Avez-vous déjà essayé de photographier les animaux à la nuit tombée ? D’attendre que le soleil se couche ? De voir ce qui se passe dans la nature quand tout le monde rentre chez soi ? D’écouter les sons de la nature qui reprend ses droits ? C’est une expérience que nous ne prenons plus le temps de vivre, nous, humains entourés de confort. Et c’est bien dommage ! Car nous passons à coté de sentiments et sensations incroyables. Mais aussi parce que photographier les animaux au crépuscule (ou au petit matin) vous permet d’élargir votre créativité et votre champ d’action.
Mais bon. Il ne suffit pas de se dire « ce soir je photographie le lapin (ou le blaireau, ou le renard, ou ce que vous voulez) » pour que ça marche. Vous devez comprendre que la photographie animalière avec peu de lumière obéit à des règles bien particulières !
5 règles que je vous explique ici. Vous verrez, rien de sorcier, mais comme d’habitude, il faut le savoir ! Ne croyez pas que vous pourrez tout trouver tout seul : d’autres sont passés par les mêmes difficultés que vous (moi par exemple !) alors profitez de leur expérience !
Tous les conseils que vous allez lire tirent tous dans le même sens : contrer l’absence de lumière pour permettre au photographe que vous êtes d’obtenir une photo d’animal nette et figée. J’exclue donc ici tout type de réglages visant à réaliser des effets esthétiques.
Vous allez donc apprendre à régler votre appareil pour avoir des animaux nets et figés dans l’action malgré la faible luminosité. Cool !
Conseil 1 : L’ouverture
Quand vous photographiez les animaux en basse lumière (et n’importe quoi d’autre d’ailleurs) la première chose à faire est d’ouvrir le diaphragme le plus possible. Petit rappel : grande ouverture = petit nombre (comme f/4 par exemple). En opérant ainsi, vous laissez entrer dans l’objectif, et donc sur le capteur, un maximum de lumière. Et plus la quantité de lumière entrante est grande, plus votre vitesse d’obturation est élevée (ou le temps d’exposition est court). Ce faisant, l’animal photographié le sera à une vitesse suffisante pour figer son mouvement.
Evidemment, vous êtes limitez physiquement par votre objectif photo ! Regardez ce qui est écrit dessus : si c’est ça f/5.6 alors l’ouverture la plus grande ne pourra pas descendre en dessous de cette valeur … à moins de changer d’objectif !
L’idée à retenir : ouvrez au maximum ! (petit chiffre d’ouverture)
© Régis Moscardini – Un blaireau à la nuit tombante EXIFS : 1/180 – f/5.6 – 800 ISO
Sur cette photo, notez comme les yeux du blaireaux manquent de netteté. Il se grattait et à 1/180, c’était trop juste ! La vitesse n’était pas suffisante.
Conseil 2 : La sensibilité
Malgré votre bonne volonté (et surtout votre grande ouverture), il arrive bien souvent que ça ne suffise pas. Pas d’inquiétudes, il n’y a pas que le diaphragme en photo il y a aussi les ISO ! Et c’est à mon sens le plus grand avantage du numérique sur l’argentique : pouvoir changer de sensibilité à l’infini selon la situation.
Quand les conditions sont top, votre reflex est réglé sur 100 ou 200 ISO n’est-ce pas ? Mais en cas de faible lumière, vous devez monter en sensibilité. Les reflex de dernière génération sont capables d’aller jusqu’à 3200 ISO tout en délivrant des images très correctes. Au-delà, le bruit numérique est trop présent et dégrade la qualité de l’image.
Donc, quand le soleil n’est pas là pour apporter assez de lumière, c’est votre reflex qui va prendre le relais et palier ce manque. Et c’est vous qui lui demandez ça en réglant une sensibilité haute de sorte que la vitesse d’obturation soit suffisante.
Avec votre bouton ou votre molette idoine, augmentez la sensibilité et observez ce qui se passe sur la vitesse … ça devrait augmenter (sinon, envoyez le vitre votre appareil au SAV )
Conseil 3 : Shootez en rafale !
