Mon pire cauchemar - 6/10

Un film de Anne Fontaine (2011 - France, Belgique) avec Isabelle Huppert, Benoît Poelvoorde, André Dussollier, Virginie Efira

Sympa.

L'histoire : Agathe est directrice de galerie, snob, riche, autoritaire, psycho-rigide, glaciale. Elle rencontre dans une réunion de parents d'élèves Patrick, chômeur et SDF, vulgaire, grossier, sans gêne, rigolard et alcoolique. Qui s'avère en plus être le père du nouveau meilleur ami de son fils. Le mari d'Agathe, à la recherche d'artisans (jamais libres) pour monter un dressing dans l'appartement, embauche Patrick. Les relations sont houleuses...

Mon avis : Oui, je sais, vous allez râler. Encore une comédie neuneu à la française. Mais, mes petits gars et mes petites filles, je fais avec ce que la télé m'offre ! Et puis ma curiosité légendaire... Et le fait que le film soit d'Anne Fontaine, une réalisatrice que j'aime beaucoup... ça restait tentant.

Et d'ailleurs, dans cette comédie, on voit bien qu'on a une artiste derrière la caméra, pas juste une faiseuse de box-office à la Camping. Je ne vise personne, suivez mon lien. Si le sujet est éculé, il fonctionne, parce que Fontaine a bien compris les points essentiels de la romcom à l'américaine : le contraste absolu entre les deux protagonistes, le truc qui fait rêver (des acteurs vraiment brillants et de l'élégance dans la mise en scène, les décors, les costumes) et de l'humour, du vrai. Il y a beaucoup de gags qui m'ont fait rire et surtout les comédiens sont irrésistibles. Huppert, vous direz ce que vous voudrez, elle a la classe. Avec ses petites rides assumées (quel bonheur, un vrai visage !), elle est rayonnante, et bien sûr aussi crédible en psycho-rigide coincée qu'en petite fille fragile, soudainement amoureuse. Et Benoît, le grand Benoît, nous livre encore une fois une performance entre le clown grotesque et un masque triste bouleversant.

Ceci dit, je n'ai mis que 6. Parce que ce n'est pas Love Actually ni Coup de foudre à Notting Hill, quand même... Je crois qu'en fait le couple, malgré la perfection des acteurs, n'est pas vraiment magique. La romcom marche mieux avec du jeune, beau (belle) gosses, qui ont tout l'avenir devant eux. Ca fait partie du rêve d'imaginer leur future vie et l'incroyable espoir d'un couple qui va durer toute une vie. Là, la perspective est plus limitée : ils n'auront pas d'enfant, ils vieilliront ensemble... mais dans quel état ? Au lieu de rêver, on est dans la dure réalité de la vie ! Le côté "romantique" n'est pas vraiment là. Du coup, j'ai mis le film dans "comédie sentimentale", na. Caramba. Par ailleurs, j'attendais d'Anne Fontaine un peu plus de mordant et des dialogues plus percutants.

Et puis il y a cette petite maladresse du début qui me gêne : comment diable ce chômeur SDF a-t-il pu faire entrer son fils dans un lycée du XVIe ??? Je n'ai pas aimé non plus le vouvoiement des deux personnages jusqu'à la fin. Anne Fontaine explique qu'elle trouvait ça "érotique". Peut-être (encore que..). Mais pas plausible !

Par contre passionnée d'art, j'ai adoré quelques petites piques ironiques sur les dérives du monde littéraire et artistique actuels, mais aussi quelques "justifications" de concepts souvent mal perçus par le public lambda, justifications qui pourtant ne le convaincront pas, si tant qu'il les remarque. Car le propos du film n'est pas là. Mais en tant qu'amatrice, j'ai apprécié quelques répliques très bien vues.

La critique presse n'est pas mauvaise, donne en gros une bonne moyenne. Le public reste plus partagé : certains n'ont toujours pas compris que les comédies romantiques finissent toujours par un mariage et reprochent le côté "attendu", "convenu" du dénouement... N'importe quoi.