A movie to pay 14€ for
Alors je vous arrête tout de suite. J’entends déjà les « Ouais, le film est même pas sorti, alors sur Pisse-Froid vous téléchargez, c’est pas bien, je vais appeler l’ALPA, HADOPI, le MRAP ».
Figurez-vous que votre serviteur a fait le déplacement jusqu’à Stockholm exprès pour assister à une sortie très avancée et vous proposer ce papier en avant-première et en exclusivité.
Prends ça, calendrier des sorties des maisons de production Studio Canal. C’est vrai qu’il fallait absolument faire de la place pour Hercule ou 22 Jump Street.
À moins que ce ne soit le dernier Besson qui avait besoin de 2 mois de marketing avant d’être rentable (Scarlett, si tu me lis – et que tu lâches ton com -, promis j’irai le voir).
Mon aversion pour ce gadget marketing fera certainement l’objet d’une autre diatribe, mais disons pour faire court que j’étais pas super joisse au moment de sortir ces maudites lunettes de leur emballage recyclable (ouais, on est en Suède : Ikea, la nature, tout ça).
Passons les 20 minutes de pub standards (tiens ? The Equalizer ça a l’air sympa, même si bien resucé de Taken. Ah merde, y’a Canto dans The Salvation. Une bande-annonce ? Mais ça vient de sortir en France ce truc ! Comme quoi le calendrier des sorties a des raisons que je n’ai pas).
Et attardons nous sur les 102 qui vont suivre (bien sûr que ma source c’est Wikipedia/IMDB, what did you expect ? Que j’allais sortir mon chrono ?).
A city qui va pas bien fort
Pour ceux qui débutent en Sin City, sachez que c’est avant tout une expérience cinématographique toute en puissance et en maîtrise.
Ce parti pris graphique du noir et blanc, dont certains plans sont rehaussés d’une couleur primaire ou secondaire, est reconnaissable entre mille.
Tiré du film ou du comic ?
Le recette qui a fait une part du succès du premier film est ici reprise sans fausse note, et le contraste signature du comic de Frank Miller est encore une fois parfaitement retranscrit à l’écran.
Les effets spéciaux ne sont pas en reste et sont toujours mis au service de cette impression que nous avons affaire à un comic animé.
Il en va de même pour la bande son, qui soutient très bien l’action pourtant permanente. Fausse note cependant avec ce thème chanté façon hard rock : ça a le mérite d’être entraînant mais ça m’a aussi bien fait sortir du film.
C’est comme mater un bon porno jusqu’à ce que la fille commence à répéter « Fick mich, fick mich », forcément on débande un peu.
Venons-en à l’histoire maintenant pour commencer à entrevoir les prémices d’un soupçon de désenchantement.
Je dois bien avouer que le scénario, ou plutôt les scénarios (ouh, venez pas me gonfler avec une autre orthographe, ou c’est www.academie-francaise.fr direct) du premier film avaient réussi à me tenir en haleine de bout en bout, avec ce suspense haletant et ces personnages aux destinées se croisant et s’entrecroisant.
Et avaient encore réussi à m’intéresser lors d’un premier revisionnage, puis encore lors de la sortie DVD, puis encore en Blu-Ray une bonne quinzaine de fois (ouais, je suis un psychopathe ET un bon pigeon).
Cette fois, et alors que le film devrait être encore tout frais dans ma mémoire, il m’est difficile de conter une intrigue sortant du lot. Ça tombe bien me direz-vous, au moins vous risquez pas de vous faire spoiler (ah ? J’utilise des anglicismes aberrants dans un texte en parfait français ? Hé ben allez-y donc sur academie-francaise.fr, vous serez surpris).
Mais ça tombe quand même moins bien quand la note du film, elle, tombera. Chaque protagoniste essaie globalement de sauver sa peau, et ça revient généralement à écorcher celle des autres.
A dame to rip some jugulars for
Ce qui est un bon prétexte à l’un des éléments principaux de la Ville du Pêché : la Violence ! Ici, on est servis et bien servis !
Pour les âmes sensibles, sauf une scène vraiment gore (pour les connaisseurs, ça leur rappellera un des rares bons Stallone, Demolition Man), on reste dans le raisonnable du premier opus.
