La polémique, lancée cet été par le Canard enchaîné, sur le non-renouvellement délibéré des membres de la Commission du Vieux Paris pour la museler au prétexte de la renouveler jette une lumière crue sur la politique socialiste, depuis 2001 et son esbroufe sur le thème de l'innovation architecturale.
La triste vérité, s'agissant de la qualité de l'architecture promue depuis la première élection de Delanoë est que la couardise et le gadget l'ont généralement emporté. Le moment clé de cette capitulation conformiste fut le choix du projet Mangin aux Halles en 2004. Par lâcheté politique et incompétence architecturale, Delanoë se soumit aux diktats du groupe Unibail, gestionnaire du centre commercial, qui torpilla la superbe proposition de Rem Koolhaas. Le bilan de ce fiasco reste encore à arrêter mais on est déjà à plus d'un millard d'euros de dépenses pour la construction d'une énorme verrue qui va défigurer le centre de Paris.
Pour tenter de faire oublier ce ratage colossal, qui vit pour la première et unique fois Libération se moquer de son maire à bobos, Delanoë et son adjointe à l'urbanisme à partir de 2008, Hidalgo, tentèrent de promouvoir des projets pseudo-innovants et courageux comme le grotesque toboggan verdâtre des Magasins généraux en bord de Seine dans le treizième arrondissement.
A la condition que des puissants, relayés par les médias, notamment LVMH avec sa fondation pour la culture dans le bois de Boulogne et sa nouvelle Samaritaine ou Unibail (encore ...) et la tour Triangle, prennent en charge une partie de la propagande pour modeler l'opinion, la mairie accepta quelques gestes prétendument novateurs.
Le problème est, qu'au passage, il fallait satisfaire la volonté de ces potentats en s'asseyant sur le droit. Le bâtiment de Gehry n'est par exemple censé faire qu'un étage alors qu'il fait presque 50 mètres de haut à côté du jardin d'acclimatation ! La tour Triangle est implantée sur une parcelle aberrante pour ne pas gêner le fonctionnement du parc des expositions dont la concession a été généreusement prolongée au bénéfice d'Unibail et la nouvelle Samaritaine, quelle que soit la qualité du projet de l'agence Sanaa, a d'ores et déjà provoqué la destruction de façades anciennes et de qualité sur la rue de Rivoli. Sur ce dernier sujet, lisez ICI l'excellent article de Didier Ryckner résumant la manière dont la plupart des médias se sont faits les serviles propagateurs des arguments de LVMH et de ses fatotum de la mairie.
Bref, c'est le règne de la dérogation et du privilège pour donner le change et faire oublier le monstrueux ratage des Halles.
Depuis une bonne dizaine d'années, la Commission du Vieux Paris a tenté de limiter les dérives delano-hidalguesques. Cela avait d'abord conduit à la démission de son président, François Loyer, opposé notamment au façadisme qui a meurtri le bâtiment du Louxor. Puis au départ de la secrétaire générale de l'institution, Marie-Jeanne Dumont, en 2011. Scandalisés par les atteintes au patrimoine parisien commis par Delanoë et sa bande, les membres indépendants de la Commission du Vieux Paris s'étaient notamment émus du massacre programmé des serres d'Auteuil, ce qui avait fort irrité le pouvoir municipal qui ne veut voir qu'une tête dans ses administrations.
Ce climat pesant avait contribué à convaincre la secrétaire générale de ladite commission de plier bagages, comme en témoignait un courrier qu'elle avait envoyé aux personnels et dont les termes méritent d'être rappelés :
"Chers amis,
C’est avec une réelle émotion que je dois vous annoncer mon prochain départ du secrétariat général de la Commission du Vieux Paris et de la tête du DHAAP. Mon détachement doit prendre fin le 1er septembre prochain. Mais dans les faits, compte tenu des congés que je dois solder, je ne serai presque plus présente au sein du service dès la mi-mai.
Une conjonction de facteurs d’ordres très différents a motivé et précipité ma décision. En premier lieu, le sentiment de ne plus disposer du soutien de l’Exécutif municipal rend ma position au sein de la Commission du Vieux Paris quasi-impossible, du moins dans l’idée que je me fais de cette mission. Ce n’est pas à vous qu’il est besoin d’expliquer que le travail à la tête de la Commission est particulièrement difficile, souvent délicat, très exposé à la critique ou à la vindicte. Il devient impossible ou vain dès lors que l’on ne bénéficie plus des soutiens politiques et des relais administratifs indispensables au sein des autorités municipales. Cela étant, il est vrai que d’autres éléments, liés à ma propre évolution professionnelle, ont également et fortement pesé...
Marie-Jeanne Dumont"
Suivirent de nouveaux conflits entre la mairie et la Commission, entre autres concernant la halle Freyssinet ou un bâtiment Henri IV dans le 11ème arrondissement.
Peu connue pour son goût pour le débat et la tolérance, Hidalgo tente désormais de tuer toute velléité d'indépendance de la Commission du Vieux Paris et d'empêcher l'accès du publicà ses avis.
Signez ICI la pétition lancée pour l'en empêcher.