FIGAROVOX/ OPINION – Benoît Hamon restera comme le seul ministre de l’Education nationale qui n’aura effectué aucune rentrée scolaire. Pour Jean-Paul Mongin, Délégué général de SOS Education, l’ancien locataire de la rue de Grenelle laisse, malgré tout, derrière lui un lourd bilan.
Pour les écoliers, c’est la rentrée, pour Hamon, la sortie. Après trois petits mois passés à noyer les poissons de la rue de Grenelle, celui qui restera dans les annales comme le seul Ministre des vacances scolaires (ses trente prédécesseurs sous la Vème République, aussi éphémères aient-ils été, ont effectué au moins une rentrée des classes) jette l’éponge. Pour souci de cohérence et d’intégrité, bien entendu. Dimanche, il martelait: «Mon action dans les mois et les années qui viennent se fera non pas en fonction des adultes à l’école, mais en fonction des intérêts des enfants». Lundi, l’intérêt des enfants a été sacrifié à l’intérêt supérieur de Hamon, qui fait semblant de découvrir la politique du gouvernement dans lequel il s’est engagé il y a trois mois. Retour sur une action au service de l’école qui fera date:
Rythmes scolaires, tout d’abord. Il ne s’agissait à l’origine, on s’en souvient, que de revenir à 5 matinées de classe par semaine, ce sur quoi tout le monde était d’accord. Les gesticulations de Benoît Hamon sur ce dossier ont fini par faire de l’habillage de cette réformette LE sujet éducatif de son ministère. Comme s’il n’y avait pas d’autres urgences que les modalités d’organisation des activités périscolaires, à l’heure où près d’un élève sur cinq ne sait plus lire en entrant au collège!
Mérite. Avec l’initiative démagogique et absurde de supprimer les notes en primaire, Benoît Hamon peut se targuer d’avoir poursuivi le travail de sape de ses prédécesseurs visant l’autorité des enseignants. C’était aussi un bon moyen de faire disparaître toute référence à la notion de mérite, ce qui a semblé être chez lui une obsession: Benoît Hamon restera comme le Ministre ayant enterré les bourses d’excellence, qui étaient attribuées à des candidats de milieux modestes reçus au baccalauréat avec la mention Très Bien. Benoît Hamon aura porté à son apogée la grande braderie des diplômes (le taux de réussite au baccalauréat a atteint en 2014 son record historique, à 87,9%). Interdisant aux filières universitaires surchargées de sélectionner les étudiants sur concours ou sur dossier, Benoît Hamon aura cautionné l’organisation des inscriptions à la Faculté par tirage au sort, etc.
Vocations. Pour la première fois de son histoire, et malgré un taux de chômage au sommet, l’Éducation nationale ne parvient plus à attirer de futurs enseignants qualifiés. Benoît Hamon a recruté des professeurs des écoles ayant obtenu 4,17/20 de moyenne au concours… peut-être aurait-il fallu supprimer leurs notes «discriminantes et vexatoires», à eux aussi?
Rééducation. L’affaire des ABCD soi-disant «de l’égalité» a montré ce qu’était devenue l’école pour ce gouvernement: un outil de formatage idéologique destiné à servir son programme de transformation du corps social. Ne doutons pas que, derrière des reniements du bout des lèvres, l’élargissement de ce dispositif ne soit en cours: Benoît Hamon vient d’accréditer comme association partenaire de l’Éducation nationale «Le Refuge», groupuscule militant en faveur des droits sexuels LGBT, qui aura désormais la porte des établissements grande ouverte. Bien entendu, les parents d’élèves ne seront pas consultés, ni même informés de ces interventions, prises sur le temps scolaire. C’est cela, «jouer la carte de l’apaisement».
Face à la mesquinerie politicienne qui conduit Benoît Hamon à prendre la tangente dans les pas de Montebourg, les esprits chagrins, y compris à gauche, murmurent. Avec des serviteurs dotés d’un sens aussi aigu de l’État, disent-ils, la France n’a plus besoin d’ennemis. Mais Monsieur le Ministre peut répondre qu’il quitte ses fonctions en laissant ses dossiers bien rangés, avec le sentiment du devoir accompli. Nous lui souhaitons une excellente retraite, et pleine jouissance des prébendes qui lui sont attachées.
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