Le côté boucherie chevaline des scènes étant de toute façon largement atténué par le style graphique utilisé. En gros, ça gicle de partout, mais tant que ça ressemble plus à un mauvais bukkake qu’à une baignoire pendant l’Aid al-Kabir, on se délecte plus qu’on est dégoûté des décapitations et autres démembrements quasi-systématiques.
Autre point fort du comic et du premier film : les personnages.
On pourra regretter à raison de ne retrouver qu’une partie des acteurs qui tenaient les seconds rôles en 2005.
Il faut avouer qu’entre le décès de Michael Clarke Duncan et celui de Brittany Murphy, on peut presque parler de malédiction pesant sur le casting.
Mais était-il si compliqué de faire rempiler Devon Aoki pour tenir le rôle de Miho ?
Son remplaçant Josh Brolin lui tient en effet la dragée haute, et campe ce tueur-né balloté entre ses conquêtes amoureuses avec brio.
Retrouver Mickey Rourke et son ersatz de l’Invincible Hulk est également un ravissement pour les oreilles et pour les yeux, surtout lorsque ceux de ses ennemis traversent l’écran de part en part.
On pourra d’ailleurs reprocher l’omniprésence du personnage de Marv dans cette suite, là où le rythme alternant entre les trois personnages principaux était plus équilibré dans le 1.
Quant à Bruce Willis, et sans vouloir trop spoiler le 1 dans lequel il campait le personnage le plus intéressant, on se demande quand même franchement ce qu’il fout à l’affiche cette fois.
A dame to fap to, heu… for
Non, c’est pas tiré du film. Et alors ? ;)
Un mot sur la petite nouvelle, à savoir Eva « cocorico » Green, la fameuse « Dame qui mérite qu’on tue pour elle » (mon Dieu, ne traduisez pas le titre en France, pitié), dont le personnage quelque peu horripilant est très bien soutenu par son talent et… ses harmonieuses formes (instant Closer : sa cellulite aurait été gommée en post-prod. Haaan comment ça bitch trop ici, et non je cite pas mes sources, KESKYA ?! Ah Eva, si tu passes ici, lâche ton com’ et ton 07).
Une qui n’est pas en reste d’un point de vue plastique, c’est Jessica Alba, dans son rôle de Nancy Callahan qui avait déjà mis en ébullition jusqu’à la sphère mormonne il y a 9 ans.
Et dans cet opus, vous allez être servis. Franchement, ils ont dû se faire plaisir au montage. Pour vous, je sortirai le chrono lors de la sortie en Blu-Ray, mais on doit avoir 5 bonnes minutes de « Nancy dance » sur les 102 du film.
Non pas que ça me dérange, loin s’en faut, mais de là à en demander autant. Il y a certainement plus à raconter sur son personnage que son complexe d’Electre (ouh, toi, tu vas apprendre un truc aujourd’hui) et son postérieur.
Ou alors il n’y a vraiment rien de plus, et dans ce cas je la ferme et je profite.
Et le film est déjà fini. Ah mince, moi qui espérais un final tout en soubresauts et en feux d’artifices, voila qu’arrive la fin la plus banale et évidente qui soit, de surcroît très mal amenée par un deus ex machina franchement risible.
Là où le premier film m’avait galvanisé jusqu’à la dernière minute, on retrouve cette fois le concept bateau du « stage de fin ». Je suis même resté après le générique pour voir si on n’allait pas m’en redonner quand même un peu, histoire que je sois tenté d’aller voir un éventuel 3è opus dans 10 ans (non je déconne, évidemment que j’irai).
Et pour que vous n’ayez pas besoin de le faire : non, il n’y a rien après le générique.
Au final, le film respecte son cahier des charges : parti pris graphique sublime, casting prestigieux, bande son énervée, violence à tous les étages, érotisme. Mais quelle paresse comparé à son prédécesseur ! On se repose sur une formule qui marche, et elle marche, alors inutile d’essayer de faire mieux.
A conclusion to give a Pulitzer for
Tous les ingrédients qui ont fait de Frank Miller’s Sin City un chef-d’oeuvre sont là, il y manque juste ce qui en faisait le sel.
Article dédié à Elio Sim « City ».
73% 73 A fait mieux- Image / Son 8
- Acteurs 8
- Scénario 5
- Violence / Sexe 8