genre: propagande, sport
année: 1938
durée: 3h20/3h40 selon les versions
Synopsis: La cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Berlin.
la critique d'Alice In Oliver:
Le nom de Leni Riefenstahl est tristement célèbre. En effet, la réalisatrice allemande a largement participé à la propagande du IIIe Reich avant la Seconde Guerre Mondiale. En 1936, Leni Riefenstahl s'est déjà fait connaître en Allemagne en réalisant Le Triomphe de la Volonté, véritable éloge du nazisme dans toute sa splendeur et d'un chef, Adolf Hitler, considéré comme l'élu du Peuple, voire même l'Elu de Dieu. Les Dieux du Stade sort en 1938.
Le film est présenté le 20 avril de la même année, le jour de l'anniversaire d'Adolf Hitler. Goebbels est tellement impressionné par le travail de Riefenstahl qu'il lui fait verser une prime de 100 000 Reichsmarks qui s'ajoutaient au 250 000 RMS touchés initialement.
Le film reçoit le Deutschen Filmpreis, le prix suédois Polar-Preis, une médaille d'Or olympique du Comité international olympique en 1938 et un diplôme olympique en 1948 au Festival de Lausanne. Olympia (c'est le titre original du long-métrage) est également récompensé d'une Coupe Mussolini lors du Festival de Venise, suite à une intervention directe de Benito Mussolini, alors que le jury hésitait entre Les Dieux du Stade et Autant en emporte le vent.
Suite aux évènements de l'année 1939 impliquant le régime nazi, un boycott des films de Riefenstahl est organisé par Hollywood.
Après la Seconde Guerre Mondiale, le film est avant tout considéré comme une œuvre de propagande du IIIe Reich. Pourtant, vers le milieu des années 1960, Les Dieux du Stade est reconnu par certaines critiques pour ses qualités techniques et esthétiques.
C'est par exemple le cas du réalisateur lituanien Jonas Mekas qui déclare: « Et voici ma dernière déclaration à propos des films de Riefenstahl : si vous êtes un idéaliste, vous y verrez de l'idéalisme ; si vous êtes un classique, vous verrez dans ses films une ode au classicisme ; si vous êtes un nazi, vous y verrez du nazisme. ».
Dans ses Mémoires, Leni Riefenstahl précise : « J'ai tourné Olympia comme une célébration de tous les athlètes et un rejet de la théorie de la supériorité de la race aryenne. ». Il est vrai que Jesse Owens, athlète noir américain, est présent dans le film, tout comme l'ensemble des autres vainqueurs « non aryens ». Néanmoins, sur le fond comme sur la forme, Les Dieux du Stade reste un film profondément abject. Cependant, certains détracteurs considèrent cette oeuvre comme un documentaire précurseur des retransmissions télévisées actuelles.
Par exemple, Leni Riefenstahl utilise beaucoup la technique des ralentis, notamment lorsque les athlètes réalisent de véritables exploits.
Les Dieux du Stade se divise en deux parties bien distinctes: la première partie intitulée "Fest der Völke" (la Fête des peuples) commence par l’histoire des anciens Jeux dans la ville d’Olympie et les traditions et relate les épreuves d’athlétisme.
La deuxième partie "Fest der Schönheit" (la fête de la beauté) relate la fin des épreuves d’athlétisme ainsi que celles de gymnastique, d’escrime, de voile, d’équitation et de plongeon. Grâce aux moyens employés, Leni Riefensthal délivre une vision particulière des Jeux Olympiques, à savoir un tournoi réunissant non seulement les meilleurs athlètes du moment, mais surtout une série d'épreuves basées sur la pureté, la compétition, l'exploit et la performance.
En résumé, les sportifs "aryens" se doivent de triompher et ce, sous l'oeil vigilant et intéressé d'Adolf Hitler, que l'on voit par moments à l'écran, et applaudissant les performances des vainqueurs du IIIe Reich. A ce titre, comment ne pas évoquer le cas de Jesse Owens ?
L'athlète noir américain remportera plusieurs médaillers d'or. Ses exploits sont clairement montrés à l'écran. Magnifique pied de nez pour ce sportif qui réussira l'impossible malgré les sifflets du public. Autre ambition du film: montrer la suprématie du IIIe Reich et surtout la supériorité de la race "aryenne". Certes, les sportifs allemands ne remporteront pas toutes les épreuves, loin de là.
Cependant, la caméra de Riefenstahl voue une véritable fascination pour ces athlètes qui défendent les couleurs ou plutôt la Croix Gammée du drapeau nazi. C'est par exemple le cas lors de la partie intitulée "La fête de la beauté", qui commence par montrer des athlètes "nazillards" plonger dans l'eau, comme pour signifier la pureté. Comme par hasard, ces sportifs sont grands, blonds et musclés.
Bref, et vous l'avez compris, Les Dieux du Stade est un film scandale qui divise les critiques et les réalisateurs du noble Septième Art. En tout cas, dans son genre, Les Dieux du Stade reste indéniablement une curiosité, une sorte de machine infernale commandée et produite par le IIIe Reich.
Encore une fois, on y trouve tout de même des thèmes chers au nazisme. Je n'y reviens pas, je les ai déjà évoqués. Pas de note donc ! Pour moi, ce genre de film propagandiste ne mérite pas de tels égards.