Publié le septembre 3rd, 2014 | par spacecowboy
World Grand Prix : M. Hang-On et Mme Enduro Racer ont un fils
Pour donner vie à son principe de plaisir immédiat et de maîtrise par l’apprentissage, l’arcade a enfanté deux genres : le shoot’em up et le jeu de course. Très actif dans la seconde catégorie, Sega a conçu l’essentiel de sa progéniture sur le panneau des bornes : Turbo, Hang-On, Outrun, Super Monaco GP, Sega Rally, Daytona USA, etc. Mais entre deux séances d’acrobaties sur le comptoir d’échange de monnaie ou le sol pas très net des salles d’arcade, Sega rentrait parfois à la maison pour honorer ses épouses fidèles, les consoles de salon.
Comme il l’a fait avec toutes ses consoles, Sega a multiplié les conversions arcade sur Master System. World Grand Prix, en revanche, a été développé pour la 8 bits sans passer par la case borne. Baptisé initialement The Circuit au Japon, World Grand Prix a un nom encore plus explicite en Occident. Sur douze circuits, votre formule 1 va faire le tour du monde à 300 km/h. Pas de checkpoints, mais un temps à ne pas dépasser sur un seul tour. Un retard d’une malheureuse seconde signifie la fin de la partie, sans sommation. Le but est de parvenir à parcourir les douze tracés dans le délai, avant de repartir au premier circuit pour une nouvelle boucle. Sans sauvegarde ni mot de passe.
Plus encore que dans Hang-On, le tracé des circuits ne pose pas de problème. La difficulté est de slalomer entre les concurrents moins rapides. Si vous les emboutissez à grande vitesse, votre voiture explose et ne revient sur la piste qu’après plusieurs secondes. Une explosion par course, ça va. Deux explosions, bonjour les dégâts et bonne chance pour vous qualifier. Nombreux, les adversaires sont aussi imprévisibles et changent souvent de trajectoire. Juste quand vous étiez bien lancé dans la ligne droite, en voilà un qui déboîte comme un idiot devant vous. Boum !
Quand on commence à jouer à World Grand Prix, on joue beaucoup du frein et on fait des temps modestes. Dans le meilleur des cas, une petite musique annonce la qualification et nous amène sur un tableau des scores. Si vous avez franchi la ligne d’arrivée à la dernière seconde en tirant la langue (Catcha !), vous obtenez 10 points. Davantage si vous avez été plus rapide et jusqu’à 200 points si vous avez fait la course parfaite. En théorie du moins, car si vous galérez au début, vous serez abonné aux 10 et 20 points et vous continuerez à vous demander ce que vient faire cet indicateur « Parts » sur l’affichage supérieur en course.
La lumière viendra lorsque votre score total atteindra 100 points. Un nouvel écran s’ouvre alors pour vous présenter les améliorations à installer sur le véhicule. 100 points pour booster l’accélérateur, 150 pour assouplir la direction et 200 pour augmenter la vitesse maximale. Choisissez bien votre bonus et le moment de l’acheter, car il n’est activé que pendant la course suivante.
L’amélioration la moins chère est la plus utile, c’est-y pas beau ça ! Qui l’eût cru, le boost d’accélération accroît la vitesse de l’accélération de la voiture (un peu lente au démarrage de base). Vous jaillirez ainsi plus vite de la ligne de départ et vous repartirez plus rapidement après un accident. En outre, votre formule 1 ainsi tunée aura la capacité de décélérer plus fortement sans toucher au frein. La conduite se fait plus fluide et plus agréable, un vrai bonheur. Le bonus de direction apporte un léger mieux, mais pour 150 points, c’est du vol ! Enfin, l’augmentation de la vitesse maximale est le meilleur moyen pour vous planter en vous la jouant trop fast and furious. L’accélération, c’est le bien, encore faut-il avoir les 100 points en poche à chaque course pour l’activer.
Même si on adore les jeux de course arcade, on peut ne jamais avoir entendu parler de World Grand Prix. C’était mon cas et je pense savoir pourquoi : la pochette. Jugez-moi si vous voulez, mais il fut un temps où j’achetais mes jeux en me fiant surtout à l’illustration sur la pochette. Si la boîte du jeu n’attirait pas directement mon regard, il y avait encore un espoir s’il s’agissait d’une conversion arcade. Lire le nom sur la tranche de la boîte, je savais faire. Mais « World Grand Prix », c’est quoi ça ?
Aujourd’hui, je sais que j’ai eu tort et que j’aurais dû lire le tout premier numéro du magazine Gen4. À la page 31 de la nouvelle revue, le rédacteur considérait World Grand Prix comme « la plus belle course de monoplace sur console et micro ». Forcément, près de trente ans plus tard, il est difficile de s’imaginer impressionné par la qualité technique du jeu. En revanche, on saisit immédiatement le potentiel d’une fonction inhabituelle sur consoles : l’éditeur de circuits.
Avec quelques manipulations enfantines, on crée son tracé. Ensuite, on s’élance sur le bitume encore chaud pour faire le meilleur temps. Trente ans plus tôt, on aurait passé la manette au copain d’à côté pour le défier de faire mieux. Avant qu’il nous repasse la manette à son tour et que les heures passent… Certes, le circuit dessiné par vos soins s’efface lors de l’extinction de la console, mais entre-temps, l’affichage du meilleur tour aura suffi à créer le challenge. Les joies du multijoueur en alternance !