierweiler, n'est-ce pas une journaliste littéraire, après tout? Elle interrogeait bien Frédéric Beigbeder et Joanna Smith Rakoff, il y a deux semaines, sur leur rapport avec Salinger, puisque ces deux écrivains viennent de publier un livre dans lequel l'écrivain américain joue un rôle. Bien sûr, c'était dans Paris Match, dont les pages littéraires ne sont probablement pas les plus fines de la presse française (encore que).Et Paris Match, où elle écrivait, dont elle était sortie, où elle est revenue, c'est précisément l'hebdomadaire qui publie aujourd'hui, un jour avant tout le monde (formidable scoop), des extraits du livre mystérieux que les lecteurs normaux ne pourront acheter que demain. Enfin, normaux, c'est une manière de parler. Et puis, il faudrait qu'ils en aient envie. Mais tout est fait pour leur donner envie, puisqu'on ne parle que de cela depuis ce matin. Même moi, d'ailleurs, c'est dire à quel point l'épidémie est plus dangereuse que celle d'Ebola.J'aurais été curieux de voir si Valérie Trierweiler avait, aujourd'hui, parlé d'un livre (un autre livre que le sien) dans Match. Mais le numéro de cette semaine doit s'être arraché avant même d'arriver dans mon kiosque, même électronique. J'entends ce qu'on me dit (ou que je lis, ici et là): une douzaine de pages sont consacrées au sujet, et la couverture aussi, bien sûr, pour quatre malheureux petits extraits cités. Ce qui ne fait quand même pas grand-chose et ne permet probablement pas de rendre hommage au style de l'auteure.En revanche, les réactions fusent de toute part. Sauf du côté de l'Elysée, puisqu'il (on dit "il", pour l'Elysée? c'est qui, ça, l'Elysée?) n'avait pas vu venir la sortie du livre (moi non plus, si cela peut vous rassurer). Cela n'empêche pas le JDD, citant Le Parisien qui cite un proche du président, de décrire, certes d'un peu loin pour que l'image soit vraiment claire, un Hollande "atterré" par le livre de Trierweiler. On nous refait, comme souvent, l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a peut-être vu l'ours, à moins que ce soit celle du serpent qui se mord la queue, sur base je le rappelle de quatre courts extraits.Quant à savoir si Valérie Trierweiler va ou non vitrifier la rentrée littéraire, empêchant chaque acheteur de son livre de se procurer un roman récent, voulez-vous que je vous fasse un aveu? Je m'en moque.J'ajoute, à l'attention de celles ou ceux qui auraient l'intention saugrenue de me demander si je vais lire ce livre, que je tiens des super-pouvoirs d'un sorcier Jivaro, que je me suis longuement entraîné à réduire d'un seul regard un livre de 320 pages comme celui de Valérie Trierweiler au format d'un ouvrage d'Amélie Nothomb (je vous laisse faire la comparaison) et que je suis devenu capable de faire la même chose avec leur tête.