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Le premier ministre Manuel Valls sifflé au Parti socialiste

Publié le 01 septembre 2014 par Juan

A quand remonte votre dernier souvenir d'un premier ministre socialiste hué à l'université d'été de son propre parti par des militants de son propre parti ?


Son arrivée a été ratée, sous les huées de quelque militants CGT et du Front de gauche. Mais on a cru un instant que la fronde était réelle et si forte que le premier ministre serait malmené. Samedi, Christiane Taubira était dans la salle de ses résistants de l'intérieur, une salle comble et nourrie d'applaudissements.
Mais Manuel Valls a tenté de conclure l'université d'été du Parti socialiste. Mais il y eut des sifflets, encore des sifflets. Des applaudissements aussi, nombreux.

Mais aussi des sifflets.


Il fallait se répéter la question: à quand remonte notre dernier souvenir d'un premier ministre socialiste hué à l'université d'été de son propre parti par des militants de son propre parti ?
C'est un évènement politique gravissime, sauf si l'on pense que le parti socialiste ne représente plus grand chose. "Sans faire l'unanimité : Valls fait passer son message social-libéral au PS" résume sobrement le quotidien communiste l'Humanité.
Valls est un ancien adhérent du parti socialiste, plus de trente ans qu'il a sa carte. Il fut gêné par des "vive la gauche" criés dans la salle. Pour les faire taire, il se réfugia derrière des hommages a-politiques (aux victimes d'un immeuble effondré dans la nuit, à un socialiste languedocien condamné pour corruption mais décédé d'un douloureux cancer la semaine précédente).
Mardi, Valls aime les entreprises.  Dimanche, Valls aime les socialistes. 
La vie est ainsi mal faite que les deux déclarations n'avaient que quelques jours d'intervalle, pas le temps de souffler, pas le temps d'oublier.

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La fibre personnelle, bien sûr, l'histoire intime, la confession éponyme, l'appel à la jeunesse. Manuel Valls avait commencé la semaine sur une autre déclaration d'amour que ce "J'aime les socialistes", mais elle était loin, quelques jours à peine. Pour taire les plus critiques de la salle, Valls avait envie de quelques menaces, il lâcha un appel à la solidarité, mais laquelle ? "Les Français nous regardent, les Français nous observent."
Valls avait la gauche à la bouche, à toutes les sauces, et surtout la sienne. Cette valse des étiquettes, quand on se souvient de la semaine écoulée, de l'année passée, des déclarations qui font tâche, avait avait quelque chose d'indécent.
"Il n'y a pas d'un côté la gauche qui gouverne et de l'autre la gauche. Il y a la gauche en mouvement, pour que la gauche avance. La gauche, celle qui gouverne, c'est celle qui tient quand toutes les digues s'apprêtent à rompre. La gauche, celle qui gouverne, c'est faire, surtout quand c'est difficile. La gauche, celle qui gouverne, ce n'est pas revenir, ajourner, rétrograder. La gauche, celle qui gouverne, c'est avancer, réformer, progresser!"
Valls parlait de gauche, mais sans preuve, sans actes sur lesquels appuyer son propos. C'étaient des mots, hors sol. Il louait la jeunesse ("Je suis fier d'être Français, je sais ce que je dois à mon pays. Je veux que tous les enfants de France soient fiers de leur pays, s'y sentent à leur place").
Le premier ministre n'osa pas faire une éloge trop lourde du Pacte irresponsable, des 50 milliards d'euros d'économies budgétaires pour financer 41 milliards d'euros de réduction de charges sociales. Il n'évoqua pas les sinistres prévisions économiques qui chiffraient l'ampleur du désastre - 60.000 emplois détruits nous disait-on à Bercy. Il s'énerva qu'on le siffle à nouveau:
"Qu’il y ait même quelques sifflets sur l’idée du soutien aux entreprises(…), quel message adressez-vous aux Français ? "
Le premier ministre était sifflé par des militants de son propre parti.
Manuel Valls n'évoqua pas plus la future loi sécuritaire que son ministre de l'intérieur devrait défendre devant l'Assemblée, une loi pour empêcher des apprentis djihadistes, ou tout autre Français qu'une juge, sans recourir à un procès, jugerait utile d'empêcher de partir du pays, une loi qu'en d'autres temps, Manuel Valls, la main sur le coeur, aurait qualifié d'agitation inutile.
Manuel Valls fut sifflé quand il évoqua la crise du logement -"il est inadmissible (…) que l’accès au logement reste une véritable galère pour des millions de Français.". - Hollande avait promis puis fait voter l'encadrement des loyers, Valls le défait.
Quand Manuel Valls évoqua Emmanuel Macron, il fut sifflé encore, par quelques-uns. Il ramena le calme en faisant applaudir Najat Vallaud-Belkacem, l'artifice était facile.
Manuel Valls préférait les sujets de société, une diversion facile pour rassembler un camp déchiré par une dérive soiale-libérale. Il s'est enfin réfugié derrière la figure tutélaire du vainqueur de mai 2012, François Hollande lui-même.
"Le chef de l'Etat mérite le respect de tous, il mérite notre affection, il mérite notre loyauté, il mérite notre soutien parce que c'est grâce à lui, c'est grâce à son engagement, c'est grâce à son élection, que nous pouvons aujourd'hui gouverner, que nous pouvons assumer nos responsabilités et si les socialistes ne sont pas au premier rang pour le soutenir, qui pourrait alors le faire ? Alors je vous demande, au-delà des questions naturelles, au-delà des débats, de dire et de proclamer, oui, notre soutien et notre affection au chef de l'Etat. C'est notre devoir d'être à ses côtés."

Notre devoir d'être à ses côtés ?
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