La comète Siding Spring à côté de l’amas NGC 362, photographiée le 28 août 2014 par Damian Peach
En attendant son rendez-vous avec Mars le 19 octobre prochain, la comète Siding Spring se fait tirer le portrait entre le Petit Nuage de Magellan et l’amas globulaire 47 Tucanae tandis qu’elle se fraie un chemin dans la constellation du Toucan.
Découverte le 3 janvier 2013 par Robert McNaught — c’est loin d’être sa première prise ! — à l’observatoire de Siding Spring en Australie, alors qu’elle venait de dépasser l’orbite de Jupiter, la petite comète C/2013 A1 Siding Spring fait sa première incursion dans notre système solaire interne sous le regard d’Homo Sapiens. Sa trajectoire indique qu’elle est originaire du lointain et vaste nuage de Oort et qu’elle met plusieurs millions d’années pour se rapprocher du Soleil (périhélie)… D’ailleurs, son prochain rendez-vous est prévu pour le 25 octobre 2014 à quelque 1,4 unité astronomique. Ce qui en fait un astre remarquable et très suivi au cours de ces prochaines semaines est principalement sa rencontre avec Mars, annoncée le 19 octobre. Ce jour-là, en effet, la comète devrait frôler la planète rouge à une distance de 132 000 km (soit environ 1/3 de la distance Terre-Lune) vers 18 h 28 TU (20 h 28 en France métropolitaine) ! Même si les risques que cette « boule de neige sale » percute la surface de notre voisine sont très faibles mais non nuls, des astronomes ont calculé qu’un cratère de 6 à 10 km pourrait alors être formé si, bien sûr, les dimensions estimées de l’impacteur sont exactes (la taille de son noyau serait de 700 m). Puisqu’il est peu probable que cela se produise, la véritable menace est surtout celle que représentent les milliards de particules dispersées dans son sillage, à plus de 56 km/s. Aussi petites soit-elles, elles pourraient endommager gravement l’un des orbiteurs présents là-bas (Mars Odyssey, MRO, Mars Express, etc.). Aussi, la NASA prend-elle toutes les précautions qui s’imposent en conduisant les vaisseaux de sa flotte dans la partie opposée au passage de l’astre chevelu. Les chercheurs n’excluent pas que les rovers présents dans différentes régions, au sol, puissent assister à une pluie météoritique exceptionnelle. Une première dans l’histoire de l’exploration du système solaire.
Illustration de la comète Siding Spring frôlant la planète rouge le 19 octobre – Sa queue de poussière provoquera t’elle une pluie d’étoiles filantes visible du sol de Mars ?
En route vers Mars, la comète Siding Spring se donne actuellement en spectacle aux observateurs de l’hémisphère sud. Le 29 août dernier, l’astronome amateur Rolando Ligustri l’a admirablement photographié à distance alors qu’elle se promenait dans la constellation du Toucan, non loin du pôle sud céleste. Légèrement courbée, la queue de gaz et de poussière marque une virgule entre deux grands ensembles stellaires lointains : le Petit Nuage de Magellan (SMC) distant d’environ 200 000 années-lumière de nous et, un peu plus proche, l’amas globulaire 47 Tucanae, éloigné d’environ 13 000 années-lumière. Le premier est une galaxie naine située dans la banlieue de la Voie lactée et le second concentre dans une sphère de quelque 120 années-lumière de diamètre, des dizaines de milliers d’étoiles âgées, également en bordure de notre galaxie. Avec une magnitude actuelle atteignant +9.5, le minuscule corps de glace et de poussière n’est qu’à qu’une dizaine de minutes-lumière de nos yeux.
Au cours des jours à venir, Siding Spring se fraiera un chemin en direction des constellations de l’Octant (Octans), du Paon (Pavonis), Télescope (Telescopium), Ara (Ara) pour enfin devenir visible dans le ciel boréal à partir du 27 septembre, dans le Scorpion (Scorpius). Les 5 et 6 octobre, nul doute que les astrophotographes seront aux aguets pour capturer son passage dans le voisinage (visuel) du fameux amas de Ptolémée M7. Hélas, sous nos latitudes le Scorpion sera bien bas, au raz de l’horizon. Ces soirs-là, les curieux ne manqueront pas de remarquer en direction du sud-ouest, notamment les 29-30 septembre, la proximité de la planète rouge et de l’étoile Antarès. L’éclat rougeoyant de cette supergéante rouge lui a d’ailleurs valu son nom de « rivale de Mars » (anti Arès). Quand la comète viendra flirter avec le dieu de la guerre, le 19 octobre, ils seront près du genou d’Asclépios, c’est-à-dire Ophiuchus, la treizième constellation du zodiaque. Patience…
Trajectoire de la comète Siding Spring
Crédit photos : Rolando Ligustri/Damian Peach/NASA/JPL-Caltech.