Publié le 29 août 2014 par spacecowboy
0Crimson Dragon : le bâtard de Panzer Dragoon
Crimson Dragon : le bâtard de Panzer Dragoon spacecowboyConclusion : Panzer Dragoon sans grande ambition, mal fini et moins jouable. Mais Panzer Dragoon quand même.
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Le rail shooter a ses héros : Starfox, bien sûr, mais aussi Panzer Dragoon. Avec deux épisodes originels parfaits, la série de Sega a parfaitement exploité le potentiel de ce genre, présumé mineur, sur Saturn. Elle a ensuite monnayé ses services sur Xbox dans le non moins formidable Panzer Dragoon Orta. Aussi bien sur Saturn que sur Xbox, Panzer Dragoon était une grosse production qui relevait un défi à la fois artistique et technique.
Malgré ce constat d’excellence, Panzer Dragoon disparaît des plans de Sega. Les fans se font doucement une raison lorsque le petit studio Grounding Inc., pris sous son aile par Microsoft, entreprend de réaliser un titre fortement inspiré du modèle. Dans l’équipe de développement, quelques noms ayant collaboré autrefois à la série inspirent confiance : l’âme de Panzer Dragoon revit ! Arrivent alors de mauvais présages :
Acte 1 : Ce qui s’appelle encore « Project Draco » est annoncé sur Xbox 360, compatible uniquement avec Kinect.Acte 2 : Celui qui se nomme désormais Crimson Dragon devrait sortir sur Xbox 360, jouable via Kinect ou à la manette.Acte 3 : Crimson Dragon sort finalement au lancement de la Xbox One, jouable à la manette avec quelques fonctions optionnelles via Kinect.Annonces contradictoires et reports génèrent souvent un mauvais buzz : le jeu doit être un désastre et sa sortie est probablement forcée pour éviter une catastrophe industrielle.
Néanmoins, Crimson Dragon profite de l’aura de Panzer Dragoon avec lequel il ne peut cacher sa parenté. Il est toujours question de monter sur le dos d’un dragon, de le diriger sur un rail imaginaire et de cibler les ennemis avant de les rôtir. La formule de base est conservée avec quelques petites adaptations, comme le ciblage au stick droit. La vidéo ci-dessous vous expliquera plus clairement le fonctionnement de la jouabilité.
Sur la colonie Draco, les humains sont parvenus à apprivoiser des dragons. Ils les chevauchent pour explorer la nature fascinante et – on l’imagine – probablement aussi pour faire leurs courses, aller chez mamy le dimanche après-midi, etc. La vie est tranquille sur Draco jusqu’à l’apparition d’un mal mystérieux : la maladie des écailles. Celle-ci touche toute la faune locale qui devient subitement agressive. Les dragonniers font alors cracher le feu purificateur à leur monture tout en essayant de découvrir à qui profite cette maladie étrange.
Le scénario de Crimson Dragon n’est pas un cadre contraignant. Il n’est qu’un fil conducteur reliant les bribes d’histoire contées lors des différentes missions. Une fois débloquées, les missions sont librement accessibles, dans l’ordre que vous voulez et autant de fois que vous le souhaitez. Si le cœur vous en dit, ce système quasiment « arcade » encourage la recherche du meilleur score et du grade le plus élevé.
Chaque mission est « accomplie » lorsque votre dragonnier survit à la fin du niveau ou élimine le boss dans le temps imparti. C’est déjà bien, mais pas suffisant pour obtenir un grade respectable. À cet effet, il faut remplir les conditions associées à chaque portion de niveau : triompher rapidement d’un essaim d’ennemis, récupérer le maximum d’orbes sur un petit parcours ou encore éviter les dégâts. Les prestations intermédiaires attribuent des notes qui, en s’additionnant, donnent votre grade final pour cette mission.
Au-delà de la beauté du geste, le score permet de gagner de l’expérience. Accumulez-la et vous développerez un dragon en pleine forme. Nourrissez aussi votre dragon avec les objets recueillis sur les ennemis. Avec une alimentation saine, votre dragon sera attentif sur les bancs de l’école et apprendra bien ses leçons. Plus il est studieux, plus vous aurez le choix entre les tirs secondaires de différentes styles (bombe, tir de zone, rayon à tête chercheuse, etc.). Remplissez les objectifs secondaires et atteignez des scores élevés, c’est votre dragon qui vous remerciera. Et si votre vie commune avec lui devient un calvaire, vous pourrez échanger votre compagnon à deux ailes contre un dragon tout neuf, plus agile, plus résistant ou plus beau.
Ce n’est pas encore tout pour les récompenses de fin de niveau : trois médailles sont à gagner dans chaque mission. Pour les décrocher, les objectifs sont à nouveau variables et parfois corsés, comme celui qui consiste à terminer un niveau sans l’aide d’un second. Les seconds sont des dragons dont vous obtenez l’assistance en payant une somme rondelette et après avoir atteint un certain stade dans le jeu. Avec l’un d’eux, les niveaux les plus galères se régleront souvent les doigts dans le nez. Hélas pour vous (et heureusement pour l’équilibre du jeu), votre second vous quittera après trois missions, réussies ou pas. Plusieurs types de seconds sont disponibles et, si votre liste d’amis comprend des possesseurs de Xbox One et de Crimson Dragon (une combinaison statistiquement extraordinaire), leur dragon personnel vous proposera également ses services. En termes d’interaction avec de vraies gens, Crimson Dragon permet aussi la coopération en ligne avec deux autres joueurs.
Quand on attend tellement d’un jeu, a fortiori au lancement d’une nouvelle console (dont on attend beaucoup aussi), on a envie de ne voir que ses qualités. C’est humain. Mais, malgré toute ma sympathie pour le jeu, il serait malhonnête d’occulter son manque de finition. Techniquement, Crimson Dragon est au mieux un jeu modeste de la génération précédente, et mal optimisé avec ça ! Les décors et les ennemis ne semblent pas exiger une puissance de calcul phénoménale, et pourtant le jeu rame légèrement voire sévèrement sur Xbox One. Pour obtenir le cocktail du diable, mélangez l’un des nombreux boss (souvent chouettes au demeurant) et votre second qui le canarde : massacre garanti d’images par seconde. Fâcheux, mais pas autant que la caméra qui perd les pédales trop souvent. Son optimisation, toujours bienvenue dans un genre « arcade », fait défaut. Terminons le tableau des réjouissances par la difficulté à manier correctement son dragon (du moins, celui de base) dans les phases de récolte d’orbes.
Des carences, il en a de sérieuses. Mais des qualités, il en a aussi suffisamment. Si vous attendiez depuis longtemps un successeur à Panzer Dragoon, votre sentiment sera double. D’une part, vous regretterez le bon vieux temps où cette licence était ambitieuse, bien finie et novatrice. D’autre part, vous retrouverez une partie de son charme, notamment sur le plan sonore, puisque les musiques ont été composées par l’artiste qui s’est chargée de celles de l’épisode Orta. La vidéo maison ci-dessous s’écoute donc autant qu’elle se regarde.
Crimson Dragon est disponible en téléchargement exclusivement sur Xbox One au prix de 14,99 euros. Jusqu’à la fin du mois d’août, il est offert aux abonnés Xbox Live Gold.