A Lavilledieu, en 1861, Hervé Joncour mène une existence paisible. C’est « un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre ». Seul son métier étonne. Car Hervé Joncour achète et vend des vers à soie. Où plutôt des œufs de vers à soie. Pour cela, il doit se rendre dans toute l’Europe mais aussi en Syrie et en Égypte. Seulement, quand une épidémie touche l’ensemble des productions de vers européennes et méditerranéennes, ce drôle de commerçant n’a plus qu’un endroit où aller pour s’approvisionner : le Japon. « Une île faite d’îles », refusant depuis des siècles tout contact avec le continent et l’étranger. Une destination fascinante dont il ne reviendra pas indemne.
Un très beau texte. Raconter une histoire aussi dense avec une telle légèreté et une telle économie de moyens est un tour de force admirable. C’est simple, c’est limpide, je dirais presque « essentiel », tant il n’y a pas un mot de trop dans ce court roman. L’écriture est dépouillée de tout effet trop recherché mais les phrases restent étonnamment musicales (d’ailleurs la qualité du travail de la traductrice est à souligner). Baricco procède par scènes, par séquences. La construction de la narration alterne les phases «d’action » et de « respiration » et le récit coule tout seul, c’est un vrai bonheur de lecture.
Raffinée et élégante, la soie d’Allesandro Baricco a la douceur du miel. Un régal.
Soie d’Allesandro Baricco. Folio, 2001. 142 pages. 6,20 euros.
Une lecture commune que j’ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.