Les bracelets pour homme : à utiliser avec modération
Pour une raison qui ne laisse pas de m’étonner (encore que), il se trouve que l’un des articles les plus fréquemment consultés de Milanese Special Selection concerne les bracelets pour homme et la manière toute particulière qu’ont les Italiens de les assortir à leur tenue. Alors que l’industrie textile s’est largement emparée du phénomène bracelets et qu’il ne se trouve plus aujourd’hui un seul « créateur » qui ne veuille, lui aussi, créer sa ligne (ligne se réduisant le plus souvent à trois bouts de cordelette colorée retenus par un vague mousqueton en fer-blanc), il serait peut-être temps de calmer le jeu en rappelant quelques vérités d’évidence.
Comme n’importe quel accessoire, un bracelet remplit deux fonctions principales (outre celle liée au plaisir de l’objet en soi) : la première, agrémenter une tenue ; la seconde, permettre à la personne qui le porte de se singulariser. Ce qui appelle au moins deux remarques : s’il n’y a rien à agrémenter, si votre tenue se résume à une paire de jeans et à un t-shirt, même « fitté » (sic), que diable voulez-vous donc agrémenter, et quel est, dans ce cas, l’intérêt d’alourdir votre poignet (sinon, éventuellement, un intérêt « tribal », c’est-à-dire sociologique) ? Deuxième remarque : comment voulez-vous vous singulariser avec des matériaux bas de gamme, des produits fabriqués en grande série, des motifs vus partout, etc. ? Ou alors il vous faudra admettre que vous habiller vous ennuie, et que la mode, souvent, est bien pratique, en ce qu’elle nous libère de la nécessité de réfléchir à notre apparence.
Un sympathique fabricant de bracelets pour homme me demandait il y a peu de l’aider à introduire sa marque en France, tout en m’expliquant que je devais impérativement insister auprès des détaillants français sur le caractère exclusif de ses produits, et surtout, surtout, ne pas chercher à démarches les surf-shops. Pourquoi cette interdiction ? Y avait-il une frontière à protéger ? Je me souviens que dans ma jeunesse, les bracelets en corde (certains fluorescents) avaient la cote. À Biarritz, le magasin Plums en vendait. J’ai bien dû en acheter un ou deux, payés dix francs, quinze francs pièce. Mais ce n’étaient que des bracelets de plage. Rien à voir avec les accessoires branchés d’aujourd’hui…
Par pitié, halte aux ancres de marine et autres têtes de mort ! Halte aussi aux bracelets de force revus à la sauce urbaine !
Stephan Winkelmann porte des bracelets à chaque bras. Que remarque-t-on le plus ? Les bracelets qu’il porte ou l’élégance étudiée de son costume ? Par ailleurs, ses bracelets ne viennent-ils pas en contrepoint de sa montre ? Autre exemple, complémentaire du précédent : un polo, une montre, peu de bracelets (l’accessoire bling-bling étant ici la chose jaune rutilante au premier plan).
(Photos, sources : Desmond & Antonia, Jake’s Rolex world)