Ce recul scientifique, pris par ces chercheurs de la Duke University, révèle que deux « anciens » vaccins anti-VIH, testés lors d’essais pédiatriques, pourraient bien apporter une protection appréciable à l’âge adulte. Ce réexamen de données, présenté dans le Journal of Infectious Diseases, montre en effet que les nourrissons alors vaccinés lors de tests dans les années 90 ont bénéficié de puissants anticorps, inconnus à l’époque, qui bloquent l’infection en ciblant un site spécifique et stable de l’enveloppe du virus. Une nouvelle « hypothèse immunitaire » depuis éprouvée chez l’adulte.
Les chercheurs de la Duke ont ré-analysé les résultats de 2 essais historiques de vaccins anti-VIH avec des résultats encourageants sur le nourrisson. Les vaccins avaient en effet déclenché une réponse immunitaire.
Il se trouve qu’entretemps, depuis ces essais, une étude -à laquelle avait participé une autre équipe de la Duke- a révélé comment le système immunitaire produit un puissant anticorps capable de bloquer l’infection par le VIH des cellules en ciblant un site spécifique et stable de l’enveloppe du virus. Dans cette nouvelle optique, la réponse immunitaire provient d’anticorps spécifiques, attachés à une région particulière de l’enveloppe extérieure du virus VIH, et non des anticorps neutralisants à large spectre longtemps ciblés dans la recherche de vaccins anti-VIH.
Il se trouve aussi qu’il y a 20 ans, à l’époque des 2 essais pédiatriques réexaminés, cette réponse par anticorps spécifiques n’était pas encore identifiée et n’avait donc pas été évaluée.
Lors de cette nouvelle analyse, les chercheurs, à la recherche de ces « nouveaux » anticorps, ont réévalué les échantillons de sang provenant de ces précédents essais. Ces essais – qui datent de 1993 et de 1998- portaient alors sur les vaccins de VaxGen, de Chiron et sur l’ALVAC® HIV, développé par Sanofi Pasteur. Les chercheurs montrent que la « nouvelle réponse immunitaire » est détectable dans les échantillons correspondants aux âges d’1 an (59 à 79% des échantillons) et 2 ans (28 à 56% des échantillons), selon les vaccins testés. Cette nouvelle réponse immunitaire, qui dure jusqu’à 2 ans est donc suffisamment longue déjà pour prévenir la transmission mère–enfant. Son identification laisse espérer que ces candidats vaccins constituent une base pour obtenir aussi cette nouvelle réponse immunitaire chez l’adulte.
Mais reste à vérifier par des études supplémentaires si la « nouvelle » réponse immunitaire identifiée dans les vaccins candidats fournit bien cette protection de très long terme contre l’infection à VIH.
Source: Journal of Infectious Diseases August 27, 2014 doi: 10.1093/infdis/jiu444 Infant HIV-1 gp120 vaccination elicits robust and durable anti-V1V2 IgG responses and only rare Envelope-specific IgA responses (Visuels Duke)