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Chroniques manga : 4 lectures de l’été qu’il ne fallait pas rater !

Publié le 29 août 2014 par Paoru

Chroniques manga aout

Pendant que les votes pour le concours photo de l’été battent leur plein (résultats vers le 10 septembre), le chocobo revient de vacances après une multitude de bonnes lectures.  Depuis là sélection de 5 tomes 1 en juillet, j’ai eu l’embarras du choix parmi les bons mangas en cet été 2014. Un article n’y suffira pas et les mois de septembre et octobre s’annoncent des plus riches en chroniques et critiques dans ces colonnes, surtout avec ce qui arrive à la rentrée. Pour commencer, j’avais envie de mettre en avant 4 séries qui m’ont vraiment plu ces dernières semaines, sans thématique précise. Qu’elles prennent leur envol ou s’approchent de leur conclusion, ces séries brillent par leur très bon niveau global et un intérêt tout particulier pour leur scénario ou leur narration / mise en scène. Il s’agit de Ad Astra, Bakuman, Jeux d’enfants et Fate / Zero… Voici donc un mix d’Histoire (on se refait pas, hein !), de shônen qui parle de shônen, d’horror – survival game et enfin de dark-fantasy bien glauque.

C’est donc parti pour ces chroniques, bonne lecture

;)

Ad Astra #2 : veni, vidi mais pas du tout vici

Ad Astra tome 2
J’ai déjà évoqué le premier volume plus tôt dans l’année et je disais, en résumé, que le sujet des guerres puniques au IV & III siècle avant JC était potentiellement passionnant. Depuis, chose amusante, je n’ai pas cessé de croiser des articles et des références à l’Empire romain, de sa genèse à sa chute. Donc pouvoir lire un manga sur la confrontation entre le mythique Hannibal, le barbare de Carthage, et Scipion, le génie militaire romain, avait tout pour plaire. Néanmoins, le premier tome de Ad Astra avait laissé quelques points d’interrogations dans mon avis de lecteur… En effet, l’auteur avouait qu’il s’agissait d’une inspiration plutôt libre, et on sait que les mangakas sont tout aussi capables de respecter l’Histoire que de la détourner totalement. Finalement, c’est dans le camp des fidèles que se situe Mihachi Kagano.

Même si nous ne sommes pas dans le soucis du détail bibliographique d’un Cesare, le mangaka vieille à reprendre et respecter les moments clés de ces batailles aux abords de la Méditerranée, puis il essaye de combler les blancs en sublimant les duels entre les deux armées et leurs chefs respectifs. Si Hannibal est déjà à la tête de plusieurs dizaines milliers d’hommes, Scipion doit se contenter d’observer la déroute des soldats romains, menés par des élites vaniteuses qui prennent de haut les barbares. Une constante dans l’histoire de Rome qui la conduira à sa perte six siècles plus tard, d’ailleurs.

Ce second tome décrit à merveille les batailles clés et balaie donc les doutes sur la crédibilité de l’ouvrage. En bonus pour tous les amoureux des tactiques militaires vous aurez le droit a des explications enrichissantes sur les différents contingents présents et sur les phases de la bataille, qu’il s’agisse du bluff psychologique d’Hannibal avec ses éléphants ou de sa façon de profiter des spécificités géographiques ou météorologiques. C’est passionnant sur le fond et de mieux en mieux sur la forme, et j’ai maintenant hâte de voir comment l’armée romaine va contre-attaquer dans le 3e volume, qui sort le 11 septembre !

Bakuman #19 : une série marquante, mine de rien !

Couverture Bakuman 19
Alors que cette série se rapproche de la fin, je me rends bien compte que les péripéties de Mashiro, Takagi, Niizuma et les autres vont me manquer. Cela fait plus de six ans que Takeshi Obata et Tsugumi Ohba ont revisité à la sauce shônen le quotidien d’une génération d’auteurs du mythique Weekly Shônen Jump. Je ne vais pas vous refaire l’histoire de la série, tout le monde la connait bien, mais plutôt constater que dans ce tome 19 l’empathie avec nos deux héros, qui commencent à toucher leur rêve du bout des doigts, est réelle. Même si Mashiro et Takagi ne sont peut-être pas les meilleurs personnages de la décennie, on ne peut que saluer le talent des deux auteurs pour avoir transmis au lecteur la passion et la hargne de ces derniers dans la poursuite de leur rêve.

