Gauche, droite, c'est la même chose, c'est l'UMPS. Ca c'est ce que l'on peut entendre régulièrement dans la bouche de Marine Le Pen et des militants du Front National. Malheureusement, si l'on considère que le PS est encore un parti de gauche, on peut difficilement contrecarrer cette affirmation, tant la politique économique menée par François Hollande ressemble comme une goutte d'eau à celle de son prédécesseur. Seules quelques postures d'ordre sociétal ou moral semblent encore les distinguer.
Quant à savoir si le PS est un parti de gauche, François Hollande avait levé les dernières ambigüités dès le mois de janvier de cette année en assumant le tournant libéral de sa politique, Manuel Valls vient d'enfoncer le clou en déclarant son amour pour le monde de l'entreprise et en menaçant de s'attaquer encore aux acquis sociaux comme les 35 heures, le travail le dimanche ou les seuils sociaux.
Le PS est donc bel et bien un parti de droite, du moins en ce qui concerne ses dirigeants. Sur ce point les choses sont claires, et c'est là tout le drame de notre pays : il n'y a plus d'alternative politique crédible au libéralisme effréné. Le résultat est que cela plonge notre pays dans la dépression et le rejet de la politique. Le résultat est que cela permet surtout à Mme Le Pen de se proclamer comme la seule alternative crédible. Qu'elle n'ait jamais condamnée une seule réforme libérale, qu'elle n'ait jamais remis en cause le capitalisme dans sa globalité, qu'elle essaie d'affaiblir en permanence des syndicats pourtant bien peu fringants, cela ne lui pose pas problème, ce qui compte pour elle et son parti, c'est la posture.
En fait, notre pays ne devrait pas être plongé dans le marasme moral où il est si l'autre puissance de gauche, à savoir le Front de gauche, assumait pleinement le rôle qui devrait être le sien, celui de représentant d'une autre politique possible, réellement de gauche celle-ci. Le Front de gauche devrait normalement être porteur d'espérances, d'utopies, d'envies de politique autrement, sans lesquelles aucun changement n'est possible.
Seulement voilà, ce qui reste aujourd'hui de gauche crédible en France ne porte pas cet espoir et la faute est à imputer essentiellement à sa composante principale, le PCF. Officiellement, par la voix de ses dirigeants, le parti de la place du Colonel Fabien condamne systématiquement les dérives droitières de François Hollande. Dans les mots, les choses sont toujours claires et les Français qui aspirent encore au progrès social et humain s'y reconnaissent la plupart du temps. Seulement, les actes ne suivent jamais les paroles puisque le PCF négocie en permanence ses postes d'élus avec la rue de Solférino. Comment alors expliquer aux citoyens que l'on peut s'allier avec ceux que l'on condamne verbalement et en toute circonstance. C'est un paradoxe que personne ne peut comprendre et qui est un véritable boulet pour le Front de Gauche.
Pire encore, non seulement le PCF négocie avec le PS, mais il le fait en catimini, dans le dos de ses électeurs et de ses militants. Bref de la pure politique de gribouille, celle-là même dont les Français ne veulent plus. Le dernier exemple date de ce week-end avec Pierre Laurent, patron du PCF, qui se rend aux journées d'été du PS à La Rochelle et tient un discours sans aucune ambiguïté possible sur les atermoiements et les renoncements socialistes, et qui il y a quelques jours à peine négociait en douce des places sur les listes au sénatoriales de cet automne. Il faut dire que son propre siège est en jeu à Paris. Comme quoi, les convictions sont bien peu de choses quand il s'agit de conserver sa position sociale.
Le 6 septembre, les différentes composantes du Front de gauche se réunissent pour essayer de relancer le Front de Gauche. Les discussions s'annoncent houleuses et compliquées. En fait l'enjeu est simple : soit le PCF décide de jouer le jeu collectif du Front de gauche en rompant définitivement avec les dérives socialistes, soit le Front de gauche devra se passer de lui. Faute d'engagements dans ce sens, le PCF comme le Front de gauche sont condamnés à mourir, et à laisser à Marine Le Pen un véritable boulevard.