J’ai dit que le numérique avait révolutionné le réglage de la sensibilité. Mais il a aussi radicalement changé notre façon de photographier ! Le coût d’un déclenchement numérique est de 0€ ! Donc ne vous privez pas !
Je fais une petite parenthèse pour vous raconter ma vie :-). J’ai récemment fait l’acquisition d’un 50 mm f/1.8. Je m’amuse comme un petit fou avec ! Je fais du portrait de mes filles à longueur de journée. Et bien vous savez quoi ! Depuis que je me force à faire systématique une série de 3 ou 4 photos en rafales , j’ai observé que j’ai augmenté considérablement mes chances d’avoir une photo sympa ! Oui, c’est vrai que j’ai toujours une tête aux yeux fermés, un sourire pincé, mais j’ai aussi la tête parfaite !
J’en viens donc à la photo animalière en basse lumière : c’est pareil ! En choisissant le mode rafale (et surtout en photographiant en rafale) vous augmenterez vos chances d’avoir une bonne photo nette dans le lot. Pour ma part, je prends une rafale de 3 ou 4 photos. Car n’oubliez pas que derrière il faut aussi trier !
© Régis Moscardini – Avec ces 3 clichés pris en rafale j’augmente mes chances de réussite !
Conseil 4 : Jouez de la correction d’exposition
Je vous livre une astuce que j’ai découvert tout seul (je n’ai pas dit le premier hein ! ). Pour gagner encore un cran de vitesse – car oui, parfois on est au palier de vitesse près et si je peux passer de 1/125 à 1/160, je ne me prive pas – j’effectue une correction d’exposition de -1IL (ou EV).
C’est à dire que je vais demander à l’appareil de faire la mesure d’exposition plus sombre qu’il ne l’aurait fait normalement. Et pour arriver à ce résultat, le reflex, à ambiance lumineuse et à ouverture égale, va augmenter sa vitesse d’obturation pour faire rentrer moins de lumière et avoir une image plus sombre, comme je lui ai demandé !
Donc, oui, mon image sera un peu sous-exposée, mais j’aurais plus de chance d’avoir mon sujet nette ! Et puis, entre nous, un petit coup de Lightroom pour augmenter la luminosité et on en parle plus !
© Régis Moscardini – Pour cette photo j’ai utilisé toutes les astuces de cet article ! Pour avoir une vitesse de … 1/10 !!
Conseil 5 : Dézoomez !
Avez-vous remarqué que sur votre 18-55 mm vendu avec votre reflex l’ouverture maximum étant différente selon la focale utilisée ? A 18 mm vous ouvrez à f/3.2 et à 55mm vous n’ouvrez plus qu’à f/5.6. C’est parce que le zoom « mange » de la lumière ! Je le dit autrement : plus vous avez une grande focale ( 300 mm, 400 mm, 500 mm) plus les lois optiques contraignent l’objectif dans son ouverture. C’est comme ça et vous n’y pouvez rien !
Conclusion : si vous manquez (encore) de vitesse, ne shootez pas à fond de 300 mm mais dézoomez à 200 mm pour gagner un cran d’ouverture. Et puis une photo d’animal au cadrage moins serré, ça a du bon aussi !
© Régis Moscardini – J’ai dézoomé ici pour être à 150 mm et donc pouvoir ouvrir à f/4.5 au lieu de f/5.6 à 300 mm !
Comment savoir que j’ai la bonne vitesse ?
Il y a deux types de flou de bougé :
- le flou de bougé fait par le photographe
- le flou de bougé de l’animal.
Pour éviter le premier, vous devez appliquer cette règle : la vitesse d’obturation doit être au moins égale à la focale utilisée. C’est à dire qu’avec un 70-200 mm à 200 mm, shootez au moins à 1/250. Au 300 mm, cette vitesse ira aussi à condition d’être bien stable (collé contre un tronc par exemple)
Pour ne pas avoir le second type de flou de bougé (celui de l’animal), c’est à dire pour figer l’animal, vous êtes quasi certain d’y parvenir à 1/250.
La vitesse d’1/250 est donc celle à aller chercher. En basse lumière, c’est tout à fait possible d’y parvenir. Il suffit de jouer avec toutes ces astuces !