Sur le forum Squires, quelques commentaires d'inquiétude sur les divergences sensibles de notes entre Robert Parker et un de ses employés (nouveau statut voulu par les nouveaux propriétaires du Wine Advocate), Neal Martin.
Un mien lecteur par ailleurs m'avait communiqué ces questions posées par des lecteurs réguliers du site Parker.
Quels commentaires cela peut-il susciter ?
D'abord la fin d'une époque où une seule personne dominait très largement la critique "vins", à tout le moins pour quelques régions : côte ouest des USA, Bordeaux, Rhône. Une nouvelle génération arrive à maturité avec Neal Martin qui est toujours dans le team Parker et Antonio Galloni qui a pris son indépendance et réussit brillamment … avec une équipe qui va s'étoffer.
Ce qui prouve à quel point la multitude des vins, des régions à présenter nécessite bien plus un travail d'équipe qu'un travail individuel, sauf si le journaliste se limite à une seule zone vinicole : exemple : David Rayer (Mosel & Rhein).
Si, pendant quelque temps, quelques grands noms n'ont pas indiqué qu'une partie des écrits sous leur signature était le fruit du travail d'autres personnes, cela a vite changé avec l'exemple frappant du Guide B+D où l'équipe qui a travaillé sur cette édition 2015 est identifiée avec détail des tâches accomplies.
Certes, les auteurs majeurs ont toujours leur mot à dire sur le classement final des meilleurs domaines, mais on voit bien que le travail collectif est devenu une nécessité incontournable.
Ces divergences entre Parker et Martin montrent aussi à quel point l'analyse d'un vin est étroitement liée à un goût personnel. Bien entendu, il y aura toujours des amateurs qui se "calibreront" sur tel ou tel palais.
Et comme il y a et il y aura de plus en plus d'études comparatives comme les travaux exceptionnels de Bertrand Le Guern, on va sans doute voir une évolution sensible du rôle des critiques comme moteurs d'achat capables, par un seul article, de bouger les stocks de tel ou tel domaine, comme cela était le cas il y a quelques décennies, du temps des grandes heures de la RVF.
Et avec la multitude des sites et forums…
Du coup, qu'il me soit permis de souligner ici la belle et juste évolution du Guide B+D qui donne une certaine priorité à la présentation des domaines, des styles des vignerons, de leur façon de voir les choses, plutôt qu'une analyse ± sérieuse des vins eux-mêmes. Cela va donner quelque part une plus grande liberté aux amateurs qui disposeront d'un outil nouveau, plus libre, pour se faire leur propre opinion.
Car enfin, quand Parker et Martin ont des notes si différentes sur Smith Haut-Lafitte, ce qu'il faut faire : lire le commentaire sur cette propriété dans le Guide B+D, ça aide :-)