Ce mois-ci, petite escapade en Suisse, à Martigny. Rien de spécial à dire sur l’expo Renoir à la fondation Gianadda, ce n’est pas ma tasse de thé… Par contre, sur le parvis de l’église, une œuvre du sculpteur vaudois Olivier Estoppey m’a drôlement marquée: « La course au sac ».
Des hommes, enfilés dans des grands sacs, semblent avancer péniblement, par soubresauts, penchés en avant, prêts à chuter à tout moment. Ils sont sculptés grossièrement dans du béton. Chez nous, on appelle ça « la course en sacs » et c’est plutôt une animation de fête populaire. Ici, on y voit une image de la condition humaine…
Ces silhouettes semblent à peine sorties de la matière originelle, ou bien déjà passées au-delà de la mort. En tout cas, leur avancée est pénible. On les croirait dans une série d’épreuves de damnés… Un parcours du combattant. Le côté brut et brutal de cette sculpture monumentale m’a frappée. Bizarre d’ailleurs qu’elle soit acceptée devant une église! L’art de ce sculpteur est violemment expressif. Et cette course, avec son caractère compétitif (c’est une course, ne pas oublier!!) , sa difficulté et sa lenteur (vous avez déjà sautillé les jambes enfermées dans un sac de pommes de terre?), sa taille surhumaine, son matériau volontairement dur et laid, sa couleur grise et sombre en font une tragédie… Tragédie de nos vies…
Olivier Estoppey est un artiste que je découvre. J’ai vu qu’il faisait souvent des installations monumentales, mais aussi, en extérieur, des sculptures d’animaux (loups, poules…), des gravures, des encres sur bâches… Cette idée de sacs daterait déjà de 1999. Il avait réalisé une immense installation, avec sacs de plâtre et, de-ci de-là, des personnages en béton noir. Et la sculpture en question de 2009.