au rendez-vouq
Le dernier opus de la planète des singes est sorti le mois dernier. La bande annonce peut laisser perplexe. Elle mise sur les explosions et des effets spéciaux. Elle laisse un sentiment d’inachevé. Il ne faut pas rester sur cette impression. Evidemment cette production là est un blockbuster comme Hollywood sait en réaliser. Ce film a sûrement coûté une somme astronomique mais au moins le résultat est. Les effets spéciaux sont à couper le souffle. Millimétrés, ils révèlent des prouesses techniques et technologiques et nous plongent immédiatement dans les scènes d’actions. Cette maîtrise de ces outils est parfois amplifiée par la 3D. Certaines scènes peuvent procurer une sensation de vide. Les différentes confrontations demeurent intenses. On suit ici le déroulement de l’intrigue comme si on s’attachait à dérouler le fil de l’action d’un péplum. Au moment des cavalcades et de l’assaut sur la ville lancée par l’armée de singes, on oublierait presque que cette opération est menée par des singes. Cette réalité nous trouble pendant toute la durée du film. Finalement, on finit pas ne plus penser que les singes sont des singes. La guerre est ainsi une donnée universelle. La paix ne dure jamais très longtemps. Ses défenseurs sont parfois perçus comme des incompris. Les agressés se transforment en agresseurs et les bourreaux ne sont pas toujours incarner par les personnes que l’on pense. Entre malaise et réalisme, ce film pose la question de la cohabitation entre l’homme et l’animal. Le plus intelligent ou rusé n’est pas toujours l’homme censé pourtant être doté d’une conscience. La compréhension passe par l’acceptation des différences et par la connaissance de l’autre. La patience et la douceur représentent la clé de voûte de ces relations tendues. Après une coexistence brève mais intense, cet équilibre est menacé par la réalité d’un conflit.
Les explosions il y en a mais elles sont plutôt bien dosées et rythment parfaitement l’intrigue. Tout est intelligemment ficelé. Certaines scènes apparaissent violentes et poignantes. Cette émotion n’est pas calculée mais tombe sous le sens. Certains passages sont particulièrement touchants et pétris d’humanisme et d’humanité.
Koba et César : deux singes très humains
La représentation des singes est simplement époustouflante. Les images de synthèse les rendent humains. Leurs traits de caractère, leurs regards parfois accentués, leurs attitudes sont clairement inspirés des hommes. Ils s’approprient nos postures. Cet effet miroir est saisissant et donne une sensation étrange. Cette incroyable incarnation questionne notre rapport à l’animalité et à l’humanité. Ce design très pur apparaît réaliste. Quand ils nous regardent d’une manière pénétrante, on croiraient vraiment y apercevoir un visage humain. Cette caractéristique brouille un peu les pistes.
Où commence chacun de ces concepts ? La limite est-elle poreuse ? L’amitié est-elle une notion universelle ou se partage-t-elle seulement entre membres d’une même espèce ? Toutes ces questions sous jacente jalonnent le film. Elles ne sont pas forcément traitées en profondeur. Au moins, la Planète des singes : l’affrontement a comme qualité de ne pas dévoiler une vision du monde binaire. Rien n’est simple. Une relation se crée au fil des évènements et peut aussi se défaire pour de mauvaises raisons. Certains singes demeurent plus humains que les hommes quand d’autres parviennent à les apprivoiser et à tisser de vrais liens d’amitié avec eux. A cet instant l’animal devient l’égal de l’Homme. Certains singes comme Koba ont gardé uniquement leur part d’animalité. Le seul défaut réside ici dans l’incarnation du « singe méchant ». Ce singe aussi est affublé d’attributs qui d’habitude nous définissent. Il s’avère rancunier, vengeur, il est habitué par un sentiment de revanche, il cherche aussi à obtenir coûte que coûte le pouvoir quitte à trahir sont ami. Le seul problème est que l’on ressent vraiment son côté animal. Il semble préoccupé uniquement par la survie de son espèce et ne se soucie pas du reste. Pour lui aucune cohabitation n’est possible entre les singes et la communauté humaine. Tout n’est qu’affrontement quitte à tuer l’un des siens. Comme tout bon méchant qui se respectent, son corps est marqué par une cicatrice. Son regard s’avère glacial et haineux. Son attitude devient délétère pour toute sa tribu. Il court à sa propre perte. Il s’approprie le rôle du leader sans en être un et détourne la situation comme bon lui semble. Comme il est loin des valeurs pacifistes et pacifiques et prône l’affrontement. Cette réalité le dépasse. Par égoïsme et égocentrisme, il finit par tomber dans ces pires travers. Il affronte les hommes, son chef et lui-même. Ce singe « mal léché » se rapproche des hommes qui le chassent et qui veulent se débarrasser de ses congénères. A l’inverse. César lui cherche à créer une coexistence pacifique avec les hommes. Pourtant tous deux s’apparentent à des singes évolués. César décide de faire confiance aux hommes lorsque Koba choisit l’affrontement. Ces deux hommes offrent deux types de comportement possibles à une même situation.
Hormis quelques longueurs, ce film est réussi et répond aux critères des grands blockbusters hollywoodiens : de l’action, des sentiments, des effets spéciaux et des questionnements peu aboutis. La planète des singes : l’affrontement représente un bon divertissement. Sans être le film de l’année, il reste quand même intéressant même si la 3D n’apporte pas forcément grand chose sauf peut-être une sensation de profondeur et parfois de vertige.
Encore un argument qui fait de cette production une machine à cash de l’industrie cinématographique américaine.
Jessica Staffe