Après nous avoir emmené dans les coulisses du magazines de la Shueisha et nous avoir appris pas mal de choses, on lit avec autant de plaisir la conclusion des différentes destinées dans ces derniers volumes qu’il s’agisse des carrières des uns, des histoires d’amours des autres ou de l’amitié qui les lie tous ensemble. Ces histoires, souvent exaltées, sont emplies de pureté et de foi en des idéaux – ce qui peut sans doute déplaire – et ces ingrédients toujours sincères font honneur au genre shônen. Enfin, après autant d’efforts de leur part et autant de temps à lire chaque tome pour nous (1h pour chaque volume, c’est quelque chose !), une alchimie qu’on ne soupçonnait peut-être pas s’est développée et apparaît au grand jour pour le début de cette fin. Beaucoup a déjà été écris sur la série donc je ne m’étends pas plus, et je remercie chaleureusement les deux mangakas pour cette histoire inédite, enrichissante et pleine d’entrain. Et comme je suis resté scotché une bonne minute et avec un large sourire devant cette double page symbolique, je vous la remets pour le plaisir et sans le texte pour ne pas vous spoiler :

© Tsugumi Ohba·Takeshi Obata / SHUEISHA Inc. All rights reserved.

© Tsugumi Ohba·Takeshi Obata / SHUEISHA Inc. All rights reserved.

Jeux d’enfants #4 : les délires ludiques de dieu

jeux-d-enfants,-tome-4
Un autre avant-dernier volume mais pour une histoire beaucoup plus courte et radicalement différente. Ici, je vous le rappelle, il s’agit d’un jeu pour la survie qui a débuté dans tous les lycées du Japon et qui décapite, explose, découpe ou écrase tous les perdants ou absents aux différentes épreuves de la mort proposées par des mystérieux robots / extraterrestres / trucs bizarres et un brin flippant. Le carnage continue dans ce tome 4, qui voit les survivants de chaque lycée du Japon s’affronter pour une ultime série de duel. Avec la fin de l’histoire qui approche, quelques révélations se profilent sur l’identité du soi-disant Dieu qui régente cette valse macabre, ainsi que sur son passé. Un être mystérieux et mystique, lunatique et complètement dans son trip… Ce qui nous vaut d’ailleurs une double-page d’anthologie où l’on peut lire dans une seule et même bulle le nom des 311 « enfants de dieu » qui ont réussit à survivre aux différentes boucheries lycéennes. Idée anecdotique au final, mais qui renforce le coté barré de la série.

Mais c’est surtout pour ses rebondissements et son excellente narration, très dynamique, qu’on prend du plaisir à lire ce titre. Le scénariste, Muneyuki Kaneshiro, continue de mettre en place des jeux inédits toujours loufoques et inspirés de très grand classiques, qu’il revisite dans des versions des plus meurtrières. Dans ce volume, il s’agit d’une Qourse à pied, mélange de course à pied et d’un QCM : le dernier meurt, celui qui répond mal meurt, et si vous vous faites ratraper par la poupée qui vous colle aux basques, vous êtes avalés tout cru. Il faudra quelques cadavres à nos protagonistes afin de comprendre toutes les subtilités du jeux, l’occasion pour l’auteur de s’amuser avec les codes du genre et de découper en morceaux toutes les figures un tant soit peu héroïques.

Car, dans ce manga un peu vicelard qu’est Jeux d’enfants, ce ne sont pas vraiment les gentils propres sur eux qui gagnent : ceux qui ont survécu depuis le premier tome ont tous un coté dérangé et prennent plus ou moins leur pied dans cette compétition des plus risquées. Ces protagonistes sont parfaitement croqués par Akeji Fujimura, dont le dessin d’une apparente banalité dévoile tout son talent dans les scènes d’action trépidantes, avec des jeunes gens qui se transcendent quand ils font face à la mort, le visage parfois déformé par la panique ou l’adrénaline. Sadique et dynamique, Jeux d’enfants reste donc une lecture récréative et fort sympathique !

Fate / Zero : la vraiment très très DARK fantasy

fate-zero-manga-volume-4
Comme je le disais pour Ad Astra, les Japonais sont tout aussi forts pour être fidèle à l’Histoire que pour la détourner, mais encore faut-il que ce soit bien fait et qu’on ne parte pas totalement en sucette. Après Drifters de Kohta Hirano qui reste une référence en la matière, j’évoquais en janvier ma première bonne impression sur Fate / Zero, nouvelle licence Ototo signé par Shinjirô (dessin) et le scénariste bien connu Gen Urobuchi, qui relèvent le gant du melting pot historique à la sauce WTF. Je dis « bonne première impression » car ce seinen qui réinvente la bataille pour le Saint Graal est une adaptation très réussie d’un light novel nippon, qui a gardé toute la profondeur de la version littéraire avec des affrontements prenants, qu’ils se déroulent sur le terrain ou dans les manigances et les manipulations. Avec un excellent chara-design, une transcription réussie des émotions ou des sentiments et une chorégraphie des affrontements facile à suivre et toute en puissance, on prenait donc beaucoup de plaisir à suivre ce titre très bien équilibré entre action, stratégie et psychologie.

Si je vous en RE-parle aujourd’hui c’est parce que, depuis le tome 3, Fate / Zero a pris le parti de s’enfoncer dans le sombre et le glauque avec l’arrivée de nouveaux personnages des plus inquiétants. Le premier est Barbe Bleu, alias Gilles de Rais, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc et héros de la Guerre de Cent Ans, mais surtout l’un des premiers serial killer connus de l’histoire, puisqu’il fut condamné simultanément à la pendaison et au bucher pour la sodomie, le meurtre et autres joyeusetés perpétrées sur au moins 140 enfants. Le mec que l’on inviterait bien à diner quoi, surtout qu’il est doté de pouvoir de mage et capable d’invoquer des esprits démoniaques, afin si besoin de vous découper tout en vous gardant en vie par la magie. Juste pour le fun. Et voilà que le Graal décide de réincarner et confier ce monstre à, je vous le donne en mille, un serial killer. Un duo qui commet donc les pires atrocités dans le tome 3 et qui se retrouve à combattre, dans le 4e, l’héroïne de la saga notre chère Arthur (oui Arthur est une femme ici, mais on s’y fait).

Et comme si cela ne suffisait pas, l’histoire d’un second duo en remet une couche : un mage quasiment immortel mais sur le déclin adopte une jeune fille afin de faire d’elle la future génitrice d’un mage surpuissant qui pourra remporter le Graal. Pour se faire, l’enfant qui à peine 10 ans se retrouve violée de toutes les façons possibles et en continu par des vers magiques, phalliques et immondes, qui ont pour but d’ouvrir les circuits magiques dormant en elle puis de la féconder après des semaines voir des mois entiers de souffrance. L’héritier prévu de cette sinistre famille qui avait pris le large – on le comprend ! – est pris de remords et décide d’arrêter la torture de cette innocente en reprenant sa place d’héritier. Un an plus tard on le retrouve donc en invocateur du fameux Berseker, tentant de remporter le Graal avant que son corps ne lâche. Après tout ce que les vers lui ont fait subir pour en faire un mage, il n’en a plus pour longtemps. Fate / Zero plonge donc dans un univers des plus noirs avec une belle cohorte de sadiques, de fous et de vaniteux, mais également quelques héros dans le sens noble du terme qui apportent une part de lumière bienvenue au récit. Un titre inédit de Dark Fantasy, à ne pas mettre entres toute les mains, mais qui excelle dans tous ses choix et dans leur mise en scène.

Fate Zero  tome 4

Voilà qui clôture cette petite sélection pour amorcer la rentrée bien chargée. Je vous donne d’ailleurs rendez-vous en début de semaine prochaine pour parler un peu de jeu vidéo et de la saga des Tales Of avec Hideo Baba, l’une des rencontres les plus sympathiques de la dernière Japan Expo, avant d’enchaîner avec les résultats du concours photo et le retour d’un concours manga classique, puis une ou deux critiques et une nouvelle sélection spéciale que je muris depuis quelques semaines. Sans oublier que le chocobo va probablement repartir à la rencontre des éditeurs pour une nouvelle salve d’interviews… On ne va pas chômer cet automne, c’est moi qui vous le dit !


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